Avec le recul, 38% des 789 internautes qui ont répondu au sondage en ligne de Flm ont considéré que le nouveau régime de change est une bonne chose. À l'inverse, 62% paraissent opposés à cette réforme qui a injecté plus de flexibilité dans la cotation du dirham. C'est le 12 janvier que le ministère de l'Economie et des finances, après avis de Bank Al-Maghrib, a décidé d'adopter un nouveau régime de change où la parité du dirham est déterminée à l'intérieur d'une bande de fluctuation de ±2,5%, contre ±0,3% actuellement, par rapport à un cours central fixé par Bank Al-Maghrib sur la base d'un panier de devises composé de l'euro et du dollar à hauteur respectivement de 60% et 40%. Aussi, dans le cadre de ce nouveau régime, Bank Al-Maghrib continuera d'intervenir sur le marché des changes en vue d'assurer sa liquidité. D'ailleurs, la Banque centrale garde la main sur le marché notamment avec la possibilité de surseoir la fixation des cours de change en cas de survenance d'un évènement majeur. Selon les données officielles, l'évolution du taux de change du dirham depuis le 15 janvier 2018 est restée stable à l'intérieur de l'ancienne bande de ±0,3%. En particulier, entre le 12 et le 25 janvier 2018 et sous l'effet principalement de l'appréciation de 2,4% de l'euro face au dollar, le taux de change du dirham s'est apprécié de 1,2% vis-à-vis du dollar contre une dépréciation de 1,1% par rapport à l'euro. Ainsi ceux qui sont favorables à cette réforme pensent certainement qu'il vaut mieux s'ouvrir à la flexibilité sans pression surtout que les simulations effectuées par Bank Al-Maghrib et le ministère de l'Economie et des finances sur la base des données disponibles et de l'hypothèse d'une dépréciation maximale de 2,5% du dirham montrent que l'effet sur la croissance serait positif en 2018 (+0,2 point) et que l'impact sur l'inflation serait de +0,4 point à 1,9%. Aussi, implicitement, même si nous en sommes très loin, il vaut mieux tout faire pour éviter un ajustement structurel bis, devant la persistance d'un déficit commercial important. Par ailleurs, en cas de gros choc externe, une dépréciation progressive dictée par le marché vaut mieux qu'une dévaluation brutale. Les détracteurs de cette réforme craignent que la formulation moins politiquement correcte de la réforme du régime de change comme instrument de compétitivité et d'amélioration du niveau de croissance signifie certainement une dépréciation du dirham pour freiner les importations, stimuler les exportations, favoriser les dépenses des MRE au Maroc et encourager le tourisme. De plus, l'effet inflationniste n'est pas neutre car selon le HCP, le taux de pénétration observé pour l'import au Maroc est de l'ordre de 41%, ce qui dépasse largement celui des pays émergents se situant en moyenne à 25%. Notons enfin qu'un instrument est à suivre pour la tendance à terme du dirham. C'est le cours de la monnaie nationale sur le marché parallèle car dans les pays qui ont vu leurs monnaies sous pression, l'informel donnait déjà le ton. Farid Mezouar DG de FL Market Les Inspirations ECO : Pourquoi tant d'effervescence pour une bande de fluctuation de 2,5% ? Farid Mezouar : Personnellement, je pense que pour beaucoup d'observateurs comme moi, il ne s'agit que d'une première étape consistant en l'élargissement des marges de fluctuation pour tester la réactivité du marché. Par la suite et en fonction des conclusions, il sera certainement procédé à une augmentation graduelle du poids du marché dans la détermination du prix du dirham avant d'aboutir le cas échéant à une libéralisation intégrale. Surtout, en cas de forte pression acheteuse des devises sur le marché interne, BAM sera obligé d'en tenir compte. Comment réagir en Bourse ? Indépendamment de la réforme actée par les pouvoirs publics, le déficit structurel courant de près de 4% pose la question de la soutenabilité du modèle économique et donc de la valeur du Dirham. Ainsi, la protection de l'épargne longue passe par des actifs réels comme les actions et l'immobilier. De plus, actuellement, la Bourse de Casablanca offre la possibilité d'investir dans des exportateurs ou dans des sociétés bien implantées à l'international. l