Le groupe spécialisé dans la semi-conserve de poisson et l'Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM), confirment, aujourd'hui à Agadir, la signature de la première convention collective en faveur des employés, au niveau de la région du Souss. Après plusieurs rounds de négociation, les pourparlers entre le top management du groupe Andrexport, spécialisé dans la semi-conserve du poisson et l'Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM) ont finalement abouti à la signature de la première convention collective au niveau de la région du Sud. Et c'est mercredi dernier que cette convention devrait être paraphée, à la wilaya de la Région Souss-Massa, entre les deux parties, en présence du ministre de l'Emploi et de l'insertion professionnelle. «Les négociations ont commencé l'année dernière, à l'issue d'une formation des délégués et représentants syndicaux, et se sont déroulées dans une atmosphère constructive», commente Zafati Abderrahmane, directeur de la société Andrexport qui exporte près de 1.000 tonnes par an grâce à ses deux unités (Ait Melloul et Biougra). Pour Zafati, cette convention apporte avant tout la stabilité dans les relations de travail entre employeurs et salariés, ainsi que la paix sociale, après deux grèves qui ont complètement paralysé en 2013, l'activité de ce groupe. C'est durant cette période aussi que la zone industrielle d'Aït Melloul qui est le poumon économique du Souss a été touchée par des grèves à répétition, notamment au sein des sociétés Sotemag, Aveiro Maroc et bien d'autres. «La conclusion de cette convention n'aurait probablement pas abouti sans la résolution de la problématique de l'encadrement et le déficit en termes de formation syndicale. Mais ce qui est important, c'est qu'elle poussera les autres entreprises à conclure des conventions collectives pour instaurer la paix sociale dans la région du Souss qui a une vocation exportatrice», précise Semlali Abdelghani, membre du bureau exécutif de l'UGTM et secrétaire régional et provincial de cette instance à Agadir-Inzegane. Dans le détail, cette convention collective aura une durée de trois ans, renouvelable par tacite reconduction. Les employés (800 ouvriers, dont une partie saisonnière) bénéficieront de plusieurs avantages sociaux qui sont formalisés dans cette convention. Ils portent sur les modalités de transport, une salle d'allaitement équipée pour les femmes en plus du panneau d'affichage syndical ainsi que les autorisations d'absence et allocations de même que des primes de rendement. S'y ajoute l'appui aux activités syndicales et une campagne médicale annuelle... Les clauses de cette convention remplaceront l'ensemble des contrats individuels et collectifs s'ils sont moins avantageux pour les salariés par rapport à celles-ci. Pour le droit syndical, les deux parties se sont engagées à respecter l'exercice de la liberté et l'appartenance syndicale à travers la mise en place d'un local pour les réunions au sein de l'entreprise en plus d'un tableau d'affichage et un registre pour les délégués des ouvriers et représentants syndicaux pour émettre leurs réclamations sans oublier les autorisations d'absence motivées par des raisons professionnelles. En ce qui concerne la répartition des attributions, les délégués se chargeront des conflits individuels alors que les représentants syndicaux des conflits collectifs. Sur ce dernier point, les deux parties se sont engagées à organiser annuellement des négociations collectives, sous bonne foi, au sujet des conditions de travail et le régime des indemnisations et avantages en plus de l'instauration de la résolution des conflits. Jamal Diwany Président de la commission du développement social au sein du Conseil régional Souss-Massa Les Inspirations ECO: Depuis quatre ans, la zone industrielle d'Ait Melloul subit des grèves à répétition... Jamal Diwany : Les grèves à répétition ont touché quasiment tous les secteurs d'activité (agricole, hôtelier, industriel, BTP...). Cette situation m'a interpellé, il y a 5 ans au moment où j'avais pris la responsabilité en tant de vice-président de la CGEM-SM chargé du Climat des affaires et de la médiation sociale. Après analyse des causes de la détérioration du climat social dans plusieurs entreprises de la région nous avons commencé par acter en 2014 un partenariat sur la médiation sociale entre les centrales syndicales les plus représentatives et la CGEM-SM. Nous avons ensuite travaillé sur le rétablissement de la confiance entre les parties, notamment à travers la formation des délégués du personnel, les séminaires et commissions de réconciliation... La convention collective est-elle donc une suite logique de ces actions ? Depuis une année, nous avons proposé au bureau exécutif de la région, à travers la commission du développement social relevant du conseil régional, un programme de formation au profit des représentants du personnel des entreprises en commençant par celles qui se sont engagées dans la promotion du dialogue social. L'objectif entre autres de ce programme de formation est d'assister les entreprises et leurs représentants du personnel sur le plan juridique et celui des techniques de négociation en vue d'établir une convention collective. La convention qui sera signée entre l'UGTM et la Société Andrexport est l'aboutissement de ce programme. Comment les divergences entre syndicats et patrons ont-elles pu être dépassées ? Dans une démarche purement participative, cette formation a pris en considération les besoins réels des représentants du personnel, les impératifs pédagogiques des formateurs et les historiques de la formation approuvés par les entreprises. Ce programme de formation a duré 6 jours et a été assuré par des professionnels du domaine et des universitaires experts en droit social, en partenariat avec la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales d'Agadir relevant de l'Université Ibn Zohr. L'évaluation positive de ce programme nous a confirmé le rôle déterminant de l'encadrement qui a eu un impact certain sur la relation entre les chefs d'entreprises et les représentants du personnel ; en témoigne cette première convention sachant que d'autres conventions suivront dans un proche avenir.