Marc Trenteseau, ambassadeur de Belgique au Maroc Les Inspirations ECO : La semaine belge se tient actuellement au Maroc. Que pouvez-vous nous en dire? Marc Trenteseau : La semaine belge a démarré le 13 novembre avec une rencontre consacrée à la coopération, puis le Moussem belge inauguré au Théâtre national à Rabat en présence du ministre marocain en charge de la Réforme administrative. C'était une belle réunion qui a permis à tous les acteurs de la coopération d'échanger leur savoir-faire. L'initiative «Made in Belgium» de la Chambre de commerce belgo-luxembourgeoise au Maroc est aussi très intéressante. Elle s'inscrit parfaitement dans le cadre de la semaine belge; le but étant de montrer que la Belgique et le Maroc entretiennent des relations multiples dans toutes les dimensions. La semaine belge a essayé, en quelques jours, de donner un aperçu de notre coopération depuis plus de 50 ans avec les partenaires marocains. Mardi, nous avions aussi un concert dédié à Jacques Brel, organisé avec l'aide de l'Ecole belge à Casablanca. Je cite également ma rencontre, mercredi, avec des Alumni des hautes écoles belges. Le 16 novembre, nous célébrons également la Fête du roi, qui est la deuxième fête nationale en Belgique à l'occasion de laquelle nous rendons hommage à la monarchie. Au programme, vendredi, un séminaire d'architectes sur la ville de demain, les nouveaux défis de la construction durable. Ce vendredi, aussi, à la Bibliothèque nationale, nous célébrons les 60 ans des Schtroumphs dans le cadre d'une exposition dédiée. En filigrane du programme de cette semaine belge, la coopération et le business occupent une grande place. Pourtant, la dynamique adoptée par la Belgique pour sa promotion semble timide comparée à la France... La France a une très forte présence au Maroc, mais la Belgique y est également présente depuis longtemps. Notre premier ambassadeur a présenté ses lettres de créances au roi Mohammed IV, près de 30 ans après l'indépendance de la Belgique. Il est vrai que nous sommes plus discrets, mais cette Semaine belge est en quelque sorte un avant-goût de l'année prochaine qui sera très importante pour les relations Maroc-Belgique. La communauté française Wallonie-Bruxelles a décidé de faire du Maroc le pays focus en 2018. À la fin de la même année, nous recevrons une importante mission économique et commerciale sous la houlette de son altesse la princesse Astrid. Nous tablons sur la participation de centaines d'entreprises. La programmation de cette mission montre bien que pour la Belgique, ses régions et ses entreprises, le Maroc reste un partenaire clé eu égard à sa croissance mais aussi son ouverture sur l'Afrique, prouvée par la présence sur le continent de ses grands opérateurs et de son intégration très probable de la CEDEAO. Sur quels secteurs conseillez-vous actuellement les opérateurs belges non encore présents au Maroc de se positionner? J'occupe ma mission d'ambassadeur de Belgique au Maroc depuis deux mois. Néanmoins, j'ai été frappé de constater, parmi les importations belges en provenance du Maroc, la place des produits chimiques avec à leur tête les phosphates, mais aussi le textile et les produits alimentaires. Je crois que le Maroc a des capacités certaines en matière d'agrobusiness, mais que le potentiel de développement est encore très important. Je pense aussi aux énergies durables et renouvelables, et j'estime qu'eu égard aux conditions naturelles du royaume, les possibilités en la matière sont énormes. Par ailleurs, nous sommes toujours dans l'adduction, le traitement des eaux. Maintenant, je pense que le recyclage présente une niche importante. Le potentiel est grand pour les entreprises belges mais aussi pour les opérateurs marocains qui se lancent dans la grande exportation, sachant que la Belgique est «the gateway to Europe» et, vis-à-vis de la proximité avec les grandes institutions européennes, les choses deviennent plus faciles lorsqu'on est en Belgique pour avoir un lien direct avec les bureaux d'études, les organes des commissions... De ce point de vue, la Belgique est un terrain incontournable pour un opérateur marocain qui souhaite toucher tout le marché européen. Notre pays est l'une des économies les plus ouvertes au monde. C'est aussi un centre logistique exceptionnel (Liège Airport, port d'Anvers...) qui facilite l'accès au marché européen à l'opérateur marocain. Quelles remontées avez-vous des Belges ou Belgo-marocains qui s'installent au Maroc, quant aux difficultés d'intégration? Il n'y a pas de problèmes particuliers. Nous recevons les plaintes habituelles que toute ambassade dans le monde a à gérer, comme les problèmes de visas. Depuis les attentats de Bruxelles, la Belgique est néanmoins beaucoup plus tatillonne sur les demandes de visa émanant des pays maghrébins... De par ce que je vois à l'ambassade, mais aussi au niveau du Consulat général, je dirais que toutes les demandes de visas sont traitées de manière égale. Notons qu'à l'ambassade et au consulat général, tous nos collaborateurs sont marocains. Un détail cependant, qui est valable pour toute l'Union européenne, c'est qu'il y a une plus grande attention dans le traitement des dossiers. Malheureusement, le fléau du terrorisme est là et fait beaucoup plus de victimes dans le monde musulman qu'ailleurs. C'est pourquoi les services belges et marocains travaillent ensemble pour lutter contre cela et mettre les individus de mauvaise foi hors d'état de nuire. Cela fait partie de nos préoccupations majeures en Belgique, tout comme nous faisons tout pour éviter toute stigmatisation de la société. Justement, à propos des visas, la Belgique regorge de potentialités touristiques et de terroir mais, pour les Marocains par exemple, c'est loin d'être une destination touristique... En Belgique, la promotion du tourisme relève des régions et des communautés. Historiquement, la Belgique a considéré que le pool touristique s'articule sur un rayon de quelque 500 km autour de ses frontières. Cette idée est encore aujourd'hui d'actualité, mais il serait peut-être temps de changer cette idée car la Belgique a beaucoup à offrir en termes de patrimoine historique, gastronomique et culturel...