La gestion de la politique migratoire africaine et l'élection du Maroc au Conseil de paix et de sécurité de l'UA sont les principaux acquis de la diplomatie marocaine depuis le retour du royaume dans l'instance continentale. Lentement, mais sûrement. Un an après son retour à l'Union africaine, le Maroc commence à tisser sa toile au sein de l'instance panafricaine. Son élection en tant que membre pour deux ans, du Conseil de paix et sécurité de l'Union africaine, à l'occasion du 30e sommet de l'organisation continentale, est pour le royaume, la meilleure façon de célébrer le premier anniversaire de ses retrouvailles avec la famille africaine. Seul candidat de l'Afrique du Nord, le Maroc a été élu par 39 voix. Pour le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, l'arrivée du royaume dans ce conseil composé de 15 pays, permettra à Rabat de partager son expérience dans le domaine du maintien de la paix, mais pas que : «Être présent dans cet organe permettrait de faire obstacle à toutes les manipulations et de contrer toutes les stratégies qui visaient pendant toutes ces années à manipuler cet organe et à l'instrumentaliser par rapport à des agendas bien connus de certaines parties», notifie Bourita. Cet organe, intimement lié à la Commission de paix et de sécurité dirigée par l'Algérie, en la personne de Smaïl Chergui, est considéré par Rabat comme un véritable instrument contre ses intérêts. Il reste à savoir comment le Maroc compte s'y imposer tout en militant pour une meilleure affirmation de cette instance qui peine encore à placer l'UA en première ligne sur les principaux dossiers de sécurité sur le continent. Agenda africain Depuis son retour à l'UA, le royaume s'est mis au diapason des grands enjeux continentaux. Presque chaque mois, des officiels marocains ont eu à participer à des rencontres organisées sous l'égide de l'UA. Qu'il s'agisse des négociations sur la Zone de libre-échange continentale (ZLEC), du développement de l'agriculture africaine, de la justice ou de l'environnement, les responsables marocains apprennent à se familiariser avec les grands dossiers de l'Union africaine. D'ailleurs, le royaume, qui est chargé de coordonner les positions africaines sur les questions migratoires, a organisé en début janvier à Rabat, une rencontre ministérielle sur la politique migratoire. En même temps, le royaume se met à jour vis-à-vis de l'arsenal juridique de l'UA. Plusieurs textes de l'instance continentale ont ainsi été ratifiés et publiés au Bulletin officiel. La nomination de Mohcine Jazouli à la tête du nouveau poste de ministre délégué en charge de la Coopération africaine permettra, à présent, de donner une nouvelle impulsion à la politique continentale du Maroc. Ali Bongo Ondimba Président de la République gabonaise Le Maroc est très engagé dans la lutte contre les changements climatiques. L'organisation réussie de la COP22, à Marrakech et l'initiative de la première édition de l'Africa Action Summit, ont joué un rôle très important». Nasser Bourita ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale Être présent dans cet organe [Conseil de paix et sécurité de l'UA] permettrait de faire obstacle à toutes les manipulations et de contrer toutes les stratégies qui visaient pendant toutes ces années à manipuler cet organe et à l'instrumentaliser par rapport à des agendas bien connus de certaines parties». Alain Aimé Nyamitwe ministre burundais des Affaires étrangères L'engagement du royaume en faveur des causes humanitaires et du maintien de la paix en Afrique suscite l'admiration et s'illustre en particulier lors des visites du roi Mohammed VI dans les pays du continent». Addis-Abeba : El Othmani en tête de file La délégation marocaine au 30e sommet de l'UA est conduite par le chef de gouvernement. L'occasion pour Saad Eddine El Othmani de lire un discours du roi Mohammed VI consacré à la politique migratoire africaine, dont le Maroc est chargé d'assurer la coordination. En plus des entretiens bilatéraux, El Othmani a pris part, lors de ce sommet, à une réunion du Comité des chefs d'Etat et de gouvernement sur les changements climatiques (CAHOSCC). La réunion a été l'occasion de mettre le point sur les actions entreprises et les mesures à entreprendre pour juguler l'impact des changements climatiques en Afrique. Pour El Othmani, le Maroc joue un rôle de premier plan dans les questions inscrites à l'ordre du jour de ce 30e sommet, en qualifiant d'«effective et efficace», la participation du royaume à ce rendez-vous, et en notant que le Maroc «a son mot à dire» à propos de toutes les questions posées sur la table des chefs d'Etat et de gouvernement africains.