Bernat Szabo, directeur général de Ford Afrique du Nord Doublement des achats de composants produits au Maroc pour approvisionner des usines européennes, créations d'emplois, élargissement de la gamme importée de Ford... autant de questions évoquées dans cet entretien par le très discret patron de la filiale nord-africaine de l'Ovale bleu. Les Inspirations ECO : En tant que directeur général de la division Afrique du Nord chez Ford, en quoi consiste concrètement votre travail ? Bernat Szabo : Mon équipe et moi supervisons la présence de Ford sur cinq marchés, à savoir le Maroc, l'Algérie, la Tunisie, l'Egypte et la Lybie. Concrètement, notre mission est de contribuer à la disponibilité des produits Ford auprès de nos clients en Afrique du Nord et d'apporter tout le support nécessaire à nos distributeurs en termes de vente, d'après-vente et de logistique, ainsi que d'autres services comme la garantie et les solutions de financement. Plus particulièrement au Maroc, notre rôle est d'identifier les goûts et besoins de nos clients pour mieux répondre à leurs attentes. Par ailleurs et comme tout le monde le sait, nous avons ouvert un bureau d'achat à Tanger qui s'approvisionne auprès de sous-traitants basés au Maroc pour fournir des composants à nos usines en Europe. Justement, deux ans après la création de cette centrale d'achat, quel en est le bilan ? Le premier bilan à faire concernant ce bureau concerne tout d'abord l'emploi. À Tanger, nous avons doublé notre effectif aussi bien en 2016 qu'en 2017. Par ailleurs et indirectement, ce sont des milliers d'emplois qui ont été créés suite à l'ouverture de ce bureau qui approvisionne principalement nos complexes industriels européens et en particulier, l'usine de Valence qui est l'une des plus modernes du continent, mais aussi les sites de Kocaeli en Turquie et Cologne en Allemagne. Bien que je ne sois pas en mesure de fournir des chiffres exacts autour de nos opérations d'achat, je peux toutefois vous annoncer que ce volume a plus que doublé en l'espace de deux ans, mais également vous assurer qu'il tourne autour de plusieurs centaines de millions de dollars. Si bien qu'aujourd'hui la plupart des voitures Ford produites en Europe intègrent un bon nombre de composants «made in Morocco» ! À votre avis, qu'est-ce qui manque dans la gamme proposée par l'importateur de Ford et qui pourrait contribuer de façon significative à la croissance de ses ventes ? Aujourd'hui, nous sommes 3e sur le marché automobile marocain et cela grâce à la performance exceptionnelle de notre partenaire SCAMA (NDLR : Groupe Auto Hall) ainsi qu'à un large line-up de produits. Même si notre gamme couvre aujourd'hui 90% des segments correspondant à la demande du marché automobile marocain, il existe quelques opportunités pour améliorer les ventes et la part de marché de Ford. Je pense notamment au segment du ludospace dans lequel nous serons bientôt représentés avec le Transit Connect, mais aussi à celui du SUV et plus spécialement le sous-segment des petits SUV où nous disposons de l'Ecosport qui connaît un joli succès à travers le monde et que nous prévoyons d'introduire au Maroc ultérieurement. Justement, pourquoi l'Ecosport n'est toujours pas commercialisé au Maroc ? Jusqu'ici et du fait que ce modèle n'est toujours pas produit dans une usine européenne, nous n'avons pas jugé viable son lancement et ceci pour une question de compétitivité tarifaire. D'ici la fin de l'année, l'Ecosport devrait désormais être produit également sur le vieux continent. Ce n'est qu'à partir de là que son introduction sur le marché marocain deviendra intéressante et viable. Qu'en sera-t-il des autres nouveautés ? Plus tard dans l'année, voire au tout début 2018, nous lancerons la nouvelle génération de la Fiesta. Il en sera de même pour la version facelift de la Mustang. En fait, le marché automobile marocain et plus généralement nord-africain suit la tendance européenne. Autrement dit, dès lors qu'un modèle restylé ou renouvelé est lancé en Europe, il n'y a aucune raison que sa commercialisation se fasse attendre au Maroc.