Faïçal Mekouar, Vice-président général de la CGEM Devant l'imminence de l'adoption d'une Stratégie nationale de développement durable, où la part belle sera accordée au secteur privé, nous avons rencontré Faïçal Mekouar, vice-président général de la CGEM, qui nous entretient des attentes, des actions et des ambitions du privé durant cette phase de transition énergétique. Les Inspirations ECO : La CGEM a participé à la dernière conférence du Secrétariat d'Etat au développement durable (SEDD) où il a été annoncé qu'une Stratégie nationale de développement durable sera bientôt adoptée. Avez-vous participé à l'élaboration de ce texte ? Faïçal Mekouar : La Stratégie nationale de développement durable est un élément clé dans la mise en application sur le terrain de la loi-cadre portant charte de l'environnement et du développement durable. Son objectif est d'analyser et d'évaluer toutes les stratégies sectorielles du Maroc sous le prisme du développement durable. De cette analyse vont découler de nouvelles orientations pour accéder à une économie plus verte. Ceci impose donc aux entreprises de repenser leurs modèles de développement et une réallocation de leurs investissements vers des technologies novatrices leur permettant de produire mieux en émettant moins tout en restant compétitives. Elles ont pour cela besoin d'un appui du gouvernement pour mettre en place les mesures nécessaires à cette transition, notamment aux niveaux réglementaire et fiscal. La CGEM est membre du comité de suivi de cette stratégie, et a prôné une communication et un dialogue continu autour de ladite stratégie auprès des opérateurs économiques. Lors de cette rencontre, il a été également rappelé, avec une certaine insistance, le rôle déterminant du privé dans la transition énergétique. Où en est la CGEM dans le déroulé de l'Initiative entreprises climat Maroc (IECM) ? Nous avons élaboré, depuis le lancement de l'IECM, un plan de mise en œuvre pour les années 2017 et 2018 avec une série d'actions qui sont en cours de déploiement depuis janvier dernier. Ainsi, nous avons développé plusieurs outils de sensibilisation dont un site web (www.cmpp.co.ma), une newsletter mensuelle diffusée depuis février 2017, des soirées-débats mensuelles également sur des thématiques transverses et sectorielles depuis février également. Nous organisons également un forum «Entreprises Climat Maroc», le 6 juillet prochain à Casablanca. Et à cette occasion, nous diffuserons notre guide, en cours de réalisation, destiné aux entreprises pour leur permettre de se situer par rapport au changement climatique. Nous avons, par ailleurs, noué plusieurs partenariats avec des institutions nationales et internationales qui mobilisent de l'expertise et des financements pour nous accompagner dans la mise en œuvre de l'IECM. Nous préparons une grande étude sur le secteur privé marocain face aux défis/opportunités liés au changement climatique (CC), dont l'adjudicataire sera connu durant les jours qui viennent. Enfin, il faut savoir que la CGEM est accréditée auprès de la CCNUCC en tant qu'organisation observatrice au sein des négociations climatiques. Ainsi, elle peut participer à toutes les COP ainsi qu'aux réunions des organes subsidiaires de la convention sur le climat. C'est à ce titre que notre groupe de négociateurs, qui portent la voix du secteur privé marocain, a participé aux dernières réunions en date, tenues du 8 au 18 mai dernier à Bonn. Les membres du patronat se sentent-ils vraiment concernés par la question du climat ? Je vous réponds sans hésitation «oui». Le changement climatique concerne tout le monde. Toutes les entreprises, petites ou grandes, tous les secteurs d'activités sont, à plus ou moins grande échelle, impactés. Un nombre consistant d'entreprises nationales, des grandes entreprises mais également des PME, ont développé des projets visant soit la réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre (atténuation), soit la diminution de leur vulnérabilité face au changement climatique (adaptation). D'ailleurs, je vous invite à venir assister à leurs témoignages lors de notre forum. En plus des actions du Centre marocain de production propre (CMPP), comment vous organisez-vous pour profiter des fonds locaux et internationaux de la finance verte ? Le contexte international, au niveau des financements verts, est aujourd'hui -après la COP22 et ses recommandations- très favorable aux projets visant la lutte contre le changement climatique. Dans le cadre du plan d'action de l'IECM, nous avons prévu l'accompagnement de 6 entreprises de différentes tailles dans divers secteurs s'activité et implantations géographiques afin de les aider à identifier leur potentiel de réduction de leurs émissions de GES, et/ou à évaluer leur vulnérabilité et partant à s'adapter. Grâce à une équipe d'experts en finance climat, nous allons accompagner ces entreprises dans le montage de leurs dossiers de demande de financement à présenter aux bailleurs de fonds, jusqu'à l'obtention des financements nécessaires. Aujourd'hui, le plus difficile n'est pas tant la disponibilité des financements que la mobilisation des moyens pour capter ces financements. Les procédures sont longues et fastidieuses; c'est pour cela que les entreprises ont besoin d'être accompagnées, ce que nous faisons à travers l'IECM.