C'est presque en catimini que la nouvelle est annoncée. Le ministère de l'Energie, des mines, de l'eau et de l'environnement (MEMEE) vient d'allouer 250 millions de dirhams du Fonds de Développement Energétique au financement de la recherche appliquée et technologique dans le secteur des énergies nouvelles, eplus précisemment dans l'énergie solaire. «Ce fonds est géré par l'Institut de recherche en énergie solaire et en énergies nouvelles (IRESEN), et sera réparti sur 10 appels à projet entre 2012 et 2016», nous indique Badr Ikken, le directeur de la structure. Le premier de ces appels à projet sera donc lancé dès janvier prochain. Il sera ouvert aux institutions de recherche et aux entreprises locales et étrangères qui souhaiteraient opérer des activités R&D sur le territoire national -exclusivement- dans les filières précitées. Autre critère tout aussi important, «les consortiums soumissionnaires devraient être composés d'au moins une institution de recherche marocaine et au moins une entreprise marocaine, pour être éligibles au fonds», poursuit Ikken. Et ce dernier d'ajouter au passage, qu'au 14 décembre prochain, «un atelier de travail avec les chercheurs et entreprises marocains sera tenu à Casablanca avec, comme objectif, la programmation des thématiques pour accompagner la stratégie nationale». Ces thématiques seront par la suite affinées et priorisées par le Conseil Scientifique et les opérateurs nationaux du secteur de l'énergie, et celles ciblées seront annoncées avant chaque appel à projet. Quant à l'objectif de cette initiative, il est bien affiché. «Nous souhaitons financer au moins 20 grands projets de recherche et de développement dans le secteur des énergies renouvelables et y soutenir la création de clusters d'innovation», renseigne Ikken. Clusters «green» à la clé L'idée est effectivement de renforcer l'efficience de la recherche appliquée et technologique et de développer l'innovation dans le secteur des énergies nouvelles. «Ce programme devrait également encourager le réseautage entre le monde de la recherche et l'industrie au Maroc», selon le directeur de l'IRESEN. Une connexion longtemps recherchée, et sur laquelle devrait reposer la réussite de l'intégration industrielle recherchée à travers les projets énergétiques lancés au Maroc. «La création d'une filière locale de l'énergie solaire, représentant tous les acteurs de la chaîne de valeur, de la conception à la maintenance, s'inscrit dans cette même visée», déclarait pour sa part, Ahmed Squalli, le président de l'Association marocaine des industries solaires et éoliennes (AMISOLE), en marge du salon spécialisé des énergies renouvelables, Ener Event. «Il est primordial de capitaliser sur les dynamiques impulsées par les programmes nationaux lancés dans le solaire et l'éolien, pour développer l'expertise et l'industrie dans le secteur des énergies renouvelables», soutient Ikken. Par ailleurs, l'IRESEN ne sera pas le seul acteur dans cette dynamique. Le Maroc bénéficie également du support d'instituts financières internationales. C'est le cas notamment de la Banque africaine de développement (BAD). Pour le compte de l'année 2011, celle-ci a ainsi approuvé une opération dans le secteur des énergies renouvelables, incluant un prêt concessionnel de quelques 125 millions de dollars américain, qui a été approuvé, en novembre 2011, par le Comité exécutif du Fonds pour les technologies propre (FTP). La R&D devrait y occuper une part respectable. Pour rappel, le secteur éolien projette, dans le scénario d'une intégration industrielle minimale, la création de 2.023 emplois supplémentaires (982 liés aux installations annuelles et 1.041 liés à l'exploitation), à l'horizon 2025. Ce chiffre passerait à quelque 7.437 emplois (respectivement 5.723 et 1.714), selon une récente étude menée par le cabinet Eco Efficience et commandée par le MEMEE sur les besoins en compétences des secteurs de production d'énergie verte. Du concret dès 2012... Au-delà de la gestion de ce fonds qui sera lancé dans un peu moins de deux mois, plusieurs autres initiatives concrètes devraient voir le jour dès le début de l'année prochaine au niveau de l'IRESEN. La première porte sur les projets ATLAcôtes, déjà en cours de réalisation, pour une finalisation prévue en juin 2012. L'objectif est de développer un logiciel sur la base d ́un modèle d ́évaluation d ́images satellitaires pour cartographier le gisement éolien des zones côtières marocaines (on shore et offshore). Ce système devrait également permettre une classification des zones côtières marocaines, ainsi que le développement de l ́expertise dans l ́évaluation des images satellitaires pour la modélisation des cartes du vent. À cela devrait aussi s'ajouter, en janvier 2012, la création d'un laboratoire photovoltaïque (PV) de couche mince à multiples jonctions en silicium. L'idée, ici, est de développer l ́expertise dans le domaine de la photovoltaïque couche mince, le soutien du développement d ́une industrie PV couche mince sur le marché local et sur toute la chaîne de valeur. L'Agence du développement des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique (ADEREE) et la KOICA, l'agence coréenne de coopération internationale, seront parmi les partenaires de ces projets. Par ailleurs, l'IRESEN vient de mettre en ligne un portail des énergies renouvelables (energy-science.org), l'idée étant d'offrir aux chercheurs, aux étudiants et aux professionnels une plateforme d ́informations et de partage de données sur les énergies renouvelables.