L'ouvrage relève des obstacles au développement de l'EE et des ER au Maroc. Entre autres recommandations, il propose, la suppression des subventions aux énergies fossiles et la création d'un observatoire du financement du secteur. Comment faire émerger un réel marché de l'Efficacité énergétique et des Energies renouvelables au Maroc ? C'est la question à laquelle la Banque populaire tente de répondre à travers la récente publication de son Livre blanc sur les EE et ER. L'ouvrage, qui s'adresse à la fois aux pouvoirs publics et aux entreprises, débute par une analyse du contexte énergétique national tout en mettant la lumière sur le potentiel d'un secteur qui reste entièrement à exploiter. Le Livre blanc dresse l'état des lieux des deux filières, établissant la répartition sectorielle de la demande énergétique nationale. Celle-ci indique que le secteur des transports accapare 38% de la consommation énergétique finale, suivi par les ménages (25%), l'industrie (21%), puis l'agriculture et le tertiaire (8% chacun). Un premier constat qui montre le potentiel de croissance de la part industriel dans la demande. Le livre rappelle que du fait du développement industriel et économique du Maroc, la demande en énergie ne cesse d'augmenter. En conséquence, déduit-il, le pays est contraint de répondre à une consommation énergétique nationale qui atteindra 70.000 GWT en 2025 -soit une augmentation de 180% depuis 2008- en réduisant sa dépendance énergétique de 93,61% en 2013 à 85,44% en 2025. Un objectif que le royaume, rappelle-t-il, a choisi d'atteindre en se focalisant sur le développement des énergies renouvelables, le changement de la structure de l'énergie fossile, à travers l'introduction du gaz naturel liquéfié et l'intensification de la prospection pétrolière, ainsi que le renforcement de l'efficacité énergétique. Ainsi, entre autres cibles, l'objectif stratégique du royaume, à l'horizon 2020, s'articule autour de 42% de la puissance électrique installée de sources renouvelables, un effort d'efficacité énergétique produisant une économie d'énergie de 12% à l'horizon 2020 et de 15% à l'horizon 2030, par rapport à l'évolution tendancielle, 2,5 millions de TEP d'énergie fossile économisés avec à la clé 9,5 millions de tonnes de CO2 d'émissions évitées et une intégration industrielle, par la création de nouvelles filières générant plus de 13.000 emplois. L'ouvrage revient également sur le développement important du dispositif réglementaire de l'EE et ER depuis 2009 avec la publication des lois 13.09 (ER) et 47.09 (EE) et des premiers décrets d'application. Il note avec satisfaction la poursuite de cette politique avec la préparation de nouveaux textes, entre autres, ceux relatifs aux audits énergétiques obligatoires et accréditation des auditeurs ainsi que le caractère obligatoire de la nouvelle Réglementation thermique de construction (RTCM), depuis novembre 2015 et la mise en place de la Société d'investissements énergétiques (SIE). Par ailleurs, le Livre blanc rappelle que le développement de la filière EE/ER, répond au double enjeu, notamment accroître la compétitivité de l'économie en réduisant son intensité énergétique et créer l'emploi dans une filière industrielle qui possède des atouts pour se positionner durablement sur le marché. Il note, en outre, que d'un point de vue opérationnel, la filière doit réussir le défi de la mise en synergie d'industries matures et émergentes et contribuer avec l'administration, à développer sa compétitivité et à accompagner le développement et le déploiement du savoir-faire des industriels et des opérateurs publics ou privés qui ont investi dans les nouvelles technologies, les nouveaux matériaux et les services innovants. Cependant, constate-t-il, «si tous les professionnels du secteur bâtiment et les industriels souscrivent à la stratégie nationale ER & EE, ils relèvent nombre de freins au développement des marchés y afférents». Ces freins, le livre les identifie en premier lieu au niveau du cadre réglementaire et normatif. À ce sujet, il souligne l'insuffisance de la déclinaison à l'échelon du territoire du cadre réglementaire, l'importance du déficit normatif et surtout la subvention du gaz butane qui concurrence fortement encore les applications de chauffage solaire et indirectement les constructions performantes. Entre autres points soulevés, le document met le doigt sur le manque d'information et le coût élevé de celle-ci, le manque de structuration et de visibilité qui caractérise le marché de l'EE/ER, le manque d'implication de la demande ainsi que l'incertitude sur l'évolution du prix de l'énergie. Dans ce sillage, le Livre blanc revient sur la question du financement et évoque le coût élevé de l'investissement initial dans le secteur du bâtiment qui se situe entre 3 et 7%, en moyenne, pour les solutions passives, des difficultés de financement dues au manque de clarté, d'organisation et d'informations sur les programmes de financement, avant d'exprimer les souhaits des professionnels quant à avoir des subventions directes aux ER et aux EE, des mécanismes de financement appropriés à l'instar de pratiques dans la région. Un appel à l'engagement de l'Etat qui est repris dans les recommandations d'emblée avec la proposition de la suppression des mesures fiscales et des subventions dommageables à l'EE et l'ER, notamment celle dont font l'objet les énergies fossiles. Une mesure que la BP estime «absolument nécessaire pour garantir la cohérence, l'efficacité, la crédibilité et l'équité d'une politique de transition énergétique». Autre recommandation clé du livre, la création d'un Observatoire de financement de l'efficacité énergétique et des énergies renouvelables. Cette nouvelle structure aura pour rôle, entre autres, de dresser un état des lieux des financements actuels dédiés à l'EE et l'ER afin de comprendre les flux financiers existants et d'identifier le développement d'activités envisageables pour les acteurs bancaires et financiers. Tags: COP22 Efficacité énergétique énergies renouvelables BP Livre blanc