Suite aux affrontements entre l'armée soudanaise et les rebelles du Darfour, appuyés par le régime tchadien selon les dirigeants soudanais, Khartoum décide de rompre ses relations diplomatiques avec N'djamena. Le Soudan a rompu ses relations diplomatiques avec le Tchad, qu'il accuse d'avoir appuyé une attaque des rebelles du Darfour samedi 10 mai contre Khartoum. «Nous rompons nos relations diplomatiques avec le régime» du président tchadien Idriss Déby, a dit le numéro un soudanais Omar Hassan al Bachir à la télévision nationale. Le couvre-feu décrété dans la capitale samedi soir a été reconduit dimanche, le gouverneur de l'Etat de Khartoum précisant que des éléments rebelles, bien que défaits, ne s'étaient pas rendus et erraient toujours dans la région. «Il y a beaucoup de combattants vaincus (...), nous les pourchassons et nous ne voulons pas que des civils soient pris entre deux feux», a dit à Reuters Abdel Halim al Moutafi. Des tirs pouvaient être entendus dimanche matin dans le lointain, à l'ouest d'Omdourman, mais ce faubourg de Khartoum était calme. Les rebelles darfouri du Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM) ont affronté samedi les forces gouvernementales soudanaises à Omdourman, qui fait face à Khartoum, sur l'autre rive du Nil. Ils ont annoncé qu'il voulait prendre la capitale mais le gouvernement soudanais a affirmé qu'ils avaient été repoussés. «Les forces (derrière cette attaque) sont toutes, fondamentalement, des forces tchadiennes appuyées et préparées par le Tchad, elles sont venues du Tchad sous la direction de Khalil Ibrahim», a affirmé le président Bachir à la télévision. Khalil Ibrahim est le chef du Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM), l'un des principaux groupes rebelles du Darfour. C'était la première fois samedi que les combats atteignaient la capitale. À N'Djamena, le gouvernement tchadien a démenti toute implication «dans cette aventure qu'il condamne», a déclaré Mahamat Hissène, ministre des Communications et porte-parole du gouvernement. «Le gouvernement de la République du Tchad encourage les autorités soudanaises et les opposants à persévérer sur la voie du dialogue», a-t-il ajouté samedi soir. La région de Khartoum abrite huit des 38 millions d'habitants du Soudan, un pays plus grand que l'Europe occidentale. L'économie soudanaise, alimentée par le développement de la production pétrolière, a rapidement progressé depuis la signature d'un accord de paix qui a mis fin à une guerre civile entre le nord et le sud, en 2005, mais cet accord ne couvre pas le conflit qui a éclaté au Darfour il y a cinq ans. Les experts internationaux estiment que la guerre civile au Darfour a fait 200.000 morts et deux millions et demi de déplacés en cinq ans. Khartoum avance un bilan de 10.000 morts. Les pays occidentaux, qui font pression en faveur de discussions de paix, accusent Khartoum de freiner le déploiement au Darfour d'une force de maintien de la paix Onu-Union africaine qui devrait compter 26.000 hommes. • Opheera McDoom (reuters)