L'Afrique ne peut se passer de l'innovation si elle veut attirer de nouveaux investissements pour mettre en valeur ses importantes ressources. Tel est le constat dressé par les experts ayant participé au forum «Investir en Afrique», tenu à Dakar du 25 au 27 septembre. La 3e édition du forum «Investir en Afrique», une initiative de la Chine et de la Banque mondiale, s'est tenue dans la capitale sénégalaise du 25 au 27 septembre en présence du président sénégalais Macky Sall, du vice-président ivoirien, Daniel Kablan Duncan, du directeur général et chef de l'administration du Groupe de la Banque mondiale, Shaolin Yang, d'officiels chinois et de plus de 400 chefs d'entreprises chinoises et africaines en quête de nouveaux partenariats. En plus du renforcement de la coopération entre la Chine et l'Afrique, l'innovation a été au cœur des débats durant les échanges entre les experts qui ont pris part à ce forum. Ils ont notamment échangé sur les défis relatifs à l'agriculture et à l'agrobusiness, l'énergie, les TIC, la finance, l'éducation et la gouvernance. Le potentiel africain Les débats ont ainsi mis en exergue le potentiel de l'Afrique en matière d'opportunités d'investissement dans des domaines porteurs de croissance et de création d'emplois. «Continent de l'avenir, l'Afrique a d'énormes ressources, des besoins en matière d'investissement mais offre aussi des opportunités aux investisseurs», note Macky Sall. Néanmoins, le président sénégalais s'insurge contre ce discours lénifiant inscrivant l'Afrique dans un futur hypothétique et invite à regarder le continent avec les lunettes du présent et à ramener le risque africain «à de justes proportions». Par ailleurs, le secteur privé local aussi doit faire l'objet d'une plus grande attention de la part des pouvoirs publics afin qu'il puisse jouer son véritable rôle pour l'évmergence de l'Afrique, selon Amadou Bâ, le ministre sénégalais de l'Economie, des finances et du Plan. Plusieurs accords Plusieurs protocoles d'accord ont été signés durant ce forum entre partenaires africains d'une part et différents acteurs d'autre part (Chine, Banque mondiale, Banque africaine de développement et Banque chinoise de développement) dans des «domaines stratégiques», notamment l'agriculture, l'énergie, les infrastructures, l'industrie et le développement des PME. Macky Sall Président de la République du Sénégal L'Afrique ne doit pas être considérée comme un continent du futur. Croire en un futur radieux dans un monde où il faut se battre chaque jour pour avoir sa place au soleil, c'est comme accepter un chèque sans provision. C'est pourquoi, je plaide pour que l'Afrique soit considérée comme partie prenante d'un présent qui dessine les lignes du futur. Le temps de l'Afrique, ce n'est pas demain, c'est maintenant». Daniel Kablan Duncan Vice-président de la Côte d'Ivoire L'Afrique est désormais visible sur les cartes économiques du monde. Les échanges commerciaux entre la Chine et l'Afrique se sont accélérés au cours des dix dernières années pour atteindre 300 milliards de dollars en 2015. Les investissements directs étrangers progressent encore plus vite, à un rythme annuel de l'ordre de 40%. Le stock d'IDE chinois sur le continent est estimé à 35 milliards de dollars, quand les projets d'investissement chinois en Afrique ont dépassé les 2,5% milliards de dollars en 2016». Yaobin Shi Vice-ministre chinois des Finances Si la Chine et l'Afrique sont éloignées géographiquement, elles présentent beaucoup de similitudes et d'intérêts communs qui appellent un partenariat fécond. La Chine a déjà investi depuis le 2e forum «Investir en Afrique» pas moins de 60 milliards de dollars en Afrique». Des pistes pour favoriser l'investissement Les participants ont formulé un certain nombre de propositions pour permettre à l'Afrique de tirer profit de son potentiel d'investissement. En ce qui concerne l'agriculture, les principaux défis sont relatifs au foncier, à l'adaptation aux changements climatiques et à l'innovation technologique pour améliorer la productivité à travers notamment l'intégration de l'Afrique dans les chaînes de valeurs mondiales. Pour ce qui est de l'énergie, la gouvernance du secteur, les réformes des modèles de compagnie d'électricité, la diversification des sources d'énergie et la réalisation d'infrastructures énergétiques sous-régionales ont été, entre autres, les propositions des panélistes pour un accès universel à l'électricité. Concernant l'éducation, le développement des compétences pratiques pourrait contribuer à résoudre le problème du chômage et à prendre en charge les besoins en matière de développement local. La promotion de l'utilisation du numérique au niveau de l'enseignement devrait aussi contribuer à la réduction de la fracture numérique entre l'Afrique et le reste du monde. Enfin, concernant la finance, les échanges ont mis en exergue les avancées dans la mise en œuvre des stratégies d'amélioration de l'inclusion financière surtout avec le développement du mobile banking.