Le rapport, qu'a publié ce 4 octobre l'Agence internationale de l'énergie, affiche, une nouvelle fois, des performances record pour les énergies renouvelables. Le photovoltaïque et la Chine en sont les stars incontestées. Les chiffres sont de plus en plus spectaculaires. Mais ils traduisent des évolutions constantes depuis plusieurs années. Comme le révèle le rapport de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), paru le 4 octobre, pour la sixième année consécutive, les capacités de production d'énergies renouvelables installées sont plus importantes que celles de l'année passée. 165 gigawatts, composés à 80% d'éolien et de solaire, sont ainsi entrés en service en 2016. C'est 6% de plus qu'en 2015, et cela représente les deux-tiers des nouvelles capacités électriques. En 15 ans, la capacité mondiale de production d'énergie verte a été multipliée par huit. Le solaire passe devant l'éolien Ce dernier rapport met en évidence le rôle croissant du solaire photovoltaïque, et confirme celui toujours plus déterminant de la Chine. Avec 74 GW installés en 2016, soit deux fois plus qu'en 2015, le photovoltaïque fait mieux que l'éolien (+ 52 GW, en baisse de 20%), et surtout, pour la première fois, passe devant le charbon (+ 57 GW). En Chine, les capacités solaires ont été multipliées par 800 en 10 ans, ce qui en fait le premier marché mondial devant les Etats-Unis. Dès la fin de cette année, le pays aura dépassé les objectifs qu'il s'était fixés pour 2020 pour le solaire (et en 2019 pour l'éolien). La demande chinoise pèse la moitié de la demande mondiale, et 60% des volumes de panneaux solaires y sont fabriqués. Multiplier les usages Globalement, les énergies renouvelables pèsent 26% du mix électrique mondial, ce qui constitue déjà un enjeu d'intégration aux réseaux, d'autant plus que cette part est majoritairement composée d'éolien et de solaire, énergies intermittentes. Cela implique non seulement des réseaux renforcés et une multiplication des interconnexions, mais aussi des réformes de l'organisation des marchés et des cadres réglementaires. Mais l'agence rappelle que l'électricité ne représente que 20% de la demande finale en énergie. Un accroissement des usages électriques, dans le bâtiment, l'industrie et les transports, est nécessaire pour que s'accomplisse une véritable transition énergétique. La Chine fait la pluie et le beau temps Pour les cinq prochaines années, l'AIE, qui a de nouveau revu ses prévisions à la hausse, anticipe entre 920 et 1.150 GW d'énergie verte supplémentaire. Soit une capacité cumulée de 43% plus importante qu'aujourd'hui et un poids seulement deux fois moindre que celui du parc de centrales à charbon, qui a mis quatre-vingts ans à s'installer. La Chine devrait représenter 40% de cette croissance. C'est pourquoi la façon dont elle va gérer la fin des tarifs de rachat et les enjeux d'intégration aux réseaux auront un impact sur le marché mondial. L'Europe, en revanche, verra sa croissance baisser de 40% en comparaison des cinq dernières années, sous l'effet d'une demande ralentie, d'une situation de surcapacité et d'un manque de visibilité concernant les appels d'offres sur la période. L 'éolien et le solaire photovoltaïque représenteront toujours 80% des nouvelles capacités installées. Concernant le solaire, il s'agira majoritairement (75%) de centrales au sol. Sous l'effet d'une généralisation des enchères (qui, de 20% des volumes actuels, devraient passer à 50% en 2022), les coûts continueront à baisser dans les cinq prochaines années, de 25% pour le photovoltaïque (où ils ont déjà été divisés par dix en dix ans pour atteindre 3 cents du kilowattheure dans de nombreux appels d'offres), 15% pour l'éolien terrestre et 33% pour l'éolien marin. L'un des enseignements majeurs de ces prévisions concerne les installations non raccordées au réseau. Elles devraient représenter en 2022 quelque 3 GW, et donner ainsi accès à une énergie propre à 70 millions de personnes de plus. Le charbon restera, en cumul, la principale source de production d'électricité (35%), mais l'écart avec les énergies renouvelables ne cessera de se réduire. À l'échelle mondiale, les renouvelables représenteront 29% du mix électrique en 2022. Ce chiffre atteindra 70% au Danemark et plus de 25% dans plusieurs pays européens. Leur part doublera en Chine et en Inde pour dépasser les 10%. Dans les transports, la part de l'énergie renouvelable ne devrait passer que de 4 à 5% d'ici 2022. Concernant les véhicules électriques, dont l'AIE voit la quantité doubler en cinq ans, leur consommation ne devrait pas pour autant dépasser 1% de la demande électrique mondiale.