39% des 692 internautes qui ont répondu au sondage online de Flm ont considéré percevoir les taux d''intérêt sous un angle réel. Toutefois, c'est une majorité de 61% qui a considéré que les taux d'intérêts sont appréhendés sous un angle nominal. Entre le taux d'intérêt réel et nominal, c'est l'inflation qui rentre en jeu. Plus précisément, le taux d'intérêt réel est équivalent au taux nominal corrigé de l'inflation. En particulier, le taux d'intérêt réel permet à l'épargnant d'éviter le piège de l'illusion monétaire car un rendement à deux chiffres dans la monnaie d'un pays à tradition inflationniste est parfois moins intéressant qu'un taux faible dans la monnaie d'un pays peu inflationniste. À titre d'exemple, le taux d'intérêt du 10 ans souverain marocain en dirhams vaut le triple du 10 ans français en euros, si l'on se fie au taux nominal. Toutefois, l'inflation en France est de 0,2% contre 1,6% au Maroc. Ainsi, en réel, le 1,1% français redevient 0,9% quand le 3% marocain devient 1,4% en réel. Ainsi le rapport entre les deux taux n'est plus que d'1,5 fois, soit deux fois moins que la différence entre les taux nominaux. Au passage, ce raisonnement vaut aussi pour les P/E en Bourse car l'inverse de ce ratio équivaut au rendement implicite du marché des actions. Ainsi, un P/E de 20 signifie un rendement actions attendu de 5%. De même, un P/E de 12 équivaut à un rendement réel de près de 8%. Toutefois, si l'inflation dans un pays comme le Maroc est au maximum de 2%, le rendement réel ne baisse qu'à 3% contre moins de 0% pour un pays où l'inflation est à deux chiffres. Au Maroc, sur le moyen terme, en analyse statique, la distinction entre taux réel et nominal est moins cruciale car nous avons la chance d'avoir un environnement peu inflationniste. En effet, BAM a acté une inflation d'1,6% en moyenne au terme de l'année 2016. Celle-ci reviendrait à 1% en 2017, en liaison avec la dissipation prévue des effets des chocs sur les prix des produits alimentaires à prix volatils avant d'augmenter à 1,5% en 2018. Sa composante sous-jacente devrait s'inscrire dans une tendance haussière, passant de 0,8% en 2016 à 1,5% en 2017 et à 1,7% en 2018 sous l'effet notamment de l'amélioration prévue de la demande intérieure. Pour rappel, en 2016, l'inflation était au même niveau qu'en 2015, soit une hausse des prix d'1,6%. Toutefois, sur le long-terme, les rentiers et les retraités sont plutôt incités à réfléchir en taux réel pour garder leur pouvoir d'achat. En effet, c'est le taux de revalorisation réel de l'épargne ou de la pension qui détermine l'évolution exacte du pouvoir d'achat. De plus, dans le cas des retraites, une bonne part est placée sur le marché obligataire. D'ailleurs, c'est sous la pression de ses retraités que l'Allemagne évite toute relance économique inflationniste en zone euro. Farid Mezouar DG de FL Market Les Inspirations ECO : Comment figer un taux d'intérêt réel ? Farid Mezouar : Au niveau obligataire à l'international, des OAT (obligations du Trésor) sont indexées sur l'inflation sur la base d'un indice convenu d'avance. Au Maroc, des émetteurs de dette privée offrent la possibilité de bénéficier d'un taux d'intérêt révisable annuellement selon l'évolution des taux du bon du Trésor. Aussi, les investisseurs qui disposent d'une épargne importante peuvent demander à leurs conseillers des montages spécifiques en fonction des objectifs souhaités. Comment se protéger contre l'inflation ? En général, ce sont les actifs réels qui protègent contre une forte inflation prévue. C'est l'exemple de l'immobilier quand le marché n'est pas l'objet d'une surchauffe. Aussi, le marché des actions est un bon refuge surtout au niveau des titres des sociétés ayant un pouvoir de prix. Il en est de même pour les instruments permettant une exposition à des commodities comme le métal jaune même si l'offre est plutôt étroite au Maroc.