Le gouvernement marocain et la Banque africaine pour le développement ont convenu d'une nouvelle stratégie de coopération dans les cinq années à venir. La BAD qui vient de dresser le bilan de son intervention au Maroc lors d'un point de presse tenu hier à Rabat, salue, comme à l'accoutumée, le partenariat privilégié avec le royaume. Le Maroc continue d'être le premier client de la Banque africaine de développement. En 2016, le portefeuille de la banque au royaume comprend 35 opérations pour un engagement d'environ 2,5 milliards de dollars. Aucun chiffre officiel ne filtre sur le taux d'intérêt des financements de la BAD aux projets marocains. Interrogé sur cette question par les Inspirations ECO, la directrice générale adjointe de cette institution pour la région Afrique du Nord, Yacine Fal, n'a pas souhaité donner de précisions chiffrées. Elle s'est contentée de souligner que «les financements bénéficient d'un délai de grâce de plus de dix ans et sont de très long terme avec des remboursements sur vingt ans et des marges minimes». La responsable africaine salue la convergence des objectifs et des stratégies du Maroc avec les cinq priorités de la banque qui est «associée à une grande partie des projets majeurs dans le pays». Avec le gouvernement marocain, une nouvelle stratégie d'intervention de la BAD au Maroc a été définie, en mars dernier, pour les cinq prochaines années. Une enveloppe d'1,3 MMDH est prévue pour cette période. L'appui financier portera sur le développement durable du tissu industriel, la création d'emploi notamment pour les jeunes et les femmes et l'amélioration de la qualité et la pérennité de l'emploi en zone rurale. Ces nouveaux financements viendront compléter ceux déjà engagés dans plusieurs secteurs. Sur le plan agricole, la contribution de la BAD à la mise en œuvre du plan Maroc vert est à hauteur de 340 millions d'euros soit 3,7 milliards de dirhams, ce qui a permis en 2016 d'attirer plus d'1,2 milliard de dirhams d'investissements privés dans les contrats-programmes filières. La BAD porte un intérêt particulier à l'agriculture sur le continent africain. D'ailleurs ses assemblées annuelles cette année en Inde seront dédiées à la transformation de l'agriculture pour créer de la richesse en Afrique. L'expérience marocaine dans ce domaine sera présentée et discutée lors de cette rencontre. Par ailleurs, la banque met en avant son financement pour la modernisation de l'aéroport de Marrakech-Menara afin qu'il puisse accueillir trois millions de passagers supplémentaires soit neuf millions de voyageurs par an. La contribution de la banque porte également sur le financement des infrastructures portuaires de dernière génération via la construction du port de Nador West qui créera 108.000 emplois dans la région. En outre, la banque contribue au renforcement de l'offre de transport ferroviaire. Il s'agit notamment du dédoublement de la voie se trouvant entre Marrakech et Casablanca qui fait gagner 30 minutes de trajet aux passagers. Dans le secteur de l'énergie, Yacine Fal affiche sa fierté du financement du complexe solaire Noor : outre la contribution à la lutte contre les changements climatiques et la diversification du mix énergétique, la dynamique enclenchée permet la création de quelque 3.000 emplois temporaires pendant la phase de construction et 300 permanents. En matière de développement social, la BAD se félicite d'avoir pu accompagner une réforme majeure, celle de la couverture médicale de base. S'agissant de l'ancrage africain du Maroc et ses ambitions dans le continent, l'institution africaine a réalisé des études sur les barrières tarifaires entre le royaume et le reste de l'Afrique et apporté une assistance technique à Maroc Export. Une ligne de crédit a également été mise en place pour accompagner les acteurs marocains dans le développement sur le reste du continent. Secteur de l'eau : 300 millions d'euros pour les projets en cours L'un des secteurs clés de l'intervention de la BAD depuis des années est celui de l'eau et de l'assainissement. La banque travaille en coopération avec l'Office national de l'électricité et de l'eau potable avec lequel elle souhaite consolider la relation en 2017/2021. Le montant d'investissements dans le secteur est d'1,1 milliard d'euros soit 12 MMDH, ce qui place la banque africaine de développement au premier rang des bailleurs de fonds du Maroc dans le secteur de l'eau. Actuellement, les investissements dans les grands projets structurants en cours d'exécution financés par la BAD sont de 300 millions d'euros. Ils visent, en premier lieu, le renforcement de la quantité et de la qualité de l'approvisionnement en eau potable sur l'axe Rabat-Casablanca pour environ cinq millions de personnes dès 2014. L'objectif est aussi l'approvisionnement en eau potable d'environ deux millions d'habitants dès 2017 dans la zone de Marrakech, d'Al Haouz et d'Al Kalaa. Il s'agit aussi de l'amélioration de la qualité de l'eau au niveau du système de Bouregreg. Parmi les projets phares figure celui du renforcement de l'approvisionnement en eau potable de la côte atlantique à partir du barrage Sidi Mohamed Ben Abdellah à travers la nouvelle station d'Oum Azza. Conçu sur la base des besoins prioritaires de l'ONEE, le projet dont le coût global actualisé est d'environ 1,9 MMDH vise le renforcement de l'approvisionnement en eau potable des villes situées sur l'axe Rabat-Casablanca ainsi que les centres urbains et ruraux avoisinants en vue de garantir les besoins en eau potable de ces zones jusqu'en 2030.