Fructueuse, le terme est loin d'être exagéré pour qualifier les retombées de la visite du ministre chinois du Commerce extérieur au Maroc, Très attendu, le déplacement de Deming Chen aura permis au Maroc de signer une panoplie d'accords avec l'empire du milieu dans le but de dynamiser les partenariats, l'investissement et les relations bilatérales entre les deux pays. Loin d'être un argumentaire classique devant juste étoffer un communiqué de presse, les intérêts économiques entre les deux pays, et principalement pour la partie marocaine, sont énormes. D'ailleurs, le Maroc n'aura pas attendu pour faire bénéficier la filière «phosphates», dès le deuxième jour de la visite de Deming Chem, d'un gros contrat. En effet, l'Office chérifien des phosphates (OCP) a signé, lundi à Rabat, un contrat avec la société chinoise Sinochem Corporation, pour l'achat d'engrais chimiques auprès de l'exportateur marocain. Il s'agit d'un volume annuel livré de 500.000 tonnes d'engrais chimiques Diammonium Phosphate et ce, sur la période 2011-2014. Un nouveau marché et un gros client, réputé pour son appétit, qui s'offre à l'OCP, ce qui est de nature à soutenir les exportations des phosphates et de leurs dérivés. Dans un contexte plus général, ce contrat tombe à pic sur fond de « renchérissement des cours mondiaux des produits phosphatés et d'une demande étrangère plus soutenue», comme le soulignait encore une fois le Haut commissariat au Plan (HCP) dans l'une de ses dernières lectures de la conjoncture. Le phosphate n'est qu'un premier pas Par ailleurs, du côté officiel, on parle de «promotion du commerce et de l'investissement entre les deux pays», pour justifier la signature de cet accord...et d'un autre partenariat sur un tout autre volet, où l'expertise chinoise est bien connue. Les deux gouvernements ont en effet, signé par la même occasion, un mémorandum d'entente pour une contribution chinoise au financement de la réalisation de l'autoroute Berrechid-Beni Mellal. Cette coopération devrait porter sur un montant de 248 millions de dollars, ce qui équivaut à près de 2 milliards de dirhams. Un montant qui s'ajoute à ceux déjà accordés par le Fonds arabe pour le développement économique et social et la Banque européenne d'investissement (BEI), pour le même projet. L'accord a été signé par Othman Fassi Fihri, le directeur général de la société nationale des autoroutes du Maroc (ADM) et Zhu Hongjie, le vice-président de la banque export-import de Chine (EXIM Bank). Cette institution financière, faut-il le souligner, est en plein renforcement de ses partenariats sur le continent africain, notamment dans le domaine des infrastructures de transport. La riziculture tente Dans la foulée, l'agriculture est aussi dans la visée de rapprochement commercial avec l'empire du milieu. Pékin a donc promis à Rabat son soutien technique dans le domaine de la riziculture, avec l'envoi au Maroc d'experts chinois en la matière. Fait important également à un moment où les cours internationaux de céréales sont ce qu'il sont en matière et que plusieurs pays ont déjà commencé, en parallèle avec le développement de solutions pour atténuer les impacts de ces envolées à penser des «substituts» en cas d'aggravation de la situation. Sous un angle macro-économique, il n'est plus à démontrer que le gouvernement marocain est en train de chercher voies et moyens d'atténuer le déficit qui caractérise la balance commerciale bilatérale en faveur du pays asiatique. La tâche ne sera pas facile, surtout si l'on sait que Pékin entretient des ambitions croissantes de développement de ses exportations vers le royaume. Avec 26.8 milliards de dirhams (MMDH), la Chine est le troisième partenaire commercial du royaume en 2010. Une position que l'empire compte bien conserver, voire dépasser, même si ce montant ne représente, de nos jours, que 6% des échanges de marchandises réalisés par le Maroc avec l'étranger. Quant aux exportations marocaines vers ce pays, elles ne constituent, en valeur, qu'un peu plus d'un milliard de dirhams, soit une part d'1,2% des exportations marocaines totales. Le contrat de la relance L'accord que vient de sceller l'OCP avec la société chinoise Sinochem Corporation vient relancer les exportations de l'Office sur le marché chinois, même si on remarque que le volume a été substantiellement revu à la baisse. En effet, pour rappel, sur la période 2007-2011, le phosphatier marocain a fourni annuellement près de 750.000 tonnes d'engrais phosphatés à cette même société. Pour ce nouveau contrat, il était tout à fait légitime de s'attendre à ce que ce volume soit revu à la hausse, ou au moins maintenu au même niveau, d'autant plus qu'on sait que l'OCP est à la recherche d'une diversification de débouchés pour ses produits sur le marché international. En 2005, le volume exporté vers la Chine était de l'ordre de 200.000 tonnes par an. Aujourd'hui, l'Office est en pleine mise en œuvre d'un important programme d'investissement, pour augmenter sa capacité de production de Diammonium Phosphate (DAP) et de Monoammonium Phosphate (MAP). Un programme qui devrait voir sortir de terre quatre nouvelles usines identiques de production de DAP et de MAP, dotées chacune d'une capacité d'un million de tonnes par an (MT/an) et dont la construction et la mise en service s'étaleront sur la période de juillet 2013 à juillet 2015. Par ailleurs, les exportations de phosphates et dérivés se sont établies à 35,63 milliards de dirhams (MMDH) à fin décembre 2010 contre 18,12 MMDH une année auparavant, affichant ainsi une hausse significative de 96,6%, selon l'Office des changes.