La grand-messe de l'univers digital en Afrique s'est ouverte jeudi 22 février à Casablanca pour sa quatrième édition. Durant deux jours, des milliers d'opérateurs vont échanger sur les enjeux et les défis de la transformation digitale des entreprises en Afrique. Devant plus de mille invités, deux danseurs africains s'en donnent à cœur joie avec des gestes bien précis dans la mythique salle de conférence de l'hôtel Hyatt regency réservée aux grands événements. Une danse typique de la culture africaine, le «GLO», où l'on s'amuse jusqu'à l'épuisement. Le spectacle, qui a priori n'a rien à voir avec le digital, repose pourtant sur un symbole fort : une Afrique qui bouge, se transforme et qui se digitalise. Il n'y a pas de place pour le hasard. Pour l'African digital summit (ADS) qui se tient jusqu'à vendredi 23 févier, le décor est vite planté. Organisée par le Groupement des annonceurs du Maroc (GAM), la rencontre était prometteuse. Des échanges et des challenges «entre 1.600 opérateurs» de la technologie venus du monde entier étaient au programme. De quoi ravir Mounir Jazouli, président du GAM. «Nous recevons cette année 30 pays dont 18 africains», a-t-il indiqué pour donner le coup d'envoi de cette 4e édition. Au menu, des thèmes d'actualité en phase avec le développement du digital en Afrique, notamment la neutralité du net, le futur des études marketing, les télés à l'ère du digital, l'internet des objets, l'intelligence artificielle. D'autres thèmes, notamment la e-réputation, la relation entre startups et marques, les Account-Based Marketing et la recherche vocale ont été abordés par les 40 speakers invités à ce sommet continental. Faire face aux lobbies anti-changement Axant son intervention sur l'un des sujets les plus à la mode, la reconnaissance automatique vocale notamment, Amine Bentahar, directeur de l'exploitation et du numérique d'Advantix digital, a indiqué que la recherche vocale est l'une des composantes essentielles de l'avenir de l'intelligence artificielle. Un avis que partage un autre adepte du «tout-Internet», Mounir Jazouli. Selon le président du GAM, non seulement la dictée numérique représente un avantage énorme pour les entreprises dans la mesure où elle diminue considérablement les tâches et les charges de travail, notamment le traitement des documents mais également, c'est une véritable aubaine pour les pays africains, lesquels restent caractérisés par un niveau élevé d'analphabétisme des populations adultes. Une autre rampe de lancement du développement du digital en Afrique est la vidéo. À l'heure actuelle, les consommateurs africains sont passifs et sur le continent, on produit peu avec une qualité médiocre. Résultat, la production vidéo demeure un véritable challenge pour les entreprises africaines. Or, l'industrie de la conception et de la réalisation des œuvres audiovisuelles représente une plus-value pour ces dernières en ce sens que le support vidéo provoque des actions et des émotions auprès du public cible des entreprises. De plus, selon toujours nos interlocuteurs, de manière beaucoup plus générale, le digital est une grande chance pour les entreprises africaines pour rattraper leur retard sur la révolution industrielle. Tous les bons ingrédients, notamment les taux d'équipements et le mobile banking, sont réunis. Il y a un énorme potentiel qui peut permettre à l'Afrique de mener sa véritable révolution industrielle 4.O, explique-t-on. De toute façon, indique Mounir Jazouli, «nous sommes obligés de nous adapter à la transformation digitale». Abordant les défis auxquels les entreprises africaines sont appelées à faire face, notamment en matière de transformation digitale, le patron des annonceurs marocains insiste sur la nécessité de mettre en place «une véritable conduite du changement. Un élément incontournable que ce soit pour les entreprises, ONG ou pays», a-t-il dit, tout en ajoutant qu'il faut conjuguer les efforts pour réussir cette transformation, laquelle est devenue aujourd'hui une cible pour les lobbies anti-changement que ce soit au Maroc au ailleurs. Chiffres clés Près d'un annonceur sur deux prévoit de recruter des ressources dans le digital 75% des annonceurs disposent de ressources affectées au digital 74% des stratégies digitales sont dictées par le siège régional/ international 81% des annonceurs ont une stratégie digitale formalisée La Bancassurance est le secteur d'activité le plus représenté