Faire du centre de Casablanca, une destination culturelle. Ce rêve est en train de se concrétiser, grâce au projet du Grand Théâtre de Casablanca. Le quartier historique de la capitale économique, se dotera en 2016, de ce nouvel édifice, qui contribuera indubitablement à porter un nouveau regard sur cette zone, considérée depuis toujours comme le cœur battant de la cité blanche. D'ailleurs, l'architecte Rachid Andaloussi qui va signer les plans du théâtre, avec son confrère français Christian de Portzamparc le confirme : «Ce projet a un regard sur tout son environnement. Dans notre démarche, nous allons prendre en considération plusieurs spécificités propres à la ville de Casablanca». Respecter les spécificités de la ville aux identités plurielles, tel est donc le défi des créateurs de ce grand projet. Les responsables de CasArts (entité de la société Casablanca Aménagement, maître d'ouvrage délégué du projet), ont ainsi fait appel aux artistes et opérateurs culturels afin justement de débattre de la ligne artistique du projet. Un premier workshop a été mis en place en juillet dernier, où il a été question de discuter de l'architecture, du paysage urbain, des disciplines artistiques qui y seront disposées... Bref, les participants à ce premier workshop ont fait beaucoup de propositions. Les plus nostalgiques d'entre eux, espèrent réhabiliter la mémoire du célèbre théâtre municipal, démoli en 1984. La construction d'un nouveau théâtre serait, selon eux, une consolation. «Nous sommes justement en train d'étudier les différentes recommandations des acteurs culturels casablancais. Le programme définitif sera bientôt validé. Sur le plan architectural, nous travaillons en ce moment sur les différents locaux, l'aspect accoustique et scénographique des salles...», tient à préciser De Portzamparc. L'architecte français affirme que le Grand Théâtre de Casablanca sera capable de s'intégrer facilement dans son environnement urbanistique. «Notre défi majeur est de construire un édifice moderne en plein quartier historique où l'art-déco bat son plein», souligne-t-il. À bas le mépris de la culture ! Situé sur la place Mohammed V, le Grand Théâtre, qui nécessitera une enveloppe globale de 1,4 milliard de DH et 60 mois de travaux, devrait stimuler l'activité culturelle à Casablanca. Grâce à sa grande salle polyvalente de 1.800 places, à sa salle modulable de 600 places, à ses espaces de répétition et de formation, à ses espaces dédiés aux expositions, à son espace ouvert qui pourrait accueillir 15.000 personnes,... le Grand Théâtre créera une certaine effervescence culturelle. Toutefois, les agitateurs culturels, de plus en plus nombreux, évoquent leurs inquiétudes quant à la diffusion de la production nationale. La promotion des artistes locaux demeure primordiale, selon eux, pour pouvoir mettre en place une politique culturelle de la ville. Initier les jeunes aux différentes disciplines artistiques, permettre aux artistes en herbe et à ceux confirmés de peaufiner leurs œuvres seraient, entre autres, les missions quotidiennes de cette nouvelle entité. Les responsables des neuf conservatoires que compte Casablanca, du théâtre Mohammed VI, des associations qui œuvrent pour la promotion de la culture dans cette ville... sont tous appelés à s'approprier ce grand projet. «Réussir le contenu et le contenant, tel est notre objectif. C'est pourquoi on parle d'une médina culturelle au cœur de la ville, qui sera caractérisée par une architecture et une programmation culturelle dignes d'une métropole comme Casablanca», ajoute Andaloussi. Le projet du Grand Théâtre, qui a suscité un débat houleux au sein du Conseil de la ville de Casablanca à cause notamment de son coût exorbitant, vient donc mettre fin à plusieurs années de léthargie, où la chose culturelle était relayée au second plan. Aujourd'hui, Casablanca s'apprête à tourner la page et à entrer de plain pied dans une nouvelle ère. Un projet ambitieux La mise en place de ce projet culturel ambitieux nécessitera un investissement global de près 1,4 milliard de DH, cofinancé par plusieurs acteurs. La plus grosse contribution émanerait de la Direction générale des collectivités locales, à hauteur de 480 MDH, soit 33,33% du coût global. Le Fonds Hassan II pour le développement économique et social débloquera 400 MDH (27,78% de l'investissement total). Près de 280 MDH viendront du Budget général de l'Etat (19,44%). De leur côté, la Commune urbaine de Casablanca et le Conseil de la région mettront respectivement 180 MDH et 100 MDH.