83% des 706 internautes qui ont répondu au sondage en ligne de Flm, ont indiqué ne pas souhaiter investir à la Bourse de Tunis même si cette opportunité était offerte. À l'inverse, 17% des sondés semblent plus enthousiastes au sujet de l'investissement à la Bourse de Tunis. Pour le moment, la possibilité d'investissement à la Bourse de Tunis n'est offerte qu'aux OPCVM actions à hauteur de 10% de leurs actifs. Il en est de même pour les compagnies d'assurance avec des règles encore plus draconiennes. C'est le cas aussi pour les Marocains non-résidents ou bien de ceux qui disposent de dérogations à l'instar de ceux qui ont participé à la contribution libératoire. Pour les autres, il est possible de s'exposer indirectement via les OPCVM qui peuvent revendiquer l'investissement de 10% de l'actif en Tunisie ou bien via Ennakl, doublement cotée à Casablanca et à Tunis ainsi que dans certains groupes exposés à la Tunisie comme Attijariwafa Bank. Sur le fond, ceux qui ne souhaitent pas investir à la Bourse de Tunis sont d'abord probablement préoccupés par la situation de tension sociale qui persiste dans le pays, 7 ans après la révolution du jasmin. Aussi, économiquement, les indicateurs ne sont pas brillants. Ainsi, Moody's avait décidé en août de baisser de nouveau le rating de la Tunisie de Ba3 à B1, avec le maintien des perspectives négatives. Cette note fait ainsi rentrer la dette souveraine tunisienne dans la catégorie spéculative. De même, malgré son amélioration, la croissance économique demeure aux alentours de 2%. Aussi, le déficit budgétaire sera de près de 6,1% du PIB en 2017 avant de baisser à 5,4% en 2018. Idem, la dette de la Tunisie devrait dépasser 70% en 2018 et 72,4% en 2020. Cet endettement est d'autant plus préoccupant qu'il est à 65% en devises. Par ailleurs, la Tunisie a connu en 2017 une accélération de l'inflation portée, en glissement annuel, à 6,4% à fin décembre contre 4,2% en 2016. Pour ne rien arranger, la Tunisie a enregistré en 2017 son plus fort déficit commercial avec un niveau de 6,5 Mrds $ avec des réserves de change en deçà des 90 jours d'importations. D'ailleurs, 2017 a été marquée par la dépréciation du dinar tunisien vis-à-vis du dollar par plus de 6% selon la Bourse de Tunis. Aussi, le taux de change du dinar s'est déprécié de 21% vis-à-vis de l'Euro. Ce dernier point a d'ailleurs nuancé la hausse de l'indice en monnaie locale. Toutefois, il est clair que la Bourse de Tunis reste sur une bonne dynamique avec un début d'année dans le vert au 17 janvier après avoir fini l'année 2017 sur une performance annuelle en DT de 14,45% après la hausse de 8,86% enregistrée en 2016. Aussi, désormais, le nombre de sociétés cotées dépasse le cap symbolique des 80 émetteurs. En effet, pour les investisseurs locaux, l'investissement en actions a justement constitué une protection contre la faiblesse du dinar tunisien. De plus, contrairement à l'analyse Top-Down négative, celle à un échelon Bottom-Up est positive avec l'amélioration des résultats semestriels de près de 12%. De surcroît, selon la Bourse de Tunis, les résultats trimestriels ont confirmé cette tendance annuelle de hausse des résultats. Ces bonnes performances individuelles des sociétés cotées se sont traduites par des variations importantes des cours en 2017 comme ceux de Magasin General (60,79%), de One Tech Holding (60%), de Poulina Group Holding (53,78%), de la BIAT (40,39%) et d'Attijariwafa Bank (40,20%). In fine, le Tunindex 20 des grandes capitalisations a fini l'année 2017 sur une hausse de 21,55%. Par ailleurs, la Bourse de Tunis a accueilli deux nouvelles entreprises, Sanimed et les Ateliers intérieurs du meuble, ce qui a porté le nombre de sociétés cotées à 81 dont 68 sur le marché principal. Aussi, le volume quotidien des échanges a ainsi augmenté en 2017 au niveau de 9,6 MDT (3,8 M$) contre 6,9 MDT (2,8 M$) en 2016. Farid Mezouar DG de FL Market Les Inspirations ECO : Faut-il investir à la Bourse de Tunis ? Farid Mezouar : Dans l'absolu, c'est une bonne opportunité de diversification dans un marché à faible P/E avec plusieurs groupes dynamiques comme Poulina. Aussi, certains secteurs cotés à Tunis sont peu ou pas représentés à Casablanca comme celui des composants automobiles ou de la grande distribution. Naturellement, pour une prise de position, une analyse plus fine doit être menée au niveau du stock-picking. Comment expliquer le décalage Bottom-Up v/s Top-Down ? Comme tout marché à forte dominante domestique, la Bourse de Tunis est plus propice à une analyse Bottom-Up qu'à une réflexion Top-Down surtout que dans un contexte de volatilité du dinar tunisien, les actifs réels demeurent une protection idéale pour les investisseurs locaux. Par ailleurs, les opérateurs boursiers tunisiens demeurent dynamiques au niveau marketing comme le montre le nombre de sociétés cotées, qui est de 81. l