Gouvernement, patronat et syndicats sont unanimes à dire que la santé au travail est un enjeu pour la pérennité de l'entreprise. Cependant, rares sont les entreprises qui respectent les mesures d'hygiène et de sécurité. Plusieurs salariés d'entreprises exerçant des activités dangereuses ne sont pas protégés à cause de l'absence de contrôle. « Nombreuses sont les entreprises qui n'ont pas instauré de comité d'hygiène et de sécurité. Elles croient qu'il s'agit d'une charge de plus. Or, un accident ou une maladie a des conséquences sur l'entreprise en termes de coût, de productivité, de rentabilité et de compétitivité ». Les propos sont de Miloudi Moukharik, secrétaire général de l'UMT (Union marocaine du travail), qui s'exprimait hier, mercredi 19 décembre, lors de la 2ème journée inter-entreprises de santé au travail, organisée à Casablanca, sous le thème « Santé au travail : levier clé de la performance », par la CMIM (Caisse mutualiste interprofessionnelle marocaine) en collaboration avec le Groupement professionnel des banques du Maroc et Malakoff Médéric, groupe paritaire de protection sociale français. Lors de cette rencontre, visant à asseoir et à promouvoir la culture de la prévention du risque de la santé au travail, Miloudi Moukharik a souligné l'importance du comité d'hygiène et de sécurité dans la prévention des risques professionnels auxquels sont exposés les salariés de l'entreprise. Selon la loi, les entreprises industrielles, commerciales et d'artisanat, ainsi que les exploitations agricoles et forestières ayant plus de 50 salariés sont tenues de mettre en place un comité d'hygiène et de sécurité. Même les entreprises ayant moins de 50 salariés doivent créer ce comité s'il y a risque de maladie professionnelle. Cependant, cette mesure n'est pas respectée par toutes les entreprises. Rares sont celles qui disposent d'un médecin de travail. Une situation qui engendre des conséquences sociales et économiques. D'où l'intérêt pour les entreprises, renchérit Abdelaziz Alaoui, Président du Conseil d'Administration de la CMIM, de développer une culture de prévention en matière de santé et de sécurité. « Plus de 2 millions de personnes décèdent chaque année dans le monde suite à un accident ou à une maladie liée à leurs activités. Les journées d'absence des salariés ont un impact sur la productivité et la rentabilité de l'entreprise. Pour plus de performance, les entreprises doivent aujourd'hui faire face aux dangers des nouvelles technologies et aux facteurs psychosociaux pour améliorer les conditions de travail de leurs salariés », poursuit M. Alaoui, qui insiste que la santé des salariés représente une question centrale aussi bien pour les salariés que pour les employeurs. L'incendie dramatique de l'usine de Rosamor à Lissasfa, dans la banlieue de Casablanca, survenu en mai 2008, et qui avait fait 55 morts et plusieurs blessés, est toujours vivant dans les mémoires. Sans oublier les accidents mortels enregistrés annuellement dans les secteurs à hauts risques comme le BTP et le textile. De son côté, le ministre de l'Emploi et de la formation professionnelle, Abdelouahed Souhail, a insisté sur l'importance de l'inspection du travail. Des efforts ont été accomplis en terme de renforcement de l'effectif des médecins inspecteurs du travail et des ingénieurs pour veiller à l'application de la législation relative à l'hygiène du travail et d'assurer le contrôle permanent de l'organisation et du fonctionnement des services médicaux du travail, toutefois, il reste beaucoup à faire, note le ministre de l'Emploi. Plusieurs entreprises ainsi que des ateliers artisanaux échappent au contrôle médical. Le ministre de l'Emploi annonce au passage que son département s'attelle sur l'élaboration d'une politique publique de la santé au travail. Une étude de la CMIM La 2ème journée inter-entreprises de santé au travail a été l'occasion de présenter les résultats d'une étude réalisée par la CMIM auprès des ressources humaines sur la santé au travail. Cette enquête confirme le déficit de prévention de la santé dans les entreprises. Autre point saillant de l'étude : l'état de santé dégradé chez les femmes. Les auteurs de l'étude constatent également des troubles visuels importants chez les salariés. Ils soulignent également les conditions matérielles de vie très difficiles des jeunes et des femmes. * Tweet * * VN:F [1.9.21_1169] please wait… Rating: 0.0/5 (0 votes cast) VN:F [1.9.21_1169] Rating: 0 (from 0 votes)