Le ministère du Commerce extérieur va lancer une enquête sur la céramique en provenance d'Espagne. Les opérateurs ibériques craignent des mesures drastiques qui pénaliseraient leurs exportations. L'Association professionnelle des industries céramiques (APIC) donne du fil à retordre à leurs confrères espagnols. La filière ibérique est dans la tourmente après la décision du ministère du Commerce extérieur marocain de mener une enquête suites aux accusations de concurrence déloyale formulées par les céramistes marocains à l'égard des voisins ibériques. En effet, les premiers accusent les seconds de s'approvisionner en Chine puis d'expédier la marchandise sur le marché marocain en la faisant transiter par l'espace européen. Ce sont les professionnels originaires de Castellon qui semblent craindre un repli de leurs exportations à cause de cette guerre des prix entre les opérateurs des deux rives. De fait, les professionnels ibériques voient d'un mauvais œil l'implication des autorités marocaines dans cette affaire et estiment qu'«elles ont cédé devant la pression du secteur». Or, les céramistes marocains ne sont pas à leur premier grief contre ces produits originaires de la péninsule ibérique. Depuis 2009, ils fustigent les producteurs espagnols et italiens de vendre leurs produits en dessous des coûts de production. Depuis octobre, le secteur espagnol suit de près les sorties des représentants marocains du secteur qui réclament des mesures de sauvegarde contre les produits en provenance d'Espagne. En réponse, les céramistes espagnols ont démenti les accusations de concurrence déloyale. Les inquiétudes des Espagnols s'expliquent par l'importance qu'a acquise le marché national auprès des fabricants espagnols. Le royaume est le dixième marché récepteur de la production espagnole de céramiques. Durant le 1er semestre 2015, les opérateurs espagnols ont écoulé sur le marché national des produits d'une valeur de 42,79 millions d'euros. Une hausse de 13% par rapport à l'exercice 2014. Aussi, les producteurs espagnols de céramiques estiment avoir une épée de Damoclès au dessus de la tête, tout le temps que durera l'enquête des autorités compétentes marocaines, soit 18 mois environ.