Capep opère un grand virage. Ayant décidé de se positionner davantage sur des marchés à forte valeur ajoutée, l'entreprise recourt à cette fin au marché financier, en optant pour une émission de billets de trésorerie, dont le programme vient d'être visé par le CDVM, en date du 21 octobre 2011. Le programme d'émission de billets de trésorerie, portant intérêt en représentation d'un droit de créance, fixe un plafond de 200 millions de DH, soit 2.000 titres d'une valeur nominale de 100.000 DH. Si le taux d'intérêt est fixé à chaque émission en fonction des «conditions du marché», aucune restriction n'est prévue quant à la négociabilité des billets de trésorerie émis. Pour mener à bien cette émission, qui ne bénéficie d'aucune garantie, la Capep a mandaté la BMCE Bank, qui devrait, comme convenu, ouvrir la souscription 96 heures avant la date de jouissance, et à chaque fois que le besoin de trésorerie se ferait sentir. Il est à noter, enfin, que toutes les souscriptions se feront en numéraire. Si cette opération d'émission doit concourir à «diversifier les sources de financement» de la société, et lui conférer de «la transparence et une meilleure visibilité sur le marché des capitaux», elle vise également à soutenir la croissance actuelle et future de l'entreprise, détenue intégralement par la famille Ibnou Zahir depuis 1963. Le schéma est pour le moins classique : entre l'achèvement des travaux et des chantiers en cours, et le lancement de la pléthore de nouveaux projets pour les deux prochaines années, le besoin de financement à court terme se fait pressant. Ainsi, le besoin en fonds de roulement par exemple, établi à 117 millions de DH en 2008, fait un bond de près de 9,5 % pour s'établir à 128 millions de DH en 2010. Selon les prévisions initiales de Capep, le BFR pour l'année 2011 doit s'établir à 167 millions de DH, et à 183 millions de DH en 2012, soit une progression annuelle respective de 31% et 9%. Investie sur beaucoup de projets à la fois, et suivant sa politique de renouvellement de son appareil industriel, Capep doit aussi faire face à une appréciation progressive du niveau de ses investissements. En termes foncièrement qualitatifs, l'accroissement des besoins de financement est mû par la réorientation progressive des activités de la société vers les marchés à «haute valeur ajoutée». Alors qu'historiquement, Capep intervenait massivement dans les métiers d'assainissement et d'alimentation en eau potable (89 % du chiffre d'affaires global en 2008), on constate que, depuis 2009, la société a entrepris une sensible inflexion de ses activités vers les métiers de galerie essentiellement. Participant à hauteur de 7% de la formation du chiffre d'affaires global en 2008, le métier de galerie s'est ainsi fortement renforcé en l'espace de deux, pour contribuer à 25 % du chiffre d'affaires réalisé en 2010. Si ce métier exige un savoir-faire plus pointu, il n'en demeure pas moins qu'il génère des plus-values plus importantes, comparé aux métiers historiques de la société. Ce grand virage stratégique s'inscrit dans la ligne historique de la politique de développement de l'entreprise. Créée en 1963 par feu Bouchaib Ibnou Zahir, la société du même nom procède, un peu plus de vingt ans après sa création (1989), à un changement de statut social, pour devenir l'actuelle Capep. Deux décennie plus tard, Capep affiche de nouvelles ambitions, qui la conduiront peut être un jour un devenir un major de son secteur d'activité. Si les éléments de la stratégie adoptée plaident en faveur de cet essor, les perspectives pour les prochaines années confortent davantage la vision de l'entreprise, du moins à court terme : entre 2010 et 2012, le chiffre d'affaires devrait croître annuellement de 12,5 %, pour dépasser le seuil de 400 millions en 2012.