Ceci est un fait. Le marché boursier marocain reste cher par rapport aux autres places de la région. Si pour certains, cela peut représenter un handicap, d'autres passent outre ce détail et trouvent plusieurs points forts (conjoncture, masse bénéficiaire, volatilité...) au marché pour y investir. Les analystes se révèlent optimistes quant aux perspectives 2018... Les marchés financiers ne semblent ne plus avoir le soutien de la croissance macroéconomique. Le Maroc n'est pas reste. Malgré le contexte macroéconomique positif en 2017 combiné à des prévisions de croissance satisfaisantes pour les entreprises cotées, la Bourse de Casablanca a longuement pataugé durant les dernières semaines de l'année. Dans ce type de situations, certaines hypothèses ont la dent dure. Le marché des actions marocain est, semble-t-il, aujourd'hui chèrement valorisé. Un tour d'horizon des principaux pays comparables permet de mettre en évidence cette cherté. À titre d'exemple, alors que la place boursière marocaine traite aujourd'hui à 19,2 fois ses résultats estimés en 2017 et à un Price to Book Ratio (cours/ bénéfice par action) de 2,9x, ces deux multiples boursiers se situeraient à seulement 14,4x et 1,8x pour la Tunisie. La différence est encore plus flagrante quand on se compare à l'Afrique du Sud qui traite à 11,5 fois ses résultats estimés en 2017 et à un Price to Book Ratio de 1,1x. «Mais pour comprendre pourquoi le marché des actions marocain séduit autant les investisseurs alors qu'il est aussi cher, il faut considérer le niveau de dividende honorable qu'il continue de générer (D/Y 2017e : 3,7%), puis l'amélioration considérable de la capacité bénéficiaire des sociétés de la cote en 2016 et au S1-2017», relativise Mouhammed Mariane, DG de Marogest. Cette hypothèse -de cherté - est à exclure pour d'autres analystes. Pour cause, la place marocaine est l'un des marchés ayant un faible risque systémique. Il a fait ses preuves ces dernières années puisqu'il a réagi faiblement aux évolutions des marchés internationaux, que ce soit à la hausse ou à la baisse. Il a été constaté également que la volatilité des indices boursiers des pays émergents et arabes est plus forte que celle du Maroc. Dans ces conditions, «les niveaux de valorisation actuels seraient justifiés par la qualité intrinsèque du Maroc en tant que place boursière défensive», remarque un analyste. Cependant, sur les dernières années, le ROE du marché casablancais a varié entre 13 et 15%. Ce qui fait du marché local l'un des plus attractifs de la région Mena. Les investisseurs et professionnels de la place restent optimistes, même si une partie trouve que le marché pourrait être freiné dans son ascension par sa cherté relative. «Face à l'amélioration des profits des sociétés de la cote sur la période 2016-2017, la stabilité du cadre macroéconomique et l'univers des taux d'intérêts bas qui contraste avec les rendements élevés qu'offre le marché des actions, nous croyons que le placement boursier offre encore une perspective de performance», espère le directeur de Marogest. Plus que les autres, les sociétés affichant une bonne santé financière, un niveau de cherté correct (PER inférieur à la moyenne du marché), offrant un rendement de dividende élevé, présentant de bonnes perspectives de croissance, devraient capter la dynamique haussière anticipée. Sur le marché obligataire, une baisse des tensions sur les taux est attendue en ce début de 2018, en lien avec la faiblesse des tombées prévisionnelles du Trésor et la dissipation des tensions sur le cash qui s'exercent souvent en fin d'années. Ceci étant, il n'est pas exclu que certains facteurs de risque pourraient inquiéter la détente des taux en vue. Le principal étant le démarrage du processus de flexibilisation du dirham qui pourrait entraîner une érosion des réserves de change. Ou encore une hausse significative du prix du pétrole qui se traduirait par un creusement du déficit commercial. Chaque investisseur, selon le niveau d'aversion au risque qu'il tolère, pourrait développer la stratégie de placement qui allie le mieux, rentabilité et exposition au risque. Un soin particulier doit en tout cas être accordé à la composition de la poche action qui conditionne le plus souvent le succès ou l'échec de la stratégie d'investissement. Les valeurs défensives sont réputées être stables et peu volatiles. Elles représentent donc la première cible d'incrémentation de la poche action «». En deuxième lieu et en tolérant plus de risque, on peut s'aventurer sur le terrain des valeurs semi-cycliques ou cycliques, qui évoluent en phase avec les contextes macroéconomiques «valeurs immobilières, informatiques...». Ces valeurs offrent un potentiel de performance considérable. En revanche, le risque inhérent à ces positions est plus conséquent. S'agissant de la poche obligataire, compte tenu de la détente observée sur le segment court de la courbe, et qui est due à l'orientation stratégique qu'opère le Trésor dans sa politique de financement «rallongement de la duration de sa dette», il serait judicieux d'intégrer des titres de créances qui ne sont pas très courts dans le portefeuille pour espérer avoir un rendement convenable. Il n'est pas, non plus, préconisé de s'aventurer sur le segment très long. Ce dernier étant le plus vulnérable face aux corrections haussières des taux