Une gestion urbaine efficiente passe par le développement économique de l'Afrique, ont souligné samedi les participants à un panel tenu à l'occasion du Forum Crans Montana, qui se tient à Dakhla du 15 au 20 mars. La coopération Sud-Sud, thème principal du Crans Montana Forum de Dakhla, implique forcément un échange d'expertise entre les différents partenaires, africains principalement. Et avec le boom démographique que connaît le continent, l'urbanisme et la gestion des grandes métropoles sont devenus des enjeux incontournables dans la conception de l'Afrique de demain. En effet, avec un taux de croissance économique annuel d'environ 5%, ces dix dernières années, les villes africaines ont vu leur croissance démographique atteindre des sommets, confrontant les gouvernements à une multitude de défis en matière de développement. «L'Afrique s'urbanise à un taux de 4% par an», indique Alioune Badiane, ancien directeur régional Afrique pour ONU-Habitat, l'agence des Nations Unies chargée d'aider les programmes nationaux d'établissements humains en apportant une assistance technique et financière, notamment dans les pays en développement. Et d'ajouter : «L'exode rural des populations entraîne un certain nombre de difficultés, comme la surpopulation, la pollution et la criminalité. Néanmoins, d'aucuns considèrent qu'il s'agit d'un facteur de croissance inexploité». Selon les analystes d'Oxford Economics, ces 15 prochaines années, les villes africaines afficheront des taux de croissance supérieurs à ceux des autres régions du monde. C'est ainsi que les décideurs du continent doivent tabler sur des villes durables, donc des agglomérations capables de résister à la pression intense exercée par un développement rapide et des investissements urbains, sans effets négatifs sur l'environnement. La croissance économique et une population d'environ 1 milliard de personnes et en expansion rapide signifient davantage d'urbanisation en Afrique que sur n'importe quel autre continent. En outre, les principales villes africaines contribuent actuellement au PIB du continent à hauteur de 700 milliards de dollars, un chiffre qui devrait atteindre 1,7 billion d'ici à 2030, note Oxford Economics. Selon ONU-Habitat, l'urbanisation rapide, surtout dans les villes des pays en développement, pose des défis en matière de répartition des personnes et des ressources, ainsi que d'utilisation des sols, ce qui conduit à des modes inefficaces d'utilisation des sols. Les villes qui se développent horizontalement font difficilement face à l'augmentation de la population urbaine et risquent de ne pas être durables à long terme, en raison des problèmes d'embouteillages, d'infrastructures, de pollution et de désagrégation sociale. La hausse de l'exode rural peut aggraver la pauvreté et les inégalités à mesure que les personnes affluent vers les villes à la recherche d'un emploi et d'opportunités, mettant à rude épreuve les services disponibles tels que l'eau, le transport et le ramassage des ordures. L'urbanisation, en particulier dans les pays en développement, s'est accompagnée de niveaux accrus de criminalité, de violence et d'anarchie. Des études mondiales montrent que 60% de tous les résidents urbains des pays en développement ont été victimes de crimes au moins une fois au cours des cinq dernières années, dont 70% en Amérique latine et en Afrique, les femmes et les enfants sont souvent les plus touchés, surtout quand la peur les empêche d'accéder aux services de base de la ville. La criminalité et l'insécurité en ville freinent le développement social et économique urbain, en plus de compromettre les opportunités et les politiques favorables aux pauvres en milieu urbain. Ainsi, plusieurs intervenants proposent de faire du Maroc une locomotive en la matière. Le projet de Mehdia Sustainable City, «Mehdia ville durable», préfigure en effet ce que pourrait être la ville de demain. Une cité à la pointe de l'innovation, bénéficiant des technologies vertes les plus avancées en matière d'optimisation énergétique et d'écoconstruction. Les promoteurs s'engagent sur un montant global d'investissement de 2,5 milliards de dollars ! Ce projet s'inscrit dans la continuité des engagements climatiques pris par le Maroc. Porté par International Investment Group (IIG), ce programme titanesque sera basé à 5 km de la station balnéaire de Mehdia (non loin du chef-lieu du Gharb, Kénitra)... La cité va s'étendre sur 8 kilomètres (front de mer), sur une superficie de près de 400 hectares.