La filiale de la Banque Centrale Populaire, Bank Al Yousr, a organisé, ces 22 et 23 avril, le premier colloque scientifique de la finance participative. La rencontre dédiée au public a pour but de essentiel de dissiper certains préjugés auprès des futurs clients et ainsi les préparer à l'arrivée des nouveaux produits... Certaines idées reçues ont la peau dure... La finance participative au Maroc continue de nourrir des fantasmes du grand public quant à la rupture qu'elle pourra créer avec la finance conventionnelle. C'est en partie pour couper avec ces préjugés que la nouvelle filiale du groupe Banque Centrale Populaire, Bank Al Yousr, a décidé de tenir son premier colloque scientifique dédié à la future activité. Un colloque qui se veut différent des anciens forums organisés au préalable par d'autres institutions. L'idée étant de répondre aux questionnements du futur client qui, selon le top management, «a toujours été exclu du débat». C'est ainsi que tout au long du week-end, les différents experts et intervenants ont également eu l'occasion d'exposer et soumettre au débat public des études et recherches académiques ayant pour objet l'élargissement de la gamme des produits et services de financement participatif pour répondre aux besoins et attentes des clients et d'autre part identifier des aménagements à opérer dans le cadre juridique et réglementaire favorisant le développement de cette nouvelle industrie. En d'autres termes, l'idée est d'éclairer l'opinion publique sur la nature du financement participatif, son utilité ou encore l'état d'avancement du processus de démarrage de l'activité. En effet, à la veille du lancement des premières banques participatives, l'heure est à la vulgarisation et à la présentation des principes de cette industrie. Une opération assez délicate que les banques doivent prendre très au sérieux. «Demain, nous nous adresserons à un marché qui ne connaît pas encore ce que nous lui vendrons», souligne Mohamed Adib, directeur général de Bank Al Yousr. Une crainte valable, malgré les différentes études effectuées au préalable qui dévoilent un potentiel considérable sur le marché. Ceci dit, la mauvaise connaissance des produits ou - en termes plus justes - des contrats participatifs, pourrait représenter un obstacle de taille à une pénétration adéquate de la finance participative dans le marché marocain. Surtout que dans l'imaginaire du grand public certaines notions semblent floues. «Il n'y a pas d'intérêt, donc c'est gratuit ?» ou encore «la banque participative est une alternative à la banque conventionnelle»... Des questions récurrentes auxquelles les banques doivent faire face. Pour Bank Al Yousr, la finance participative vient en complément de la finance conventionnelle. «La compétition entre les deux marchés va pousser les banques classiques à innover pour s'aligner avec les offres participatives», souligne Abid. «La finance participative ouvrira de nouveaux horizons qu'il était impossible à la finance conventionnelle de franchir», selon Mohamad Hammour, directeur exécutif de Guidance Financial Group, partenaire d'Al Yousr. Pour lui, l'introduction de la finance participative est une suite logique du développement du secteur bancaire marocain, ce qui permettrait de drainer de l'épargne qui a échappé au circuit «normal». Jusqu'à présent, le législateur s'est limité à réglementer deux produits: «Mourabaha» et «Ijara». Ces produits sont caractérisés par un montage financier simple et donc d'une quasi-absence de risque. Il reste encore d'autres produits prévus par la loi bancaire et qui ne sont pas encore traités. C'est le cas pour «Moudaraba», «Moucharaka», «Salam» et «Istisna'a» qui constituent des produits orientés vers le financement des entreprises. En attendant, ces banques devraient se doter d'un comité pour surveiller et évaluer le dispositif du contrôle interne. Celui-ci devra auditer les activités de la banque mais s'occupera aussi de la gestion des risques relatifs à ces opérations. Mohamed Adib Directeur général Bank Al Yousr Les Inspirations ECO : Concrètement, quels sont les principaux objectifs de ce colloque ? Mohamed Adib : Nous avons un rôle important à jouer - et je pense que toutes les banques participatives doivent le faire - dans la présentation, l'explication ainsi que la vulgarisation de la finance participative aux clients et au grand public. C'est le moment opportun pour le faire. Aussi, il y a un ensemble de questionnements, de problématiques et de sujets qui se posent et il faudrait leur définir un cadre pour débattre. Ces questions, il faut les assumer et les discuter, puis les expliquer pour pouvoir avancer et faire évoluer la finance participative. Nous avons donc défini ces sujets, puis fait appel à des experts et des scientifiques nationaux et internationaux pour essayer de pousser la réflexion encore plus loin et ce n'est que le début. J'insiste sur la continuité de cet évènement. On remarque la présence de votre partenaire Guidance... Notre partenaire apporte beaucoup à notre Bank Al Yousr. Il ne faut pas oublier que c'est un opérateur incontournable sur la scène internationale dans la finance participative. À travers son expérience, il va pouvoir contribuer à la formation de la force de vente mais aussi favoriser la collaboration avec les parties influentes de la finance participative. Il est à noter que c'est grâce à Guidance qu'on a pu faire appel aux experts internationaux présents dans ce colloque. À quand les premiers produits Al Yousr ? Nous sommes prêts pour pouvoir démarrer la commercialisation. Nous attendons juste la mise en place des circulaires de Bank Al Maghrib...Nous comptons travailler avec toutes les catégories de clientèles que compte le marché marocain. Que ce soit avec les entreprises, les professionnels ou les particuliers. Nous souhaitons évoluer dans notre action à travers l'évolution du cadre réglementaire défini par le législateur. La banque espère aussi par la suite être une force de proposition vis-à-vis des pouvoirs publics pour accélérer le processus et pouvoir diversifier l'offre et satisfaire la clientèle qui choisit la finance participative.