Mohamed Amine Sbihi : Ministre de la Culture. La rentrée est belle pour la musique marocaine. Le ministère de la Culture, en partenariat avec la fondation HIBA et la Fondation OCP, crée le «MOMEX», une plateforme pour promouvoir les artistes nationaux à l'international. Une aubaine pour les artistes marocains. C'est l'occasion pour le ministre de la Culture, Mohamed Amine Sbihi, d'apporter quelques éclaircissement sur ce projet et de faire le point sur les chantiers en cours et à venir. Les Inspirations ECO : Cette semaine a connu l'annonce du projet de bureau d'exportation de la musique marocaine. Comment est venue cette idée ? Mohamed Amine Sbihi : La création du bureau d'export de la musique marocaine pour lequel on a choisi le sigle : MOMEX (Moroccan Music Export), a pour élément déclencheur l'organisation de la première édition du salon professionnel «Visa For Music» en 2014, qui accueille 1.000 professionnels de la musique. C'est un échange entre artistes, promoteurs, producteurs, diffuseurs de musique, organisateurs de festivals provenant de plus de 40 pays. Comme vous le savez, «Visa For Music» est organisé par le ministère de la Culture, en partenariat avec la Fondation Hiba et la société Hania. C'est de là qu'est venue cette idée de créer une structure pérenne dont le rôle essentiel serait la promotion de la musique marocaine à l'international. Deux années durant, nous avons travaillé, au ministère et avec nos partenaires, la fondation Hiba et la fondation OCP et avec Brahim El Mazned, président fondateur de «Visa For Music» sur ce projet. Il voit aujourd'hui le jour et nous avons été heureux de le présenter mardi dernier. Comment allez-vous exporter la musique marocaine ? C'est un bureau qui a plusieurs missions. Premièrement, il s'agit de promouvoir les artistes à travers les tournées promotionnelles et leur participation aux salons professionnels de la musique. Deuxièmement, il s'agit de gérer les contacts avec les programmateurs des festivals à l'étranger. Troisièmement, collecter et diffuser l'information au public, et aux professionnels. Quatrièmement, accompagner la musique marocaine sur les nouveaux supports numériques. Il faut que la musique marocaine soit présente sur les supports de vente en ligne, sur les supports de streaming. Il s'agit aussi de faciliter la mobilité des artistes à l'international. Ce sont des missions pour lesquelles il n'y a pas de modèle à suivre. Nous avons créé un modèle marocain qui tient en compte les réalités marocaines musicales pour se placer à l'internationale. Pensez-vous que la musique marocaine a le pouvoir de s'exporter. Comment lui créer une place à l'international ? Absolument ! D'ailleurs, tous les styles musicaux, dès qu'ils sont accompagnés par une bonne promotion, connaissent un impact réel que cela soit la musique marocaine classique ou les nouvelles tendances musicales. La nouvelle scène est d'ailleurs très imprégnée des traditions musicales marocaines. Il y a un réel intérêt à l'international. On le voit lors de «Visa For Music», quand les professionnels étrangers rencontrent nos artistes, ils sont tout de suite séduits. Visa For Music n'est pas orienté seulement Maroc, c'est la promotion de la musique marocaine, africaine, des Caraïbes. Le MOMEX sera essentiellement tourné vers la musique marocaine avec ses traditions et ses nouvelles tendances. Ce bureau a pour rôle d'accompagner la diffusion musicale à l'international. Cette initiative fait partie d'une approche globale qui vise à promouvoir la diffusion musicale à l'international. Qu'en est-il des autres chantiers ? Tout à fait, nous œuvrons à booster la production musicale et sa diffusion, à raffermir le lien entre la sphère artistique et l'économie et à renforcer l'industrie musicale marocaine. Plusieurs actions sont menées dans ce sens, je vous rappelle le nouveau dispositif de soutien au secteur de la musique, que nous avons lancé en 2014, à travers des cahiers de charges, pour un budget de 15 million DH annuellement et qui couvre plusieurs domaines, nous soutenons la création musicale et sa promotion, sa diffusion, la commercialisation, les résidences artistiques et les inscriptions aux festivals. En somme, le soutien public au service de la musique. Le deuxième mécanisme repose sur le financement de nos entreprises culturelles et artistiques dont les sociétés de production, de diffusion, tourneurs de spectacles... Nous l'avons mis en place en partenariat avec une grande banque marocaine qui va faciliter l'accès aux crédits bancaires, la mise en place et le renforcement d'un fond de garanti des industries créatives. Il sera annoncé dans quelques jours. Nous travaillons sur ce mécanisme depuis 2 ans. Un autre mécanisme consiste en l'inclusion de 82 métiers culturels dans les statuts des auto-entrepreneurs pour aider à structurer, la promulgation d'une nouvelle loi sur l'artiste et les métiers artistiques dans le but de professionnaliser les relations entre les créateurs et les entrepreneurs culturelles. Et la création de ce bureau d'exportation de la musique marocaine placera le Maroc et sa musique dans l'orbite de la musique internationale. C'est une approche globale afin de renforcer les différents maillons de la filière musicale. C'est dans ce sens qu'il était important que ce bureau voit le jour avec des partenaires qui ont une connaissance fine du secteur artistique et culturel qui va être dirigé par un ami et un expert reconnu, qui travaille pour le monde artistique avec beaucoup de dévouement et de compétences : Brahim El Mazned. Il s'agit de montrer un Maroc qui bouge et qui crée, qui innove, montrer la vivacité culturelle marocaine.