La 6e édition de la journée santé au travail, organisée cette semaine par la CMIM à Casablanca a été l'occasion de dresser un état des lieux de la problématique au Maroc. «Mener une bonne politique de santé et de sécurité au travail est une manière à la fois d'améliorer les performances et de développer une gestion humaine des ressources d'une entreprise», note Abdelaziz Alaoui, président du conseil d'administration de la Caisse mutualiste interprofessionnelle marocaine (CMIM). Le responsable a en effet, à l'occasion de la 6e édition de la journée santé au travail, organisée cette semaine à Casablanca, mis l'accent sur l'importance d'une bonne politique de santé et de sécurité dans les entreprises. Dans une approche analytique, la Caisse mutualiste interprofessionnelle marocaine a réalisé une enquête auprès de 30% des entreprises adhérentes représentant 77% (30.609) des assurés CMIM. Il en ressort que 76% des répondants affirment avoir instauré un service santé au sein de leur entreprise en lui affectant un effectif dédié de moins de 5 salariés pour 19% des répondants et de 5 collaborateurs pour 19% des répondants. S'agissant de la prise de conscience des risques liés à la santé des entreprises, cette dernière semble être confirmée puisque plus de 69% des entreprises ayant participé à l'enquête affirment avoir identifié les principaux risques afférents contre 31% qui n'ont pas encore entamé ce travail. L'enquête révèle ainsi que près de 60% des entreprises ont déployé une politique de santé au travail et plus de 62% des entreprises interrogées affirment d'emblée avoir déployé un plan d'action annuel de santé au travail. Dans ce contexte, et à l'aune de ces statistiques, l'entreprise marocaine semble avoir saisi les enjeux de performances afférant à une bonne politique de santé au travail. «De bonnes conditions de travail participent à l'amélioration permanente de la productivité. Il faut intensifier le rôle du médecin du travail qui doit être le pivot de la prévention dans l'entreprise», souligne Jean Claude Mallet, président du Club de réflexion sur l'avenir de la protection sociale en France (CRAPS). Du côté des pouvoirs publics, le ministre de l'Emploi a rappelé récemment que la promotion de la santé et de la sécurité au travail constitue l'un des objectifs du Plan stratégique du ministère pour la période 2014-2016. Un plan stratégique qui arrive dans quelques jours à échéance et dont le bilan devrait permettre de relever les réalisations concrètes assurées sur ce volet. Miloudi Moukharik Secrétaire général de l'UMT La santé au travail n'a pas de prix. Dans les ordres du jour que nous proposons au gouvernement, nous défendons la mise en place de loi et de mesures qui prônent la sécurité au travail. Malheureusement, les pouvoirs publics ne croient pas encore en l'importance de la sécurité au travail. Il ne s'agit pas ou plus de se limiter à la récolte de statistiques ou à la conduite d'études. Il faut aujourd'hui sensibiliser de manière générale pour une meilleure prise de conscience de l'importance et de la sécurité au travail». Jean-Claude Mallet Président du Club de réflexion sur l'avenir de la protection sociale (CRAPS) En abordant la stratégie et la politique de santé au travail, nous démontrons une volonté politique courageuse. Le travail doit être la voix du progrès économique et il doit être décent. Tous les travailleurs doivent avoir la possibilité de faire un travail productif et épanouissant. Le monde de la protection sociale et de la mutualité jouent un rôle essentiel. Selon l'OIT, 850.000 personnes dans le monde sont victimes chaque jour d'un accident de travail. C'est dire l'importance de cette question qui doit être mise au cœur des priorités aussi bien des pouvoirs publics que des entreprises». Alain Coheur Directeur de l'international à la mutuelle belge Solidaris Il faut renforcer le middle management dans l'entreprise. Ce dernier joue un rôle très important. Il est nécessaire de mettre en place un dispositif qui permette aux responsables d'équipes d'évoluer vers un rôle de manager, de leader et de coach, lequel est nécessaire au soutien des collaborateurs. À notre niveau, nous avons déjà pris un certain nombre d'initiatives qui permettent d'améliorer les conditions de travail des collaborateurs pour une meilleure santé sur le lieu de travail et donc un meilleur rendement. Nous allons supprimer le pointage et miser davantage sur le management par objectif en encourageant également le travail à domicile à raison de deux fois par semaine. L'essentiel aujourd'hui est de miser sur un maximum de productivité». Ce que dit la loi Le non-respect par l'employeur de ses obligations légales et réglementaires en matière d'hygiène et de sécurité l'expose en théorie à des sanctions civiles, pénales et administratives. En pratique, faute de moyens, les contrôles sont rares et les employeurs nombreux à s'affranchir de leurs obligations en matière d'hygiène et de sécurité. Le Code du travail prévoit une multiplicité de situations dont le non-respect est sanctionné par des amendes au montant souvent symboliques ou dérisoires au regard de la nature des violations. Ainsi, les peines d'emprisonnement sont, à deux petites exceptions près, totalement absentes du Code du travail, notamment en matière de récidive de travail forcé, l'employeur s'expose à un emprisonnement pouvant aller de 6 jours à 3 mois (article 12) et en matière de récidive d'emploi de mineurs de moins de 15 ans, l'employeur s'expose à un emprisonnement pouvant aller de 6 jours à 3 mois (article 151). L'employeur qui ne respecte pas les dispositions du Code du travail en matière d'hygiène et de sécurité des salariés l'expose à des amendes pénales dont le montant est compris entre 2.000 et 20.000 DH, montant doublé en cas de récidive.