L'OIT a réalisé, en partenariat avec la CGEM et l'AFEM, une enquête sur l'entrepreneuriat féminin. Des recommandations concrètes ont été déclinées à l'issue d'ateliers de réflexion regroupant un échantillon de femmes chefs d'entreprises. Détails. «Avoir plus de femmes dans l'économie d'un pays est un gage de croissance», cette citation de Christine Lagarde, directrice générale du FMI résume la volonté des initiateurs du projet «Woman for Growth» au Maroc. Si ce projet était initialement porté par l'Organisation internationale du travail (OIT), aujourd'hui, il s'assure la mobilisation d'acteur-clés de la sphère économique nationale comme la CGEM et l'AFEM. Une récente analyse conduite dans le cadre de ce programme promet de participer à la dynamique d'une meilleure intégration de la femme dans le monde de l'entrepreneuriat. Les femmes chefs d'entreprises ne constituent en effet que 10% du total des entrepreneurs au Maroc. Ce travail d'analyse a justement permis de lever le voile sur un certain nombre de secteurs-clés, propices à l'entrepreneuriat féminin et qui présentent déjà un fort potentiel pour le développement d'entreprises féminines. Il s'agit de cinq secteurs-clés que sont le textile et l'habillement, le tourisme, les produits du terroir, l'artisanat et les services. «L'entrepreneuriat féminin a besoin d'être soutenu par les autorités pour réussir l'envol économique», explique Sabr Abou Ibrahimi, membre de la Commission RSE et label à la CGEM. Pour rompre avec des discours préconçus, le travail de l'OIT à travers cette analyse et cet exercice d'identification des secteurs semble répondre à une volonté de construire une vision pragmatique et présenter des recommandations claires visant à enrichir les politiques nationales. C'est dans ce sens, que des ateliers de réflexion ont été conduits par des femmes chefs d'entreprises opérant dans les secteurs identifiés pour déboucher sur des recommandations en vue d'offrir un meilleur accès aux femmes sur ces marchés. Pour l'OIT et ses partenaires, il s'agissait d'identifier les freins et les besoins spécifiques à chaque secteur pour garantir un meilleur accès aux femmes. «Transformer l'essai» Selon les dernières statistiques disponibles, les entreprises féminines représenteraient, en effet, 46,5% du tissu industriel du textile-habillement. Pour ce qui est du tourisme, l'analyse confirme une forte progression des entreprises féminines opérant dans une multitude de niches à forte valeur ajoutée. Les produits du terroir présentent également un potentiel essentiellement dû à la mise en œuvre de programmes consacrant une grande place à la valorisation du travail de la femme dans un secteur qui compte aujourd'hui 480 coopératives féminines. L'artisanat confirme aussi son fort potentiel pour l'entrepreneuriat féminin en ce qu'il compte actuellement près de 987 coopératives dont 43% sont des coopératives féminines. Enfin, le secteur des services présente une prépondérance des entreprises féminines qui représentent plus de 56% de cette activité. Chiffres clés 10% des entrepreneurs au Maroc sont des femmes 27% c'est la proportion des femmes actives au Maroc 80% des femmes qui travaillent sont des salariées 27,6% des jeunes femmes diplômées sont au chômage contre 14% pour les hommes. Wassila Kara-Ibrahimi Vice-présidente de l'AFEM Nous sommes uniquement 10% de femmes chefs d'entreprises au Maroc et ce chiffre ne décolle pas. Aujourd'hui, au sein de l'AFEM, nous essayons de soutenir au maximum l'entrepreneuriat féminin pour une croissance durable. Nous nous intéressons certes davantage aux femmes diplômées puisque l'AFEM regroupe des entreprises plutôt structurées. Aujourd'hui, le constat est alarmant puisqu'on se rend compte que plus une femme est diplômée, plus elle est dans le rang supérieur des chômeuses. Aujourd'hui, l'enjeu est de donner la chance aux jeunes femmes diplômées d'avoir accès au monde de l'entrepreneuriat en leur permettant de mettre le pied à l'étrier.»