Mohamed Maoulainine, Ambassadeur du Maroc au Soudan La Caravane Africa Power Road de Maroc Export qui s'est rendue la semaine dernière dans trois pays africains a reçu un accueil très chaleureux au Soudan grâce à la mobilisation de Mohamed Maoulainine, ambassadeur du Maroc à Khartoum. En marge du Forum économique Maroco-soudanais, ce dernier affirme que la mission de Maroc Export est une aubaine pour les deux pays. Les Inspirations ECO : Comment voyez-vous cette initiative de Maroc Export qui vise à développer les relations économiques entre le Maroc et le Soudan en impliquant les hommes d'affaires des deux pays ? Mohamed Maoulainine : Je voudrais saluer cette initiative intelligente qui vient à point nommé pour ce qui est du Soudan car elle coïncide avec la levée des sanctions américaines sur le Soudan. Ce pays est potentiellement crédible et il y a plusieurs opportunités à saisir. Nos relations avec le Soudan ne datent pas d'aujourd'hui. Depuis l'indépendance du Maroc et du Soudan en 1957, nous avons établi des relations diplomatiques. Nous sommes parmi les pays arabes qui ont été les premiers à ouvrir des missions diplomatiques. Depuis lors, nous avons signé une trentaine d'accords bilatéraux qui touchent différents domaines. Aujourd'hui, il faut réactualiser, redynamiser, réadapter certains cadres juridiques de ces accords en tenant compte notamment des évolutions de la conjoncture internationale, régionale et bilatérale. Ceci étant, avec le Soudan, nous avons également des relations très solides sur les plans culturel et social. Les Marocains ont toujours transité par cette terre du Soudan pour aller en pèlerinage à la Mecque, notamment en empruntant cette route dénommée «Route de la foi». Ce qui a conduit à ce que nous ayons des Soudanais d'origine marocaine depuis pratiquement quatre à cinq siècles. Ce sont ainsi quelques dizaines de milliers de Marocains qui se sont soudanisés en décidant, soit au départ, soit au retour, de se fixer au Soudan. Entre le Maroc et le Soudan nous sommes également liés par la pratique du rite malikite et du soufisme. Et comme le Maroc et le Sénégal, le Soudan est un pays gardien de ces valeurs religieuses là. Et pour le business ? Le Soudan est le pays qui a la plus grande superficie en Afrique. Il possède de réelles potentialités au niveau économique mais aussi au niveau des ressources humaines. Nous avons d'excellentes relations bilatérales. Il est toutefois vrai que les relations économiques n'ont pas toujours suivi le dynamisme enregistré au niveau de la coopération politique. Notre ambition est de hisser nos relations économiques à un plus haut niveau de coopération, conformément au cadre tracé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI dans sa vision de la coopération économique entre le Maroc et le reste des pays du continent africain où différentes possibilités d'investissements existent et que nos sociétés du secteur privé marocain explorent et parfois exploitent. Justement, notre secteur privé est un secteur qui a réussi à être présent au niveau des marchés africains des pays amis, y compris au Soudan à travers Managem. S'agissant de cette mission Africa Power Road, c'est l'occasion pour le secteur privé de se rapprocher des hommes d'affaires soudanais pour glaner le maximum d'informations, faire des études de marché et saisir les nombreuses opportunités offertes dans ce pays vierge. Il y a énormément d'opportunités au Soudan et vis-à-vis du Maroc et du peuple marocain, les Soudanais ont un certain amour, une certaine affection et par dessus tout, il faut savoir que les Soudanais ont un immense respect pour Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Autant de motivation sur le plan émotif, autant de motivation sur le plan diplomatique, autant de motivation en matière d'affaires et en matière politique, qui nous incitent à nous tendre la main les uns et les autres et à nous solidariser. L'Afrique a besoin de tous ses fils. Au niveau logistique, certains appellent déjà à la mise en place d'une ligne aérienne Maroc-Soudan. Qu'en pensez-vous ? Lors du dîner que j'ai offert aux hommes d'affaires, nous avons abordé cette question en présence du ministre du Commerce extérieur, du ministre des Investissements, du ministre du Milieu ambiant, du Secrétaire général du ministère des Transports et des hommes d'affaires soudanais. À cette occasion, plus d'une voix s'est élevée pour demander à ce que la RAM puisse desservir le Soudan parce que c'est l'une des compagnies qui fait la fierté du continent. Et j'ai entendu un homme d'affaires dire que «je suis prêt à offrir toutes les garanties nécessaires pour que la RAM vienne à Khartoum d'autant plus qu'elle dessert déjà Djaména et Nairobi». Il y a ce qu'on appelle la 5e liberté qui, si elle est mise en place dans les aéroports de Khartoum, de Djaména ou encore de Nairobi pourrait permettre à cette ligne d'être vraiment viable.