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Le monde est confronté à une triple crise
Publié dans Les ECO le 30 - 11 - 2009

L'énergie est au cœur de toutes activités humaines. Elle est la clé du progrès et de toutes les lumières. Elle libère l'homme et nous ne saurions plus imaginer la vie sans elle. Elle est, tout à la fois, la rançon du succès et elle peut en être le produit. L'énergie est en effet vitale. Sa production, son transport, sa distribution, son financement, sa conservation, son renouvellement, sa transformation, son écologie, sa rareté et donc son efficacité et, enfin, sa mutation, sont des questions permanentes et essentielles pour lesquelles notre fédération ouvre régulièrement le débat. L'énergie est désormais, nous l'avons un peu tard tous compris, au centre de tous les défis qui se posent à l'humanité. Aujourd'hui, depuis cette curieuse et prégnante «sensation» de la crise, le monde a pris connaissance de la fin d'un paradigme et de la nécessité d'en inventer un nouveau. En son temps déjà, Victor Hugo avait prédit que «c'est une triste chose de songer que la nature nous parle et que le genre humain ne l'écoute pas».
Vision globale
Les nouveaux défis énergétiques nous invitent à avoir une vision globale en matière de politique énergétique, d'autant que le contexte actuel au Maroc est marqué par l'initiative de SM le Roi de doter le pays d'une charte nationale de l'environnement et du développement durable. De hautes orientations royales visent ainsi, depuis 2008-2009, à sensibiliser les acteurs politiques et économiques à promouvoir un autre type de développement, durable et respectueux des équilibres écologiques. Ces orientations sont d'autant plus importantes que les risques de changements climatiques à l'échelle de la planète sont bien réels, imputables notamment à l'effet de serre. Aujourd'hui, la notion de «développement durable» fait l'objet d'un large consensus. Ces deux termes se définissent et se complètent mutuellement.
Dysfonctionnements et blocages
Le développement sans respect de l'environnement engendre des déséquilibres, des dysfonctionnements et des blocages qui, tôt ou tard, remettront en cause le développement durable. Néanmoins, se préoccuper de l'environnement, en oubliant le développement, n'est pas envisageable. En effet, il s'avère que sans développement, les inégalités tant sociales que territoriales s'aggravent. Ainsi, Sa Majesté le Roi que Dieu l'assiste a, instamment, invité à la recherche de points d'équilibre nouveaux entre ces notions de développement et de durabilité. Le monde d'aujourd'hui est confronté à une triple crise. D'abord, une Crise de Capacité, car l'existant ne peut pas couvrir les besoins compte tenu des facteurs exogènes, qu'ils soient techniques, politiques ou météorologiques. Ensuite, une Crise Climatique, parce que les tendances actuelles de consommation et de production d'énergie se traduisent par des émissions de gaz à effet de serre qui seraient en 2050, c'est-à-dire dans 40 ans, cinq fois supérieures à ce que la Communauté des scientifiques juge acceptable. En 2008, les émissions de C02 se sont élevées à 31,6 milliards de tonnes, résultant de l'utilisation des combustibles fossiles et de la production des ciments.
Enfin, par une Crise Economique provoquée par une instabilité des prix des énergies contribuant au ralentissement de l'activité dans le monde et plongeant les pays les plus pauvres dans le désespoir. Cependant, les nouveaux défis ne sont pas strictement liés à la hausse du prix du pétrole ou à l'épuisement des réserves d'hydrocarbures, mais bien davantage au changement climatique. En effet, le réchauffement climatique est une réalité prouvée, reconnue. Il serait très coûteux pour l'économie mondiale. Il ne serait plus possible de l'ignorer. Aujourd'hui, dans le monde occidental, un citoyen des Etats-Unis consomme chaque année huit tonnes équivalent pétrole. En Asie, un citoyen chinois consomme moins d'une tonne équivalent pétrole par an, et il veut davantage de croissance économique et davantage de richesse. Si les chinois étaient, aujourd'hui, équipés en voiture comme le sont les Européens (230 millions de voitures), ils posséderaient 700 millions de voitures consommant la totalité de la production de pétrole du Moyen-Orient (60% de la production mondiale). Ainsi, d'une part, des millions de personnes ont besoin d'augmenter leur consommation d'énergie pour alimenter leur développement économique ; d'autre part, il faut réduire les émissions de gaz à effet de serre pour que la planète soit propre et acceptable pour les générations futures. Tout le défi de notre siècle est là. Il sera de fournir assez de nourriture, d'eau, d'énergie sans aggraver les dommages environnementaux : voilà donc la signification de l'expression «développement durable». L'humanité sera, dés lors, dans l'obligation de gérer attentivement et raisonnablement un bien public, le climat qui appartient collectivement aux citoyens du Monde. Citons ici le grand Mahatma Ghandi qui déclarait que «le monde contient bien assez pour les besoins de chacun, mais pas assez pour la cupidité de tous». En ce sens, des actions devront être entreprises à divers niveaux : Au niveau mondial, où le contrôle de changement climatique devra être érigé en priorité planétaire. Au niveau national où les politiques énergétiques doivent désormais intégrer le changement climatique, bien qu'au Maroc, en raison des attentes et des frustrations d'une grande couche de la population, la priorité restera à la croissance économique, notre pays étant un émetteur marginal de gaz à effet de serre au niveau mondial.
Maîtriser la demande
Par ailleurs, des prix plus élevés pour l'énergie sont de nature à maîtriser la demande, à encourager l'efficacité énergétique, à réduire les émissions et la pollution. Pour faire face aux nouveaux défis de l'énergie, la technologie jouera un rôle essentiel pour la construction d'un avenir énergétique soutenable. Des innovations pourraient changer radicalement l'organisation des systèmes électriques si, par exemple, était enfin mise au point une technologie pour stocker l'électricité. Enfin, l'énergie nucléaire et les énergies renouvelables (éolien & solaire) peuvent apporter une contribution significative à l'approvisionnement en énergie dans des conditions économiques et environnementales plus acceptables.
Un impératif de la diversité
L'efficacité énergétique et l'impératif de la diversité occupent déjà une place centrale dans la politique nationale de l'énergie. Il est urgent et important, pour la gestion de la planète, d'inventer de nouvelles formes de régulation mondiale, et c'est dans le cadre des Nations Unies que la régulation planétaire devra être organisée, parce que la crise de l'environnement est plus grave que les crises financières. Si l'on peut contenir et canaliser ces dernières et rebondir quelques mois plus tard, malheureusement, on ne se remet pas de la crise de la nature lorsqu'elle atteint des degrés de non retour. Les défis auxquels la question énergétique nous invite à réfléchir et à relever exigent que se développent des échanges et une coopération d'un type nouveau. C'est à cela qu'en appelant à cette conférence nous invitons et entendons prendre notre modeste part. «Une nouvelle manière de penser est nécessaire si l'humanité veut survivre», Albert Einstein.


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