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«Les banques participatives puiseront dans un vivier d'entreprises sous-bancarisées»
Publié dans Les ECO le 29 - 09 - 2016

Abderrahmane Lahlou : Expert en finance participative. Abwab Consultants
Les Inspirations ECO : L'ouverture du Maroc aux banques participatives devait permettre de proposer aux PME une nouvelle voie de financement. Cette dernière est-elle avantageuse pour cette catégorie d'entreprises ?
Abderrahmane Lahlou : Assurément. Concernant les avantages comparatifs des futurs produits, il est certain que les produits de participation, où la banque partage les pertes et profits de l'investissement avec le client sont plus intéressants dans certains cas pour l'entreprise, comme ils peuvent être plus intéressants pour la banque, dans la mesure où les projets sont bien étudiés, bien co-gérés par le client et la banque. Pour les produits de dette, où la banque ne court pas de risque de marché, mais seulement un risque de contrepartie, il n'y a pas d'avantage comparatif pour l'entreprise, si ce n'est qu'elle trouve en cela une conformité avec sa propre éthique, sans quoi, elle ne viendrait jamais au financement externe de son activité, comme le montre l'enquête. Maintenant, il faut dire qu'à l'échelle du long terme et de l'équilibre du tissu économique, il y a des avantages à ce type de financements, y compris le financement de dette, et c'est principalement la réduction du phénomène de surendettement de l'entreprise, car dans la banque participative, on ne prête pas un actif monétaire, mais on finance pour vous l'achat d'un bien ou d'un actif productif.
Votre cabinet a réalisé dernièrement une étude sur les attentes des PME par rapport à la finance participative. Quelles ont été les principales conclusions de ce travail ?
Les résultats de l'enquête ont été jugés satisfaisants par les analystes qui ont réalisé l'étude qui s'en est suivie. Des moyens importants ont été mis en œuvre et des partenariats ont été noués par le cabinet avec des représentants des acteurs économiques, et particulièrement la CGEM, à travers la Commission de financement des PME, ainsi qu'avec des associations de finance participative (ASMECI, APMFP). Le but était l'enrichissement de la qualité de l'enquête, notamment par la révision du questionnaire, la mise à disposition de bases de données, la mobilisation des adhérents et enfin la participation au Focus Groups, auxquels Bank Al-Maghrib a également participé. Les résultats vont dans le sens de la confirmation d'un véritable marché de l'entreprise pour le financement participatif. On le savait plus ou moins pour les particuliers, mais notre enquête a porté le focus exclusivement sur les entreprises, et pour la première fois à cette échelle. Une première enquête menée en 2011 par IFAAS avait révélé que 79% des interviewés au Maroc étaient très intéressés par la banque islamique. Une deuxième enquête publiée en 2014 par Thomson Reuters et IRTI a révélé que 71% des entreprises interviewées au Maroc répondaient qu'elles pouvaient être très intéressées par la banque islamique, et 22% certainement intéressées, mais l'enquête n'avait touché que 300 entreprises.
L'enquête d'ABWAB touche 1.300 entreprises, dont 800 ont répondu au questionnaire, soit un taux de réponse de 62%. Ce taux remarquable a été atteint grâce à la structure et aux moyens de l'enquête, qui est composée de deux volets quantitatifs, (le questionnaire directif électronique sur 40% de l'échantillon, et le questionnaire direct en face-à-face sur 60%), dont les résultats ont été recoupés par une analyse qualitative en Focus groups. Le questionnaire face to face a été administré par une équipe composée de 6 superviseurs-encadrants, de qualification universitaire, 25 enquêteurs, 2 télé-enquêtrices pour la qualification de la base de données et 2 analystes pour le traitement des résultats. L'enquête a ciblé en priorité les entreprises au chiffre d'affaires inférieur à 175 MDH. Un éclairage particulier a été fait sur la TPE, avec un CA d'1MDH (21% de l'échantillon) et si nous prenons le seuil de 3 MDH, les TPE représentent 40% de notre échantillon. Les résultats sont nombreux et ont fait l'objet d'une analyse multicritères, qui est en cours de finalisation. Nous avons sorti 32 indicateurs pertinents. Par exemple, l'enquête révèle les branches d'activité les plus demandeuses d'ouverture de compte en banque participative, ainsi que les villes où l'on exprime le plus d'intérêt pour ces banques.
Cette catégorie d'entreprises est-elle aujourd'hui prête à avoir recours à ce type de financements ?
L'enquête montre que parmi les entreprises qui ne recourent pas au crédit bancaire, 58,2% d'entre elles s'interdisent ce recours, malgré le besoin, pour une raison religieuse. Or, les statistiques nationales montrent que 40% d'entreprises marocaines n'ont pas recours au crédit, donc si l'on opère le croisement, on peut dire que 24% de non bancarisés le sont pour raison de conviction religieuse. C'est un vivier important pour les futures banques. Les branches d'activité les plus demandeuses de financements par dette, et celles plutôt demandeuses de financement participatif ont été identifiées. La nature du financement demandé est correctement corrélée à la nature de leur activité. Par ailleurs, les demandeurs d'ouverture de comptes en banque participative sont ceux qui refusent actuellement le crédit classique dans une proportion importante, mais la surprise est de découvrir que de nombreux utilisateurs de crédits sont demandeurs de financement participatif. On sait aujourd'hui combien ils représentent. L'enquête montre aussi à quel point les entreprises ont confiance dans les futurs guichets participatifs. Comme attendu, les entreprises utilisatrices de crédits sont moins réticentes aux guichets que les autres. Enfin, l'enquête a tenu à identifier la tolérance des entreprises réticentes au crédit pour des raisons religieuses au surcoût des futurs produits. Autrement dit, une entreprise en mal de financement pour des raisons d'interdiction du crédit à intérêt, accepterait-elle un financement conforme à la Charia à n'importe quel prix ? On a différencié les seuils à 5% de surcoût, à 10% de surcoût, ainsi que le seuil de tolérance zéro. On sait aussi dans quelles tranches de chiffre d'affaires les entreprises sont les plus tolérantes au surcoût des produits participatifs.
Constitue-il réellement une alternative aux modes de financement dits «traditionnels» ou «classiques» ?
Si le financement participatif, appelé financement islamique dans les autres pays et en Europe, est une alternative pour l'entreprise à l'échelle microéconomique, il ne cannibalisera pas l'offre bancaire conventionnelle à l'échelle macroéconomique. L'enquête que nous avons réalisée démontre justement que les futures banques participatives iront puiser principalement dans un vivier d'entreprises sous-bancarisées, c'est-à-dire qui ont des comptes bancaires mais ne recourent pas au crédit à intérêts. Il est même attendu qu'elles puisent dans les «entreprises» jusqu'ici non identifiées et dans les commerces au noir, et que la naissance d'un financement conforme à la Charia sur le marché poussera à faire émerger et sortir de l'informel. L'enquête n'a couvert que les entreprises disposant d'un registre de commerce, et parmi celles-ci, l'intérêt est grand pour l'ouverture d'un compte en banque participative. Le questionnaire, dont 60% s'est déroulé en face-à-face a bien précisé la définition des divers produits, qui sont la Mourabaha, le Salam, l'Ijara pour les produits de dette d'une part, et la Moucharaka et Moudaraba pour les produits de participation, d'autre part. Les entreprises interviewées ont donc répondu en connaissance de cause, et l'analyse des résultats a montré une correspondance remarquable entre les produits bancaires conventionnels utilisés actuellement par les PME et les produits de financement demandés. Un croisement avec le secteur d'activité a également été fait.
Outre les PME, cette étude vise également à donner plus de visibilité au secteur bancaire sur ce créneau. Quelles sont les principales recommandations formulées à cette cible ?
L'enquête a permis de révéler des comportements intéressants chez les entreprises. Si certaines sont certes attirées par des valeurs de conformité à la religion, du fait de la personnalité et des choix de leurs dirigeants, et surtout chez les TPE, d'autres ne déclarent pas être concernées par les choix religieux, mais sont attirées par l'éthique du financement participatif sur le plan des produits et sur le plan du concept. Pour les produits, ce sont particulièrement les financements de partage des pertes et des profits comme la Moucharaka et Moudaraba qui intéressent toute entreprise lambda. Pour le concept, ces entreprises sont intéressées par l'éthique de la banque participative, car ses mécanismes favorisent la création de richesse économique réelle et ne la détachent pas de la création de richesse monétaire. En résumé, la visibilité que donne cette étude au secteur bancaire réside dans la batterie d'indicateurs chiffrés et croisés, qui sont non seulement utiles, mais nécessaires au marketing de lancement, mais aussi au monitoring de l'activité d'exploitation, voire même, pour certains à la gestion du risque bancaire.


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