La commission mixte des professionnels de la pêche maroco-espagnole vient de tenir une réunion à Tanger. Au menu des échanges figuraient les voies et moyens de coordonner les actions afin de garantir la durabilité des ressources halieutiques dans la zone méditerranéenne. La ville du détroit a abrité, mardi dernier, une réunion de la commission mixte maroco-espagnole des professionnels de la pêche. Celle-ci s'est déroulée en présence du ministre de l'Agriculture et de la pêche maritime, Aziz Akhannouch, et du secrétaire général du ministère de l'Agriculture, de l'alimentation et de l'environnement espagnol, Andrés Hermida Trastoy. Au menu des échanges de cette rencontre de haut niveau figurait l'examen des voies et moyens devant permettre aux professionnels du secteur des deux pays de coordonner leurs efforts en vue de défendre leurs intérêts communs, dans le sillage de la mise en œuvre du protocole d'accord Maroc-UE, lequel est entré en vigueur le 15 juillet 2014. L'occasion pour les responsables gouvernementaux de faire sur la coopération bilatérale entre le Maroc et l'Espagne. Modèle exemplaire de coopération Pour le ministre marocain, qui a mis en relief la consistance des relations maroco-espagnoles, «le protocole d'accord de pêche Maroc-UE constitue un modèle exemplaire de coopération et un instrument pour le renforcement des relations de proximité et de bon voisinage avec ce partenaire communautaire». Il a également relevé que cette rencontre, qui n'est pas la première du genre, est une opportunité pour les professionnels des deux pays. Le secrétaire général du ministère espagnol en charge de l'Agriculture et de l'environnement s'est inscrit dans la même logique, insistant sur l'ampleur des relations bilatérales, notamment dans les domaines de l'agriculture et de la pêche maritime ainsi que les perspectives prometteuses qu'offre ce partenariat stratégique entre les deux pays. L'Espagne est, en effet, le premier client des produits de la pêche marocains, avec une part de 29% de la valeur des exportations en 2015, ce qui correspond en valeur à près de 500 millions d'euros, constituant ainsi le premier marché pour les semi-conserves d'anchois, les céphalopodes et poisson congelés et les produits frais. C'est, du reste, pour ces raisons qu'Andrés Hermida Trastoy a exhorté les investisseurs espagnols à tirer pleinement profit des opportunités d'affaires qu'offre le Maroc suite au lancement de plusieurs chantiers de développement sectoriel, comme c'est le cas pour le secteur de la pêche. Il s'est par la même occasion réjoui du retour des navires de pêche de l'Espagne et des autres pays de l'UE dans les eaux maritimes marocaines à la suite de la signature du Protocole en matière de pêche, lequel fixe également les conditions de l'utilisation conjointe et de la gestion des ressources halieutiques. Actuellement, 60 à 80 navires de pêches européens mènent leurs activités dans les eaux marocaines, conformément aux termes de l'accord conclu entre les deux parties. Préservation des ressources L'enjeu principal de cette rencontre entre les professionnels marocains et espagnols du secteur de la pêche est la préservation des ressources halieutiques dans le bassin méditerranéen. Les échanges ont ainsi été axés sur la coordination des actions afin de déterminer les conditions de l'utilisation conjointe et de la gestion des ressources halieutiques, conformément aux termes de l'accord de pêche, et ainsi d'identifier les mesures permettant d'assurer la sauvegarde et la pérennité des ressources halieutiques dans la zone. «Le Maroc joue un rôle fondamental dans la préservation et la protection des ressources halieutiques de la Méditerranée», a reconnu Andrés Hermida Trastoy, pour qui il est toutefois important de fédérer les efforts de tous les pays du bassin méditerranéen, pour une gestion efficace, équitable et pérenne des ressources de la pêche. De leur côté, les professionnels du secteur des deux pays se sont engagés, à l'issue de la rencontre, à défendre leurs intérêts communs et à renforcer davantage les mécanismes de coordination de leurs actions afin de «garantir la sauvegarde, la protection et la durabilité des ressources halieutiques dans la zone méditerranéenne en général et les deux pays en particulier». Le président de la Chambre des pêches de la Méditerranée, Youssef Benjelloun, s'est fait le porte-parole des opérateurs des deux rives en rappelant l'enjeu de cette commission mixte dans le renforcement des relations entre le Maroc et l'Espagne, le traitement de plusieurs questions professionnelles et la contribution à la conclusion de plusieurs accords stratégiques. Il convient de noter que la rencontre de la commission mixte a enregistré la participation des responsables de certaines régions du Maroc qui misent beaucoup sur la croissance du secteur de la pêche pour le développement de leurs entités, au niveau desquels le secteur est un pilier stratégique. Le président de la région Dakhla-Oued Eddahab, Ynja Khattat, a par exemple tenu à souligner que «le secteur de la pêche maritime constitue la colonne vertébrale en termes de croissance économique et de création d'emplois dans les provinces du Sud». En attendant la MedCop Climat C'est probablement un hasard du calendrier, mais la tenue de la rencontre de la commission mixte Maroc-Espagne sur les questions de la sauvegarde des ressources halieutiques s'est déroulée à quelques jours de la tenue du Forum méditerranéen pour le climat (MedCop Climat). Pour le président de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, Ilyas El Omari, l'événement qui se tiendra les 18 et 19 juillet à Tanger, en prélude à la COP 22 de novembre prochain à Marrakech, «constitue une occasion pour fédérer les efforts des pays du pourtour méditerranéen autour de la cause climatique». Il sera en effet question des mécanismes permettant d'atténuer les effets des changements climatiques, qui menacent les systèmes écologiques à travers le monde en général et dans la région méditerranéenne en particulier. «Le Maroc et l'Espagne sont appelés à unir leurs efforts à même de favoriser l'équité et la durabilité dans la gestion de leurs ressources halieutiques», a plaidé El Omari.