Les investissements mondiaux dans les «fintechs», ces jeunes sociétés innovantes de la finance ont progressé de 24% sur un an en 2017, selon une étude publiée par le cabinet KPMG. L'an dernier, quelque 31 milliards de dollars ont été investis dans ces jeunes pousses, un montant en progression par rapport aux 25 milliards de 2016 mais en dessous du record de 2015 avec 47 milliards, détaille KPMG dans cette étude nommée «The pulse of Fintech». À l'échelle mondiale, «il est clair que même si le volume des transactions est ressorti en dessous du record constaté en 2015, le montant des opérations reste plus que robuste (...), ce qui signale que le marché des fintechs continue d'être travaillé par d'importantes forces de consolidation et d'innovation», estime KPMG dans l'étude. Au départ, les «fintech», comme toutes les autres startups, n'ont fait de l'œil qu'aux fonds de capital-risque mais très vite les groupes bancaires et financiers ont vu en elles des concurrents autant que des leviers d'innovation. Au jeu de l'investissement le plus juteux, ces jeunes pousses ont le vent en poupe et menacent même des géants dans leur pré carré. En effet, ces startups de la finance vont chasser dans les activités des banques, du financement et des placements. Elles offrent des services aussi bien au grand public qu'aux professionnels. Au niveau du grand public, il peut s'agir de banques sans réseau, de financement participatif, de cagnottes en ligne, de comparateurs d'assurances, d'agrégateurs de comptes en banque. Pour les professionnels, cela concerne le prêt participatif, le crowdlending, la blockchain, l'analyse financière, la gestion de données...(voir graphe). En somme, ce sont 1.134 deals qui ont été conclus en 2017 après 1.076 en 2016. Deals qui se sont traduits par des fusions, des rachats, des acquisitions par emprunt (LBO) ou des prises de participations minoritaires. Les 10 transactions les plus importantes réalisées en 2017 ont représenté 5,3 milliards de dollars, soit 17% des fonds mondiaux investis dans ces jeunes pousses. Les fintechs du secteur «paiements & transactions» arrivent en tête du top 10 des méga-deals, en nombre (4 fintechs du top 10) et en volume (31%). Les «Insurtech» suivent. Ce secteur dédié à l'assurance continue sa progression sur les levées de fonds en capital-risque en nombre de deals avec 247 deals en 2017 (croissance de 19,3% vs 2016) ; en fonds levés avec 2,1 milliards de dollars en 2017 (croissance de 18,7% vs 2016). La Blockchain, - technologie utilisée par nombre de monnaies virtuelles comme le bitcoin et souvent vue comme une puissante rupture technologique - connaît une accélération des levées de fonds en capital-risque avec un record historique de 92 deals en 2017 (croissance de 28% vs 2016) et un record de 512 millions de dollars de fonds levés en 2017 (croissance de 65% vs 2016). Concernant les sociétés de prêts en ligne, 2017 confirme la nouvelle maturité du secteur via 144 deals. Celles-ci ont reçu des financements en hausse de 11%. Le secteur des «Regtechs», - entreprises qui proposent des solutions technologiques pour répondre aux contraintes réglementaires -, est lui aussi en «forte croissance», ce qui reflète «le besoin de conformité et d'efficacité» dans le domaine, précise KPMG. Pour 2018, l'étude «Pulse of Fintech» a fait une série de prévisions. Le cabinet prédit que l'intelligence artificielle devrait s'accélérer cette année pour être considérée comme une technologie sous-jacente. Une augmentation des investissements dans Regtechs sera observée dans le monde entier. L'essor de la technologie et des plateformes hypothécaires en ligne devrait faire émerger des prêts numériques de nouvelle génération. L'initiation des systèmes de production blockchain devraient donner leurs premiers fruits cette année. L'innovation Insurtech, de son côté, connaîtra également une accélération des investissements dédiés. Les analyses préconisent, entre autres, une plus grande collaboration entre les fournisseurs à grande échelle, soit plus de partenariats entre fintechs et corporates. Du coup, les banques conventionnelles pourraient créer leurs propres banques numériques. Pour Fabrice Odent, associé KPMG, responsable du secteur banque : «L'année 2018 devrait confirmer la progression constatée en 2017 ; à la fois en termes de maturité des fintechs établies et en poursuite de création de valeur sur des sujets plus nouveaux tels que l'IA, la blockchain ou les regtechs». 3 fintechs africaines dans le top 100 Dans une étude antécédente, KPMG avait effectué un classement géographique des 100 premières «fintech» rassemblant ainsi des entreprises de 29 pays. En dehors des Etats-Unis, l'Australie, la Chine et le Royaume-Uni qui comptent respectivement 19, 10, 9 et 8 fintech d'envergure, aucun pays n'émerge spécifiquement. Le phénomène est global. En Afrique, 2 fintechs nigériennes (Flutterwave et Riby) se font remarquer dans ce top 100, aux côtés d'une insurtech kenyane (GrassRoots bima).