Miriem Bensalah Chaqroun : Présidente de la CGEM Les Inspirations ECO : Le patronat marocain s'engage aujourd'hui contre le changement climatique. Comment se décline cet engagement pour cette cause planétaire ? Miriem Bensalah Chaqroun : Comme vous le savez, nous avons lancé le 31 octobre, l'Initiative entreprises climat Maroc (IECM). Il s'agit d'une initiative d'accompagnement des entreprises marocaines pour intégrer la donne climatique dans leur chaîne de valeur. C'est une feuille de route basée sur la sensibilisation et la formation des compétences dans leur adaptation et leur développement à l'heure de la nouvelle économie verte. Nous voulons que nos entreprises anticipent le changement climatique plutôt que de le subir, qu'elles se positionnent sur les opportunités de la nouvelle économie verte. Nous voulons surtout que nos PME et TPE soient également productrices de biens et services «verts». Comment comptez-vous mobiliser les entreprises autour de cette question cruciale? Nous allons ensemble agir en faveur du climat, lutter contre le changement climatique et plus globalement protéger l'environnement en consommant mieux et en polluant moins. Notre choix répond à une conviction partagée : nous avons tous le devoir d'agir pour protéger ce que nous avons de plus précieux : la terre sur laquelle nous vivons et sur laquelle vivront les générations futures. Cette conviction n'est pas le fruit d'une conjoncture liée à la COP22. Cela fait plus de 20 ans que l'engagement de la CGEM s'illustre à travers différentes démarches et actions. Je rappelle juste que nous avons créé une commission dédiée à l'environnement et un Centre de production propre dès la fin des années 90 ; que nous avons été associés à la COP7 qui s'est tenue à Marrakech en 2001 déjà, que nous avons initié la démarche RSE chez les entreprises ou encore que nous sommes partenaires de la Fondation Mohammed VI pour l'environnement, au titre de divers programmes, dont le pacte Qualit'air. Depuis le début de l'année, nous avons engagé une série d'événements en rapport avec le climat et nous avons lancé une Coalition pour la valorisation des déchets (COVAD) et une autre pour l'eau (COALMA). L'Initiative entreprises climat Maroc initiée par la CGEM est en quelque sorte l'aboutissement de cet effort constant. Les PME réclament la simplification de la procédure d'accès au Fonds vert. Que fera la CGEM pour plaider leur cause? Pour que les entreprises puissent accéder à des financements du Fonds vert, il faut qu'elles soient accompagnées. Evaluer leur besoin, définir leur programme d'adaptation et chiffrer l'impact en termes de réduction d'empreinte climatique. C'est justement l'un des objectifs de cette Initiative entreprises climat Maroc (IECM). Elle aidera les entreprises à présenter des dossiers de financements «convaincants». Pour la COP 22, la CGEM mobilisera une cinquantaine de patronats, notamment du sud qui n'étaient pas très présents à Paris. Sur quoi devront-ils tous s'engager ? L'année dernière lors de la COP21 à Paris, 24 organisations patronales ont signé une déclaration commune où elles se sont engagées à contribuer à la lutte contre le changement climatique. Cette année et pour la COP22, la CGEM s'est engagée à mobiliser les patronats internationaux, en particulier les patronats du Sud, pour une forte présence lors de la COP22, qui sera marquée par la signature d'une déclaration commune des patronats. Elle aura lieu lors du High Level Business Summit, que nous organisons le 16 novembre. Par leur adhésion à la «Déclaration de Marrakech», les organisations patronales signataires s'engagent à accélérer leur implication dans la dynamique climatique mondiale afin de réaliser un double objectif. Il s'agit d'abord d'anticiper les effets et les conséquences du changement climatique sur la structure et le fonctionnement des entreprises et de leur apporter des solutions. Ensuite, il leur importe d'identifier les différentes opportunités liées à l'émergence d'un nouveau marché vert et de les mettre au bénéfice des entreprises. Je crois que le secteur privé est plus que jamais prêt à assumer sa responsabilité, aux côtés des autres acteurs de l'économie mondiale.