Expliquer les enjeux de la réforme du marché de change et vulgariser les instruments de couverture contre le risque de fluctuation des devises, tel est l'objectif de la rencontre d'information tenue conjointement - il y a encore quelques jours- par la CGEM, Bank Al Maghrib et l'Office des Changes, et ce au profit d'opérateurs économiques locaux. Cette rencontre, a été l'occasion pour les différentes autorités d'expliquer les différents changements que connaît actuellement le marché de change ainsi que les objectifs attendus. Ceci dit, la réforme de la flexibilité des changes, mise en œuvre, lundi 15 janvier, avec l'élargissement de la bande de fluctuation du dirham à plus ou moins 2,5% continue de susciter les inquiétudes des opérateurs économiques. L'occasion aussi pour cette rencontre d'informer les acteurs économiques des différents aspects inhérents à cette réforme, ainsi que des mesures entreprises par les différentes parties concernées par l'aboutissement de ce chantier. Certes, mais il s'avère qu'il faudra beaucoup de pédagogie envers le public et les opérateurs pour qu'ils assimilent la réforme. La bande de fluctuation actuelle du dirham (+/- 2,5%) demeure faible pour peser sur l'économie. Pour ces experts, la flexibilisation n'est autre que le transfert des réserves internationales de la Banque Centrale vers les banques suivant une bande de +/-2,5%. En d'autres termes, c'est BAM qui déterminera la valeur du dirham à l'intérieur de cette fourchette dans laquelle le dirham peut évoluer. En effet, la Banque centrale a mis en place un marché efficient de devises pour s'assurer que ses acteurs (les banques et les intermédiaires financiers), y soient en concurrence tant pour l'achat que pour la vente des devises. sur un marché interbancaire de devises, aucune salle des marchés ne peut être seule à fixer un prix. La Banque centrale intervient sur ce marché à son initiative à travers des opérations d'achat ou de vente de devise contre dirham par voie d'adjudication Mais la crainte des opérateurs demeure dans le fait que l'impact d'un dirham plus volatil sur le pouvoir d'achat des ménages sera plus avéré. Or du côté des experts, le ton est rassurant. Cette réforme a pour objectif de renforcer la résilience de l'économie nationale aux chocs exogènes, de soutenir sa compétitivité et d'améliorer son niveau de croissance. Il faut dire que le Maroc rumine encore la mauvaise expérience des années 80 où un choc exogène a fait dévaluer le dirham de plus de 37%. Du coup, la réforme promet d'accompagner les mutations structurelles qu'a connues l'économie marocaine durant ces dernières années, notamment en termes de diversification, d'ouverture et d'intégration dans l'économie mondiale. L'objectif est de plus en plus clair : Intégrer l'économie marocaine dans une économie mondiale qui avance à grands pas..Cette ouverture du Maroc permet à Bank Al-Maghrib d'intervenir également à travers d'autres instruments tels que les achats ou ventes de devises contre le dirham de gré à gré, les prêts et emprunts de devises ainsi que les swaps de change de devises. Pour se prémunir contre les risques de change, les banques proposent une large gamme d'instruments de couverture adaptés aux besoins de chaque client. Reste à préciser que la bande de fluctuation du dirham est appelée à s'élargir à court terme au-delà de 2,5% de part et d'autre avant de déboucher sur un régime de change flottant. Un processus qui devrait durer une quinzaine d'années comme est ressorti du benchmark effectué par les autorités. Le Maroc s'inspire ainsi des pays comme le Cili, la Pologne, ou encore la Hongrie. De son côté, l'Office des changes, qui vient de publier sa nouvelle circulaire, tient à préciser qu'elle est présente pour l'accompagnement des entreprises, dans leurs démarches d'exportation ou d'importation et ce en mettant en place une division dédiée aux usagers et qui sera chargée de répondre à leurs attentes les plus urgentes. Autre particularité, la couverture dont la durée correspond à son «sous-jacent», comprenez aucune limitation de couverture (contre 1 an auparavant). L'Office des Changes précise pourtant qu'il faut aussi bien connaître le cycle de sa production afin d'établir des prévisions sur lesquelles devrait se baser la couverture. A cela s'ajoute, le champ de la couverture des risques qui aurait été élargi suite à la nouvelle réforme. D'ailleurs, suivant les nouvelles facilités prévues dans la circulaire de l'Office des Changes, les opérations de couverture contre les risques de fluctuation des prix des produits de base peuvent porter sur le prix des produits exportés, importés, mais également importés et stockés. Une nouveauté qui permet d'éviter de revivre l'expérience de Samir, lors de la baisse vertigineuse du prix du baril, et qui aurait en partie entrainé la chute du raffineur.