Plusieurs associations et ONG militant dans le domaine de l'environnement s'inquiètent des dégradations dont souffre aujourd'hui le littoral marocain. À l'issue d'un séminaire organisé récemment à Oujda, des écologistes ont interpellé le gouvernement au sujet de la publication des décrets d'application de la loi 81-12 sur le littoral. Comment peut-on concilier développement économique et protection du littoral? La question est d'actualité, d'autant plus que la dégradation du littoral inquiète, en ce moment, les défenseurs de l'environnement dans le royaume. Ces derniers, qui craignent une détérioration plus importante dans un futur proche, notamment dans certaines régions du royaume, déplorent certains projets touristiques développés sur le long des côtes du pays. Mohamed Benata, président de l'association Espace de solidarité et de coopération de l'Oriental (ESCO), estime que ces projets sont à l'origine de la dégradation du littoral, laquelle risque de perdurer si rien n'est fait par le gouvernement. «Le littoral souffre actuellement de l'érosion à cause de facteurs environnementaux, mais aussi de facteurs humains à travers, notamment, l'installation des projets immobiliers et économiques sur le littoral», souligne le président de l'ESCO Oriental. Celui-ci intervenait lors d'un séminaire organisé, récemment à Oujda, sous le thème «Unissons-nous pour une gestion saine et durable du littoral et des carrières au Maroc». Cet événement, qui a réuni des militants associatifs, des écologistes et des professeurs universitaires pour débattre de la question, a été marqué par la clôture du projet «Renforcement de la gouvernance environnementale des acteurs de la société civile». Pillage Ce projet, d'une durée de 18 mois, s'est justement intéressé au littoral et aux effets de l'exploitation des carrières sur les populations environnantes. La loi relative au littoral existe au Maroc (81-12). Cependant, sa mise en œuvre rencontre des difficultés, soulignent les écologistes, pour qui la situation est critique. «Le littoral marocain est toujours en souffrance. Dans la zone de l'Oriental, par exemple, de Saidia au Cap de l'eau, tout a été rasé, le littoral se dégrade. Le sable a été pillé et transporté vers d'autres zones. Il faut dire que la plage, dans toute cette région, a vu son état se dégrader. Si rien n'est fait, la situation risque de s'aggraver», regrette Mohamed Benata. Pour sa part, le professeur universitaire Tayeb Boumeaza insiste sur l'urgence de protéger le littoral face à sa dégradation, de Saidia à Lagouira. «L'intervention humaine et les changements climatiques ont fortement altéré le littoral. Nous assistons aujourd'hui au problème de l'érosion. Si ce problème persistait et continuait à s'étendre au même rythme, le scénario pourrait être catastrophique. D'ici 2050, il pourrait ne plus y avoir de littoral. C'est le cas dans plusieurs pays dans le monde. C'est ce qui est d'ailleurs arrivé en Espagne, où l'on est allé chercher le sable dans d'autres zones pour alimenter le littoral de ce pays», explique Boumeaza. Celui-ci n'a pas manqué de citer le cas de la Siesta à Mohammédia, qui suscite, depuis quelques mois, un vif débat. «La Siesta a été aménagée sur un territoire maritime, lequel présente un danger pour les riverains. Toute cette zone de Mohammédia est à risque car le niveau topographique est très bas», prévient le professeur universitaire. Malgré une forte mobilisation contre la destruction des dunes de la ville des roses, le projet immobilier installé sur cette zone est toujours en cours, souligne Nadia Hmaity, présidente de l'Association des résidents du quartier de la Siesta et chef de file des opposants au projet en question. Ce dernier a été installé sur une dune de sable qui a, aujourd'hui, complètement disparu et a été remplacée par un mur de béton, déplore la présidente de l'association, chef de file des opposants au projet en question. «Ce projet immobilier de plusieurs villas a été autorisé sur cette dune par les autorités de Mohammédia et à seulement quelques mètres de la plage. Il ferme les deux accès à la mer depuis le quartier la Siesta, sans que cela interpelle les autorités compétentes et le ministère de l'Equipement, qui est pourtant le garant de la protection du domaine maritime public», a-t-elle expliqué lors de ce séminaire dont les participants ne cachent pas leur amertume. «Un tel projet ne devrait pas être autorisé car il s'inscrit en violation totale de la loi 81-12 relative au littoral. À noter que, conformément aux dispositions de cette loi, il est interdit de construire sur une zone mitoyenne au littoral, à moins de 100 m», déplorent les participants au séminaire. Ces derniers déclarent qu'ils ne baisseront pas les bras pour faire entendre leurs voix. «Nous allons continuer notre bataille contre tous les projets installés sur le littoral, lequel connaît malheureusement une détérioration du fait, justement, de ces projets immobiliers. Notre bataille aujourd'hui consiste à soutenir les résidents de la Siesta. La destruction des dunes de Mohammédia est un indicateur réel des difficultés à mettre en œuvre la loi sur le littoral au Maroc (cf:www.leseco.ma) Cette bataille que nous comptons mener, nous la considérons comme un test pour la loi relative au littoral», annonce Mohamed Benata. Tags: Dégradation du littoral ONG sonnette d'alarme environnement