Trois thématiques principales marquent la Journée nationale des MRE, cette année. La participation aux prochaines législatives, la question identitaire et l'encouragement de l'investissement. Analyse. La Journée nationale des MRE, célébrée le 10 août, est l'occasion pour remettre sur le tapis les acquis et les doléances. Ainsi, la partie gouvernementale présente les réalisations, notamment la simplification des procédures administratives et l'amélioration notoire de l'accueil aux différents points d'entrée. Le gouvernement, comme à son accoutumée, ne tarit pas d'éloges sur ces 5 millions de résidents à l'étranger qui participent au développement du pays. Leur rôle économique, à travers plus de 60 MMDH de transfert, n'est plus à prouver, auquel s'ajoute un nouveau rôle cette fois-ci diplomatique ayant trait à l'image du Maroc dans les pays d'accueil. Par ailleurs, de nombreuses associations de MRE profitent de la célébration de cette journée pour présenter leurs doléances comme le dossier de la participation politique qui est au coeur des revendications. C'est le cas du Mouvement du médiateur pour les MRE qui a organisé, il y a quelques jours, une conférence de presse pour défendre le droit de représentation parlementaire des Marocains de la diaspora. Cette association s'appuie sur les articles 18 et 163 de la Constitution qui octroie la représentation des MRE dans les institutions constitutionnelles et de la gouvernance ainsi qu'au sein du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME). Cette revendication politique revient toujours avec plus de force à la veille des élections législatives. Des propositions d'amendement de la loi organique de la Chambre des représentants ont été formulées séparément par trois groupes (USFP, Istiqlal et PJD), mais rien de probant n'a été enregistré jusqu'ici. Il faut savoir aussi qu'outre cette vieille requête, une autre, pas moins importante, revient avec insistance. Les Marocains de l'étranger veulent que les enfants de la troisième et quatrième générations puissent apprendre l'arabe et les préceptes de l'Islam tolérant. Contrairement à ce que l'on pense, le lien avec la patrie, la langue et la religion, ils sont nombreux à exiger une amélioration des centres d'apprentissage de la langue arabe dans les pays d'accueil. Dans ce sens, le ministère, le CCME et les associations des MRE doivent revoir ensemble la stratégie linguistique pour être plus proche des attentes de la communauté marocaine à l'étranger. En tout cas, il y a une forte volonté de se mettre au diapason des besoins spécifiques des MRE de chaque pays d'accueil. La question identitaire, n'est pas en reste. Elle est profondément liée à la langue et à la religion. Récemment la commission MRE, relevant du PJD, a organisé un séminaire sur la question. Pour Omar Lemrabet, président de ladite commission, les deuxième et troisième générations souffrent de cette problématique identitaire, surtout après les derniers événements terroristes. Il en résulte que cette double appartenance est difficile à gérer aujourd'hui plus qu'hier. Et le responsable d'ajouter que la sécularité de la France est celle-là même qui a permis aux musulmans de vivre leur religion dans ce pays. Pour Khalid Essamadi, conseiller du chef de gouvernement, la polarisation des identités porte préjudice au droit à la différence. Selon lui, la reconnaissance de l'autre est essentielle dans tout processus de dialogue. «La défense des valeurs est importante, mais c'est la manière qui change et conditionne toute relation à l'autre. Il faut avoir les outils et une culture du dialogue chez les jeunes des pays d'accueil». Enfin, la question d'encouragement de l'investissement reste posée avec acuité. Nos MRE souhaitent investir au Maroc dans les meilleures conditions. À cet égart, le ministère de tutelle et certains établissements bancaires ont organisé plusieurs rencontres et conférences pour présenter à la diaspora les différents outils de soutien administratifs et les moyens de financement proposés par les banques. «Encore faut-il que les projets présentés requièrent sérieux et fiabilité pour une meilleure faisabilité», nous confie le directeur central d'une banque de la place. L'investissement, parent pauvre des transferts. Avec seulement 7,7% des transferts de fonds effectués par la communauté marocaine à l'étranger affectés à l'investissement, la question du rôle économique de la diaspora mérite réflexion. Selon un récent rapport du Fonds international de développement agricole de l'ONU, le Maroc figure à la troisième place en termes de transfert d'argent de ses ressortissants après le Nigeria et l'Egypte. Sans surprise, les Marocains de l'Hexagone occupent toujours la première place avec un transfert, en 2014, de 2 milliards de dollars, suivis des Marocains d'Espagne, avec 1,7 milliard de dollars et ceux d'Italie avec 959 millions de dollars. Cela se motive par la forte présence des Marocains en France, principal foyer de l'immigration marocaine qui, désormais, accueille de plus en plus de migrants qualifiés. Il n'en reste pas moins que l'investissement ne trouve pas encore sa vitesse de croisière pour des raisons de faible accompagnement. Mais les transferts jouent incontestablement un rôle social avéré et ont contribué à booster l'immobilier.