Au moment où le mouvement de contestation des explorations prévues au large de Tarfaya se poursuit, le groupe pétrolier italien reste confiant quant au potentiel du site. La grogne contre les explorations pétrolières que compte mener le groupe italien ENI au profit des autorités marocaines, à Tarfaya, ne faiblit pas. Après le coup de gueule du gouvernement local et ses menaces, les instances européennes sont appelées à la rescousse. Pour freiner l'élan du prochain chantier, un eurodéputé espagnol a pris l'initiative de saisir la Commission européenne. L'euro-socialiste Lopez Aguilar, originaire de l'archipel, a exhorté l'Union européenne et son intervention auprès de la major italienne, ENI. Le membre du Parlement communautaire a exigé que la compagnie pétrolière dévoile le contenu du protocole d'acquisition des permis d'exploration à Tarfaya Offshore. De surcroît, l'eurodéputé a appelé Bruxelles à se pencher sur la conformité des licences concédées au droit international. Aguilar estime que cette zone maritime, de grande valeur environnementale, renferme une grande variété d'espèces marines et de diversité biologique, et devrait par conséquent être protégé. Sur ce registre, Aguilar a exprimé son doute quant à l'élaboration, de la part du Maroc, de rapports portant sur l'impact de ces explorations sur la faune marine ainsi que les potentiels risques que supposent ces opérations sur la région, a-t-il souligné. Prophétisant le pire des scénarios, le parlementaire européen a demandé aux autorités communautaires de réclamer des garanties sur l'existence d'un plan de contingence en cas de fuite durant les opérations de forages. De même, Aguilar s'est même demandé si «le Maroc est en mesure de verser des indemnisations, en cas de marée noire provoquée par ces forages et touchant l'archipel canarien». Dans cette question écrite adressée à la CE, le membre du Parlement européen a exhorté Bruxelles à intervenir auprès de Rabat et à veiller à ce que le royaume «respecte la directive 2013/30 sur la sécurité des explorations pétrolières et du gaz en eaux profondes». Alors que tout porte à croire que le chantier est toujours à son stade embryonnaire, la préoccupation continue d'enfler au sein de l'archipel. De même, la presse espagnole guette les moindres faits et gestes du groupe italien en possession de la licence, à la recherche des indices sur les intentions de la compagnie. Contacté par le site www.eldiario.es, ENI a reconnu que le chantier est dans sa phase initiale. Pour la major italienne, le protocole signé avec l'Office national des hydrocarbures et des mines (ONYHM) est un accord de principe et non un permis d'exploitation. La compagnie a confié au média espagnol attendre le «feu vert» des autorités marocaines pour lancer les premières études. Celles-ci devraient permettre une évaluation du potentiel du gisement et estimer les probabilités du succès des explorations, mais d'emblée ENI considère la zone comme intéressante, vu qu'elle n'a jamais été explorée en profondeur auparavant. D'autant plus que les analyses bathymétriques et sismiques menées en 2015 par le Maroc sont plus pointues que les précédentes, indique-t-on chez ENI. La compagnie espère reproduire le succès rencontré lors des forages du gisement gazier égyptien dénommé Zohr. Après plusieurs prospections soldées par des échecs, le champ est découvert en 2015 par la compagnie italienne. Le «super géant» renferme une réserve estimée à 850 milliards de mètres cubes, la plus grande découverte jamais réalisée en mer Méditerranée.