Le nouveau programme du gouvernement vise la réalisation de pas moins de 800.000 unités à l'horizon 2021, de réduire de 50% le déficit en logements qui affecte pas moins de 120.000 foyers et de mettre à niveau environ 37.000 bâtiments menaçant ruine, mais bien plus que ces objectifs chiffrés, le ministère de l'Habitat cherche surtout à reconfigurer le marché en mettant l'accent sur l'habitat solidaire et participatif et en cherchant de nouveaux relais pour le segment du social et de l'économique. Le marché de l'immobilier se trouve aujourd'hui à un tournant. Derrière les nouveaux objectifs du gouvernement concernant ce secteur, annoncé récemment dans le cadre du programme gouvernemental, se cache en réalité les germes d'une nouvelle approche défendue par le ministre de l'Habitat. Et pour cause, le marché de l'immobilier connaît une véritable reconfiguration en ce début d'année 2017. Le repli du secteur justifié par le ralentissement relatif de l'activité du logement social, l'absence d'alternative dans le cadre du développement du nouveau produit, les difficultés liées au foncier dans le milieu urbain ou encore la frilosité du financement...poussent l'Exécutif à chercher de nouveaux relais. 800.000 logements en 5 ans Dans sa feuille de route, le gouvernement s'engage sur la réalisation de 800.000 unités à l'horizon 2021 afin de réduire le déficit et mettre fin à l'habitat insalubre. Il s'agit notamment de réduire de 50% le déficit en logement qui affecte pas moins de 120.000 foyers vivant toujours dans les bidonvilles. La démarche du département de Nabil Benabdallah, qui reprend sous son giron l'urbanisme et l'aménagement du territoire, vise également à poursuivre le projet de mise à niveau urbaine des quartiers sous-équipés afin d'améliorer les conditions de vie de pas moins de 200.000 familles. Sur le volet de la requalification des habitats menaçant ruines, le gouvernement vise à réhabiliter 37.000 bâtiments. Pour le département de Nabil Benabadallah, la tâche ne sera toutefois pas évidente (voir entretien). Les réalisations dans le cadre du programme de lutte contre les bidonvilles et en matière de logement social commencent à atteindre leurs limites et le ministère est conscient que les prochains paliers seront beaucoup plus difficiles à atteindre. C'est pourquoi la priorité est mise dans le cadre du nouveau programme gouvernemental sur le développement de produits alternatifs. Cap sur l'habitat participatif L'accent sera clairement mis sur l'habitat économique et sur le développement de produits adaptés pour la classe moyenne. L'objectif étant notamment d'encourager la production de logements sociaux et de logements économiques ainsi que la création d'un produit pour les familles démunies. Dans le milieu rural, le ministère compte lancer un nouveau programme prenant en considération les spécificités architecturales régionales et locales. Le ministère défend également l'encouragement du logement participatif et solidaire, la mise en place d'outils de promotion du logement social destiné à la location et de créer de nouveaux outils de financement de l'habitat. Il s'agit également de permettre aux familles démunies d'accéder à de meilleurs soutiens au financement selon des critères particuliers leur permettant d'accéder au logement économique. Une solution pour la classe moyenne Les difficultés rencontrées dans le segment du logement pour la classe moyenne constituent également une difficulté à surmonter pour le département de Benabdallah. Ce dernier entend mettre en place une nouvelle approche dans le domaine. Le programme du gouvernement ne donne pas plus de détails à ce niveau. Il précise toutefois que l'une des priorités de la démarche gouvernementale consistera à simplifier les procédures pour la formation d'un habitat groupé et de permettre à la classe moyenne un meilleur accès conformément à ses moyens et aspirations. Toilettage juridique Ces ambitions s'accompagnent d'un large chantier de mise à niveau juridique. Les efforts consentis durant la dernière législature ont certes permis d'améliorer la promotion des mesures de sécurité, de qualité et de durabilité dans l'acte de construire ainsi que le renforcement de l'arsenal juridique et la promotion des entreprises marocaines et l'organisation et l'accompagnement des salons professionnels. Toutefois, le département de Nabil Benabdallah doit désormais faire face à de nouveaux défis du fait notamment de l'élargissement de ses compétences à l'urbanisme et à l'aménagement du territoire. Il s'agira notamment d'apaiser les tensions autour de l'épineux dossier de la loi 66-12 sur le contrôle et la répression des infractions en matière d'urbanisme et de construction. Le ministère promet par ailleurs de moderniser le cadre juridique de l'intermédiation immobilière, d'explorer la mise en œuvre de la location avec option d'achat et de mettre en place le cadre juridique adéquat pour le logement solidaire et participatif.