La BAD est considérée comme le premier bailleur de fonds du Maroc puisqu'elle cumule actuellement 25 MMDH d'engagements en cours. Retour sur une année 2013 assez riche. Le groupe Banque africaine de développement a été très actif au Maroc au cours de l'année 2013. Un bilan d'étape est aujourd'hui de mise pour savoir où en sont les engagements de ce partenaire qualifié de «premier bailleur de fonds» du Maroc. À elle seule, l'institution cumule actuellement au Maroc un volume d'engagements de 2,3 milliards d'euros soit 25 MMDH. Au total, le portefeuille actif de la banque est composé de 30 opérations dont 16 prêts totalisant 24 MMDH (99.6%) et 14 dons totalisant 1 MMDH (0,4%). Les 14 dons sont représentés par 13 assistances techniques sur financement du Fonds d'assistance technique des pays à revenus intermédiaires (FATPRI), dont 4 spécifiques à la réalisation d'études, et 1 don de la Facilité africaine de l'eau (FAE). «La configuration du portefeuille actif témoigne d'une forte concentration des interventions de la banque dans les infrastructures, qui représentent près de 90% des engagements», précise Yacine Fal, représentante-résidente de la BAD au Maroc. Les 20% restants sont consacrés à des thématiques comme les énergies renouvelables ou encore l'agriculture, l'éducation ou l'appui aux réformes gouvernementales. Des 30 opérations en cours, on retrouve deux prêts pour un total de 2,5 MMDH et quatre dons sur les financements du Fonds d'assistance technique des pays à revenus intermédiaires (FATPRI), d'un total de 24 MDH, lesquels ont été approuvés en 2013. Dans le détail, le premier prêt, qui a été approuvé par le conseil en juillet 2013, porte sur le financement du Programme d'appui à l'adéquation formation-emploi (PAAFE). Il a fallu attendre décembre 2013 pour voir le deuxième prêt approuvé par le conseil. Ce dernier concernait le financement du Programme d'appui à la réforme de la couverture médicale dans sa phase 3. S'agissant des quatre dons, ils concernent le financement de l'étude du plan directeur d'alimentation en eau potable de la zone nord du bassin hydraulique de la Moulouya (2,6 MDH), l'appui à la modernisation du cadre organisationnel de la gestion de la dette pour le pôle dettes du Trésor (6,8 MDH), l'appui technique pour l'élaboration d'un système d'informations décisionnel de la carte sanitaire du Maroc (4,8 MDH) et enfin un don pour le financement du projet de mise en place d'une université numérique au sein de l'Université internationale de Rabat (9,8 MDH). «La banque accompagne également le Maroc par des études et des assistances techniques financées par les ressources des fonds fiduciaires de transition, dans le cadre du partenariat de Deauville», tient à rappeler la nouvelle représentante-résidente de la BAD au Maroc. Au cours de l'année 2013, six nouvelles opérations ont été approuvées dans ce cadre pour un montant total de 1,6 million d'euros. Ces opérations, qui sont directement gérées par la banque, touchent plusieurs secteurs. Il est question de la stratégie de financement du secteur de la santé à l'assistance technique et au dialogue national sur les nouveaux rôles constitutionnels de la société civile, en passant par l'évaluation de la qualité de la formation professionnelle. Ces opérations ont également concerné l'étude d'identification des besoins en compétences du secteur des BTP pour l'élaboration d'un plan de formation à l'horizon 2015, la valise de formation pour la participation des femmes aux instances élues et la mise en place d'un système d'accompagnement pour l'insertion des lauréats de l'enseignement supérieur. C'est dire que l'engagement de la BAD a dépassé le seul périmètre économique pour toucher l'éducation et la société civile. La BAD s'aligne sur la réglementation marocaine Yacine D. Fal, représentante-résidente au Maroc du groupe de la Banque africaine de développement (BAD) Les ECO : Depuis janvier 2014, vous êtes la représentante-résidente du bureau marocain de la BAD. Quelle appréciation faites-vous des efforts fournis par le Maroc sur le plan du développement économique ? Yacine D. Fal : Malgré mon arrivée récente, il y a deux mois et demi, j'ai eu l'occasion de mesurer la qualité exemplaire de la coopération mise en place depuis 1970 entre le Maroc et la Banque africaine de développement (BAD), consolidée au fil des années. La banque a toujours eu pour ambition d'accompagner le royaume dans ses grands projets structurels ainsi que ses réformes économiques. Le partenariat avec le Maroc est donc important pour la banque et est à la hauteur des engagements du pays pour un développement qui se veut plus inclusif et une croissance toujours plus verte. Les grands projets ambitieux et novateurs dans les énergies renouvelables tel que le solaire, l'éolien, le Plan Maroc vert dans le domaine de l'agriculture, le développement des réseaux routiers et autoroutiers, des chemins de fer, de l'infrastructure aéroportuaire, des systèmes d'eau et d'assainissement... sont autant de réalisations que la banque accompagne. De même, les réformes engagées par le Maroc en matière de gouvernance, système de santé ou encore l'enseignement supérieur et la formation professionnelle bénéficient également d'un fort appui de notre institution. Enfin, la banque soutient également le secteur privé et est désireuse d'accompagner aussi le Maroc dans son engagement de plus en plus fort vers le Sud, en Afrique. Ainsi, je suis particulièrement heureuse de débuter mon mandat au Maroc, dans un pays engagé dans cette forte dynamique totalement en phase avec la mission de l'institution, tout autant que ses priorités stratégiques. 2014 démarre sur les chapeaux de roue. Quel est votre plan d'action pour cette année ? Le groupe de la banque accompagne le Maroc dans ses politiques stratégiques tant structurelles que sectorielles, en poursuivant un objectif commun : promouvoir une croissance inclusive, qui bénéficie donc à tous les Marocains sur l'ensemble du territoire national, et qui soit respectueuse de l'environnement. Alignée sur les priorités du gouvernement marocain, la stratégie qu'a adoptée la BAD au Maroc pour la période 2012-2016 repose sur deux piliers majeurs : le renforcement de la gouvernance et de l'inclusion sociale d'une part et le soutien au développement des infrastructures vertes d'autre part. Dans ce sens, nous nous engageons encore plus fortement depuis le début de l'année 2014 aux côtés de nos partenaires. Nous venons d'organiser au Maroc et avec succès les premières cliniques fiduciaires de la banque en matière de gestion financière, de décaissements et d'acquisitions des biens, de travaux et services dont l'objectif était d'analyser les problèmes auxquels font face les projets au Maroc et de définir un programme de formation qui réponde aux besoins spécifiques du pays. Concrètement, quel est le résultat attendu de ce programme ? Le but est d'améliorer l'efficacité de la mise en œuvre des projets et programmes, notamment à travers une maîtrise des règles et procédures tant de la banque que du pays. Cet atelier sera suivi par d'autres sessions en 2014, le prochain étant programmé dans quelques semaines, en avril. Par ailleurs, la banque vient de conduire une revue exhaustive et détaillée de ses politiques de passation des marchés en vue d'aligner ses politiques et ses processus d'acquisition aux fins de répondre efficacement aux exigences de développement de ses pays membres régionaux dans un environnement économique changeant, nécessitant une modernisation et une simplification des processus. Dans le cadre de cet exercice, la banque envisage de mener un dialogue inclusif avec l'ensemble de ses partenaires en vue de requérir leurs opinions et leur permettre ainsi de contribuer à asseoir la nouvelle politique de passation des marchés. Enfin, la banque entreprend cette année une revue à mi-parcours de sa stratégie (2012-2016) et poursuit son programme d'opérations suivant le calendrier défini. Le marché africain intéresse le Maroc au plus haut point. Comment la BAD peut-elle accompagner l'ambition marocaine ? La banque est concernée au plus haut point par la coopération Sud/Sud et a par exemple dans son pipeline un accompagnement en vue avec certains acteurs du secteur financier pour leur développement dans le continent. Une réflexion est également en cours à la banque sur les voies les plus pertinentes pour cet accompagnement, qui est au cœur de la mission de la banque, à travers l'optimisation des instruments existants et autour de nouvelles modalités potentielles de coopération Sud/Sud. La banque est disposée à faciliter ce processus grâce à son ancrage dans l'ensemble du continent et à son expérience avérée des enjeux du développement en Afrique. Ainsi, la banque suit-elle avec grand intérêt le renforcement des liens économiques du royaume avec certains pays africains. Bio express De nationalité sénégalaise, Yacine Diama Fal, la nouvelle représentante-résidente de la Banque africaine de développement (BAD) a pris ses fonctions au cours du mois de janvier 2014, remplaçant ainsi l'Egyptienne Amani Abou Zaid. Elle est titulaire d'un diplôme d'études supérieures spécialisées (DESS) en droit international des affaires de l'université de Paris X, Nanterre après une maîtrise de droit privé obtenue en 1984 à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Elle a dirigé de 2007 à 2009 l'équipe chargée de la mise en œuvre des réformes à la BAD avant d'occuper à partir de 2009 le poste de chef de division.