C'est au tour des médias espagnols de braquer les projecteurs sur le Maroc à l'occasion des élections législatives du 25 novembre. L'avenir politique du royaume suscite en effet un grand intérêt en Espagne. À J-1 du scrutin, les analyses et les pronostics vont bon train. Les médias suivent de très près la scène politique marocaine, passant à la loupe l'ensemble des manifestations liées aux élections. Surprise par la tournure des événements au Maroc suite au printemps arabe, l'Espagne s'est lancée dans une tentative de prévoir le verdict des urnes. C'est de la sorte que nos voisins ibères se sont prêtés volontiers au jeu délicat des pronostics sur les résultats du 25 novembre. L'agence espagnole EFE a déjà publié une série d'articles ayant comme pivot notre rendez-vous électoral. Démocratie, islamistes et dissidents sont les thèmes retenus pour éclairer le lecteur espagnol sur la portée et les enjeux du scrutin. Dans le volet démocratie, EFE estime que le 25 novembre met à l'épreuve le «caractère démocratique des réformes entreprises». Sous de fausses questions sur la possibilité d'un scénario à la tunisienne, les médias estiment que le prochain gouvernement marocain devrait composer avec la formation islamiste. Selon EFE, le PJD est considéré comme l'un des partis les plus populaires et donné comme favori aux élections, selon ce que laisse entendre la rue marocaine. D'après le quotidien de centre-droite Diario de Sevilla, à travers la question de qui peut gouverner le nouveau Maroc, l'éditorialiste considère que la balance penche en faveur du PJD. Ses arguments : «une classe politique marocaine vétuste, à court d'idées et de plus en plus éloignée des aspirations de la jeunesse marocaine», ajoutant que «le rendez-vous du vendredi est la énième opportunité pour ne pas perdre le dernier train de la citoyenneté maghrébine». Par ailleurs, les médias s'accordent à dire qu'un taux élevé d'abstentions demeure la grande hantise. D'après El Pais, la campagne électorale ne semble pas soulever beaucoup d'enthousiasme auprès de la population. Un commentaire basé sur les conclusions de la délégation de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, laquelle a effectué une visite in situ. Cependant, l'on estime que les élections seront un véritable baromètre du processus de changement initié avec la nouvelle Constitution. El Pais s'est intéressé également aux manifestations appelant au boycott des élections. De même, il a présenté une analyse des trois blocs importants se disputant les élections, à savoir les partis traditionnels comme l'Istiqlal et l'USFP, le PJD et la coalition du G8. Toutefois, le quotidien espagnol estime que le rendez-vous électoral ne fait pas que des heureux, en référence à la déception des MRE, lesquels ne peuvent pas voter «ni même par courrier», malgré les promesses faites à cette communauté de prendre part, d'une manière active, à la vie politique nationale. En attendant que les urnes dévoilent leur secret, le Maroc de l'après-25 novembre aura à composer avec une droite espagnole qui n'a cessé de lui donner du fil à retordre. Toujours est-il que le pouvoir, ou du moins l'ivresse de la victoire, semble lénifier les propos des quadras du parti conservateur. À commencer par leur chef. Ainsi, Mariano Rajoy, dans un article publié dans la version espagnole du magazine «Foreign Policy», a écrit noir sur blanc que les relations avec le Maroc doivent «occuper une place importante». Et à Jorge Moragas, chef de cabinet de Rajoy et coordinateur des relations internationales d'appuyer les dires de son président. Dans un entretien accordé au quotidien ABC proche des conservateurs, Jorge Moragas a assuré qu'il n'existe aucun risque d'un retour au passé dans les relations avec le Maroc. Le membre du bureau exécutif du Parti populaire a ajouté que «l'attitude du PP est pleinement constructive et le parti a été parmi les premiers à soutenir les réformes pilotées par le roi Mohammed VI». Le président populaire de la ville de Melilia, Juan José Imbroda, réputé pour ses déclarations peu amènes envers le Maroc, semble aussi verser de l'eau dans son vin au lieu du gaz qu'il mettait, en toute occasion, dans l'eau. «Le Maroc ne doit pas avoir peur de l'arrivée du PP au pouvoir», a-t-il claironné. À l'évidence, il n'y a pas que les Marocains qui attendent avec impatiebce les résultats des élections législatives du 25 novembre.