Les exportateurs espagnols de céramique vers le Maroc attendent toujours l'issue de la plainte déposée par la filière marocaine concernant une pratique de dumping de la part de la filière espagnole. Celle-ci estime que la plainte est abusive. Les exportateurs espagnols de céramique sont confiants. La plainte de dumping déposée par les producteurs marocains de céramiques auprès du ministère du Commerce extérieur serait «vide». Dans des déclarations à la presse espagnole, ils indiquent s'attendre à ce que les autorités marocaines classent le dossier, sans porter préjudice aux exportateurs espagnols. Le dossier serait fragile et les preuves présentées par les producteurs nationaux ne tiennent pas la route, ont affirmé à la presse les opérateurs ibériques. Ceux-ci attaquent même les céramistes nationaux en déclarant qu'à travers cette requête d'application de mesures antidumping contre les importations espagnoles, la filière marocaine ne cherche qu'à obtenir davantage de protection contre les produits qui viennent de l'extérieur. Contactés par les Inspirations Eco, l'Association espagnole des fabricants de carrelage et revêtements céramiques (ASCER) confirme cette confiance tout en restant prudente. De surcroît, les producteurs espagnols considèrent la plainte de leurs homologues marocains comme «abusive». Mais que reprochent au juste les céramistes marocains à leurs concurrents? Les Espagnols sont accusés d'écouler leurs marchandises en dessous des prix pratiqués sur la péninsule ibérique, voire même en dessous du coût de revient. De même, l'Association professionnelle des industries céramiques (APIC) estime que les Espagnols trichent au niveau de la déclaration du poids des carreaux. De ce fait, l'enjeu est de taille des deux côtés de la rive. Les envois espagnols de céramique vers le royaume sont en nette progression. Le Maroc est le 9e marché récepteur de ces produits made in Spain. De janvier à juillet 2016, ces exportations ont totalisé la valeur de 46,16 millions d'euros. Un manque à gagner considérable pour la filière nationale. Cependant, les importateurs marocains de céramique doutent que la production locale soit en mesure de répondre à la demande interne. Selon le journal El Mundo, citant une source au sein du bureau commercial et économique d'Espagne à Casablanca, la décision des autorités marocaines devrait tomber au plus tard début 2017. Il faut dire que la filière espagnole a su mobiliser son Exécutif pour défendre son activité auprès des autorités compétentes à Rabat. De fait, pour défendre ses intérêts, la filière espagnole a fait appel aux services de son gouvernement pour plaider sa cause auprès des autorités marocaines. Le Secrétariat d'Etat au commerce espagnol épaule le secteur dans cette démarche. D'ailleurs, ce département a appelé la Commission européenne à intervenir en faveur de l'activité céramiste ibérique. D'autre part, ce regain de confiance auprès des céramistes espagnols s'explique aussi par le fait que la Commission européenne a accepté de réviser les mesures antidumping imposées aux produits importés de Chine. En effet, au moment où les Espagnols se battent bec et ongles pour continuer à écouler leur production sur le marché national, tout en se défendant de recourir à des mesures anticoncurrentielles, ils jouissent d'une protection interne grâce à de sévères mesures protectionnistes contre les importations chinoises de céramique. Or, ce protectionnisme européen devrait arriver à terme fin 2016. La CE s'est montrée favorable quant à l'étudie de la demande de reconduction des mesures contre les envois vers l'Europe en provenance de Chine pour une durée de 5 ans.