«La musique andalouse n'est pas élitiste». Les membres de l'Association des amateurs de musique andalouse du Maroc n'ont pas cessé de le répéter lors de la conférence de presse tenue en fin de semaine dernière à Casablanca, afin d'annoncer le programme de la 8e rencontre des Andalussyate. D'ailleurs, l'objectif de cette association à travers l'organisation, il y a sept ans, de cette manifestation est de vulgariser ce genre musical ancestral et surtout d'éviter qu'il ne sombre dans l'oubli. Cette année encore, une programmation musicale éclectique a été concoctée par les organisateurs, afin justement de revigorer la musique andalouse. Le coup d'envoi de cette nouvelle édition sera ainsi donné le 30 novembre au Théâtre Mohammed V à Rabat. C'est l'orchestre Farabi de musique arabe de la Tunisie qui ouvrira le bal. La deuxième partie de ce premier spectacle sera assurée par le célèbre orchestre du regretté Mohamed Larbi Temsamani. Le lendemain, c'est la capitale économique qui accueillera le deuxième concert. Les maîtres Ahmed Zaitouni, Omar M'tioui, Jamaleddine Benallal et Said Belcadi transporteront, sans aucun doute, le public casablancais dans l'univers lyrique de cette musique. Deux autres spectacles sont programmés le 2 décembre à Casablanca (Salle Megarama et Théâtre Mohammed VI), avec notamment une fusion entre l'orchestre de la ville de Fès et celui de Tétouan. La dernière étape du festival n'est autre qu'El Jadida, qui abritera deux concerts le 3 et le 10 décembre. «En programmant les deux derniers spectacles à El Jadida, nous rendons un hommage appuyé au président fondateur d'Andalussyat, Mouâad Jamaï, actuellement gouverneur de cette ville», a précisé le directeur sponsoring et relations extérieures de l'Association, Aziz Alami. Les vétérans et... la nouvelle génération Andalussyat est aussi une occasion pour rendre hommage à des figures emblématiques de l'art et de l'histoire au Maroc. Abdelhadi Tazi, qui n'est plus à présenter ainsi que le virtuose du rebab, le défunt Ahmed El Ghazi seront ainsi honorés lors de cette édition. Les conférences scientifiques seront indubitablement l'un des points forts, avec pour thèmes : la musique andalouse marocaine, son histoire, ses grands maîtres et la musique andalouse entre impératifs des conservateurs et pression des réformateurs. Toutefois, la mise en place d'une chorale composée de jeunes élèves d'une école privée casablancaise (elle se produira le 2 décembre à Casablanca) reste la grande nouveauté de cette édition. «Ce sont de jeunes âgés entre 12 et 18 ans que nous avons initiés à la musique andalouse. Je peux assurer que plusieurs d'entre eux avaient des idées reçues sur ce style de musique. Des idées chassées après avoir découvert les textes de la musique andalouse qui sont d'une beauté indescriptible», nous confie le vice-président de l'Association Abdelhamid Es-sbai. Bref, Andalussyat promet des moments forts de musique et de débat pour le plus grand bonheur des amateurs de cette musique. Ahmed Hjiej, Président de la 8e rencontre des Andalussyat 2011. «Il faut former les jeunes pour préserver ce patrimoine» Les Echos quotidien : Quelles sont les particularités de la 8e édition des Andalussyat ? Ahmed Hjiej : Cette année, nous avons décidé d'initier les jeunes à la musique andalouse, d'où l'idée de mettre en place une chorale composée de jeunes. En effet, nous avons constaté que ces derniers s'intéressent aujourd'hui à la musique moderne plutôt que celle traditionnelle. L'autre particularité de cette édition demeure la participation d'un orchestre algérien féminin. L'objectif étant de rendre hommage à la femme artiste. Il y aura aussi des fusions entre les différents orchestres conviés à cette manifestation. C'est une façon de créer un certain échange de méthodes de présentation de la musique andalouse. Concrètement, pensez-vous que la relève est assurée ? Je pense qu'elle est assurée, mais il faut travailler davantage pour être sûr qu'il y a des jeunes prêts à porter le flambeau. La nouvelle technologie a envahi l'espace auditif des enfants. Il fait donc leur proposer quelque chose d'autre afin de préserver notre patrimoine national. La formation demeure notamment un point important si l'on veut que la musique andalouse reste présente sur la scène artistique nationale et internationale. Le festival fête cette année son 8e anniversaire. Avez-vous pensé à lui donner une dimension internationale ? Chaque année, on essaie de faire voyager notre concept Andalussyat à travers le monde. C'est ainsi que plusieurs concerts ont eu lieu dans ce cadre notamment à Paris, à Madrid, à Alger et à Bruxelles. Nous envisageons par ailleurs organiser des concerts l'année prochaine à Montréal, au Canada où il y a une forte communauté marocaine musulmane et juive.