« Face à une consommation électrique en croissance continue, le gouvernement marocain a amendé la Loi relative aux énergies renouvelables afin d'attirer les investissements dans le secteur de l'énergie solaire et éolienne ». C'est ce qu'estime Oxford Business Group (OBG), un cabinet d'intelligence économique basé à Londres, dans sa nouvelle note d'information intitulée : «Maroc : plein cap sur les énergies renouvelables». Le texte de Loi en question est celle initialement promulguée en 2010, et amendée par le gouvernement fin de l'année 2015. Une Loi qui a vu le jour pour mettre en oeuvre la Stratégie énergétique nationale de 2008 dont le but est de porter la part de l'électricité renouvelable à 42 % d'ici l'horizon 2020 et à 52 % d'ici à 2030. Ces réformes devraient renforcer la participation des investisseurs privés à la filière grâce à un système de facturation nette de l'énergie des centrales solaires et éoliennes raccordées au réseau à haute tension, souligne OBG. Si les modalités exactes de ce système restent à fixer, les investisseurs ayant misé sur l'électricité verte pourront revendre leur production excédentaire, à condition de ne pas dépasser le seuil de 20 % de leur production annuelle. Ces évolutions législatives ont également ouvert l'accès au réseau basse tension du pays, ce qui devrait, toujours selon OBG, encourager le développement des petites et moyennes installations d'énergie renouvelable. Autre élément soulevé dans ladite note d'information est que la dépendance du pays aux marchés mondiaux de l'énergie est, bien que les cours bas du pétrole aient permis de réduire la facture énergétique nationale de 28 % en 2015 (soit 6,6 milliards de dollars), et d'abaisser le déficit extérieur courant de près de deux points de pourcentage (soit 2,1 % du PIB), l'énergie est globalement considérée comme une faiblesse. Le cabinet d'intelligence affirme dans ce sens que la consommation électrique augmente de 5 à 6 % par an depuis 1991, et alors que l'activité industrielle et la population continuent de croître, le Maroc devrait voir sa demande énergétique multipliée par cinq d'ici à 2050. Le Maroc répond déjà à 97 % de ses besoins énergétiques par le biais d'importations. La production nationale ne pourra donc que bénéficier du développement des énergies renouvelables du pays. Le solaire devrait représenter 14 % du mix énergétique d'ici à 2020 Pour se donner les moyens d'atteindre ses objectifs, le Maroc s'est doté en 2009 d'un Plan solaire pour tirer parti de l'important potentiel solaire du pays, dont le rayonnement se chiffre à environ 2,6 MWh par mètre carré.9 milliards de dollars ont été ainsi alloués au développement de projets photovoltaïques et de centrales solaires thermodynamiques à concentration. Au fil de leur déploiement, le solaire devrait représenter 14 % du mix énergétique d'ici à 2020, soit 2 GW. Oxford Bisness Group donne ici l'exemple du plus important projetNoor, situé à Ouarzazate. Ce site de 2 000 hectares sera doté d'une capacité de 580 MW d'ici à son achèvement en 2018. Sa première phase, baptisée Noor I, a été lancée en février. D'une capacité de 160 MW, cette centrale peut stocker jusqu'à trois heures de production et alimenter en électricité 650 000 habitants depuis l'aube jusqu'à trois heures après le coucher du soleil. Elle permet même de produire de l'énergie même en l'absence d'ensoleillement, d'où des mécanismes tarifaires plus compétitifs que ceux des panneaux solaires. OBG cite aussi la centrale thermo-solaire d'Ain Beni Mathar (470 MW). Achevée en 2010, elle combine énergie solaire et thermique. Son développement a été financé à hauteur d'environ 75 % (381 millions de dollars) par des prêts de la Banque africaine de développement. La capacité éolienne passerait de 800 MW en 2015 à 2 GW en 2020 Le gouvernement ne compte pas s'arrêter au solaire pour compléter son mix énergétique. La capacité éolienne du pays devrait passer de 800 MW en 2015 à 2 GW en 2020. Le Royaume possède d'ailleurs des facteurs de réussite pour relever ce défi : 3 500 kilomètres de côtes le long de l'Océan atlantique et de la Méditerranée, des montagnes de l'Atlas et du Rif. Pour OBG, les zones aux alentours de Tanger et de Tétouan se prêtent particulièrement bien au développement de parcs éoliens, vu leur proximité au réseau électrique national et la vitesse du vent de 8,11 mètres par seconde à 10 mètres au dessus du niveau du sol. Les capacités marocaines seront également renforcées grâce à une filiale de l'entreprise énergétique nationale d'Abu Dhabi (TAQA), appelée TAQA Morocco. Elle devrait prochainement entamer la construction d'un parc éolien de 140 MW près de Tanger. Une première phase de 60 MW devrait voir le jour en 2017. Le Marocain Nareva est à la tête de la plus grande réalisation éolienne du Maroc, appelée Tarfya, situé près de la ville éponyme dans le sud du pays. A son achèvement en 2014, ce parc fournissait une capacité supplémentaire de 300 MW, en sus des 200 MW générés par les trois autres parcs éoliens déjà exploités par cette entreprise dans le royaume. Grâce, entre autres, à ces projets énergétiques de grande envergure, le Maroc a pu gagner en visibilité en tant que producteur d'énergie renouvelable. « Alors que l'UE envisage sérieusement de signer avec le Maroc un accord d'importation d'électricité renouvelable en vue d'intégrer les deux marchés énergétiques, le Royaume a toute latitude pour asseoir sa bonne réputation en la matière », affirme-t-on.