Subitement, les associations «cinq étoiles» de défense des droits de la femme ont disparu des radars. Devant une affaire de viol, dont la victime est une femme, point de réactions, ni de communications. Et si la présomption d'innocence est le socle de la justice, il fallait au moins lancer un appel à la gent féminine, et masculine aussi, pour surseoir à toute forme de solidarité en l'absence d'un verdict final. Peu importe qui est mis en cause dans une affaire telle que celle-ci, ce qui choque, en revanche, c'est cet élan de solidarité devant un «délit», s'il s'avère établi par la justice, classé parmi les crimes les plus réducteurs de la dignité humaine. Par ailleurs, il y a absolument lieu de placer le délit de viol dans son contexte. Aux USA comme en France, sociétés qui protègent les droits de la femme, c'est le crime le plus odieux et le plus réprimandé. En revanche, au Maroc, les attouchements sexuels, le harcèlement au quotidien, et même le viol trouvent curieusement souvent des conditions atténuantes et malmènent la dignité de la femme. C'est pour cela que dans cette affaire, le plus gros de l'opinion publique ne s'est pas soucié de cette femme, qualifiée pour le moment de «victime», en attendant le verdict du juge. Où sont alors ces centaines de femmes qui ont manifesté contre le chef de gouvernement pour un mot prononcé par maladresse ? La cause féminine est un tout et non pas une option que l'on choisit en fonction de la tête de la victime. En mettant en avant le principe de présomption d'innocence, toutes les occasions sont bonnes pour dénoncer toutes les formes de violence sur la femme, abstraction faite de l'identité des accusés ou des victimes.