Les laboratoires pharmaceutiques Galenica préparent une importante rencontre des ministres africains de la santé. Objectif : partager les expériences sur le secteur de la santé, mais aussi «vendre» l'expertise marocaine dans l'industrie pharmaceutique. Chez les laboratoires pharmaceutiques Galenica, l'avenir se dessine en Afrique. En témoigne le grand événement que l'industriel pharmaceutique marocain est en train de préparer activement. Intitulé «La première rencontre MenAfrique Santé», ce rendez-vous prévu les 17 et 18 avril prochains à Casablanca, se veut pionnier en son genre. Il devra amorcer une nouvelle ère, celle de l'approvisionnement de l'Afrique en médicaments par des pays africains. Le Maroc, qui compte pour l'un des rares pays du continent à disposer d'une industrie pharmaceutique digne de ce nom, devrait être le principal nouvel exportateur de médicaments vers le reste de l'Afrique. Vendredi 3 mars à Casablanca lors d'une réunion préparatoire de la rencontre MenAfrique avec les ambassadeurs africains accrédités au Maroc, le président directeur général des Laboratoires Galenica, Abdelghani El Guermai, a déclaré que les fabricants marocains de médicaments sont capables de fournir le continent «en quantité et en qualité et à des prix moins chers». Le cas de l'hépatite C Pour les gouvernements africains, l'enjeu est de réduire la facture d'approvisionnements en médicaments depuis les autres continents, notamment l'Europe et l'Asie. «Nous voulons cesser de nous approvisionner en Europe pour le faire uniquement à partir du Maroc», a répété, lors de cette réunion, le doyen du corps diplomatique accrédité au Maroc et ambassadeur de la République Centrafricaine, Ismaïla Nimaga. À l'heure où le traitement contre l'hépatite C se chiffre à des dizaines de milliers d'euros avec des produits fabriqués par les multinationales, les laboratoires marocains s'engagent eux à vendre le médicament à seulement 300 euros. «Le Maroc dispose des moyens pour répondre à la demande en médicaments contre l'hépatite C en Afrique», assure le patron de Galenica. Problème logistique Mais pour l'heure, même si les labos marocains peuvent vendre à moindres coûts, la commercialisation de leurs produits sur le continent se heurte à l'obstacle de la logistique. La faible connectivité logistique entre le Maroc et les pays d'Afrique subsaharienne pose un sérieux problème d'acheminement des médicaments, mais aussi de compétitivité. Invité à la réunion du vendredi, le président de l'Association marocaine des exportateurs (ASMEX), Hassan Sentissi, a invité les opérateurs de l'industrie pharmaceutique marocaine à exploiter la convention signée entre l'ASMEX et la Royal Air Maroc, qui offre des réductions pouvant atteindre 40% du prix de transport via le fret aérien. «Nous sommes prêts à renégocier cette convention pour porter la remise à 50%», a ajouté Sentissi. En dehors de la logistique, l'autre obstacle est lié aux taxes douanières. Il a ainsi été proposé aux pays africains de supprimer les droits de douanes sur les médicaments afin d'en réduire le coût sur les populations. Stratégie Sud-Sud L'ensemble de ces points seront au menu des échanges entre les officiels africains attendus lors de la «première rencontre MenAfrique Santé». Plus concrètement, organisateurs et membres du corps diplomatique africain accrédité au Maroc attendent qu'à l'issue de cet événement, «une stratégie africaine d'import et d'export en médicaments» soit mise en place. D'ores et déjà, certains laboratoires du royaume, regroupés au sein de l'Association marocaine de l'industrie pharmaceutique (AMIP), entendent créer un Comité de suivi préparatoire à cette rencontre afin de proposer un plan à même de concrétiser la coopération pharmaceutique sud-sud. Abdelghani El Guermai PDG des Laboratoires Galenica «L'objectif principal de cette rencontre, c'est de permettre aux pays africains d'échanger leurs expériences dans le domaine médical et pharmaceutique. Le Maroc dispose des moyens pour répondre à la demande en médicaments des marchés africains.» Ismaïla Nimaga Ambassadeur de la République Centrafricaine, doyen du corps diplomatique accrédité au Maroc «Nous voulons un système d'approvisionnement continu à partir du Maroc. Nous voulons cesser de nous approvisionner en Europe pour le faire uniquement à partir du Maroc.» Ayman Cheikh Lahlou Président de l'Association marocaine de l'industrie pharmaceutique (AMIP) «Aujourd'hui, la logistique est le principal défi auquel nous sommes confrontés. Généralement, 6 mois s'écoulent entre le départ du produit du laboratoire et son arrivée à la destination finale.»