En 2015, cinq fois plus de startups ont été créées au Maroc comparé à 2012. Le pays compte également quatre nouveaux incubateurs et accélérateurs ciblant tout un éventail de marchés spécialisés. On retrouve parmi eux NUMA. L'accélérateur français s'est associé à l'incubateur marocain Eiréné4Impact pour apporter au pays tout un réseau de mentors internationaux et encourager la collaboration et l'innovation. Cette co-entreprise, qui est le premier incubateur généraliste au Maroc, a vu le jour en janvier dernier. Développer l'écosystème Parmi les programmes lancés l'année dernière figurent : l'incubateur Dare Inc, fondé par le Centre Marocain pour l'innovation et l'entrepreneuriat social (MCISE), l'Espace Bidaya (un incubateur développé par l'acteur français Le Comptoir de l'Innovation) et le Cluster Solaire, spécialiste des technologies vertes. D'autres pourraient également voir le jour. L'accélérateur Flat6Labs, basé au Caire et spécialiste du financement et de l'accompagnement de startups dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, chercherait en effet à s'implanter au Maroc. «Le Maroc offre un grand potentiel en tant que prochain puissant centre pour les startups dans la région», avait déclaré en septembre dernier Ramez Mohamed, PDG de Flat6Labs, lors d'une conférence dédiée aux startups. Pour que ce marché réalise son plein potentiel, a-t-il relevé, les secteurs public et privé devront travailler ensemble à l'identification des meilleures startups ainsi qu'au financement, au soutien et à l'exposition dont elles ont besoin. Mehdi Alaoui a fondé ScreenDy, une entreprise informatique marocaine qui propose une plate-forme cloud de développement d'applications mobiles sur plusieurs plate-formes. Pour lui, le développement des applications affiche un grand potentiel de croissance, car il n'exige pas beaucoup de capital. «On compte dans le monde 35 millions de développeurs, mais seulement 3 millions font des applications, a-t-il déclaré à OBG. La demande est actuellement cinq fois supérieure à l'offre. Alors que le marché mondial des applications devrait selon les estimations passer de 100 milliards de dollars aujourd'hui à 500 milliards de dollars d'ici à 2020, le développement d'applications constitue l'un des segments les plus porteurs du secteur informatique». À la recherche de fonds supplémentaires Le gouvernement joue un rôle important dans le déblocage de soutiens financiers, mais tel qu'observé sur d'autres marchés des startups en pleine effervescence, l'accès au financement reste un point d'achoppement pour les jeunes entreprises. Le Maroc Numeric Fund (MNF), créé par la Caisse de Dépôt et de Gestion Maroc (organisme public) en coopération avec trois des plus grandes banques du pays – la Banque Centrale Populaire, la Banque Marocaine du Commerce Extérieur et l'Attijariwafa Bank – est actuellement le seul investisseur de capital-risque présent sur le marché marocain des startups. Et seule une poignée d'entités, parmi lesquelles Réseau Entreprendre Maroc (REM) et Eiréné4Impact, offre des financements d'amorçage. Créé en 2009 avec une valorisation s'élevant à 100 millions de DH (9,2 millions d'euros), le MNF investit entre 1 million (108.000 euros) et 4 millions de DH (435.000 euros) dans les startups informatiques, avec la possibilité d'une enveloppe supplémentaire en échange de prises de positions dans l'actionnariat des sociétés bénéficiaires. De 2010 à juin 2015, le MNF a investi dans 13 startups locales, mais tel que l'explique Omar El Hyani, directeur de l'investissement au MNF, ces investissements sont dans une grande mesure restés tributaires des ventes enregistrées par les startups. De son côté, le REM octroie des «prêts d'honneur» à hauteur de 10.000 dollars, assortis de conditions avantageuses de remboursement et de taux d'intérêt faibles, voire à 0 %. Quant à Eiréné4Impact, il offre des financements d'amorçage allant jusqu'à 150 000 dollars, selon les médias locaux. Fondé en 2012, le MCISE (organisme à but non-lucratif) fournit également financement et accompagnement aux jeunes entreprises, notamment dans l'informatique. Il offre à la fois prêts et subventions. Les entreprises en phase initiale peuvent ainsi bénéficier de prêts à taux zéro qui couvrent entre 50 et 90 % de leurs dépenses, et allant jusqu'à 4 millions de DH (365.570 euros). Parallèlement, la branche entrepreneuriat de l'OCP, organisme public parmi les plus dynamiques du pays dans la promotion des startups, œuvre à séduire le secteur privé via son réseau OCP Entrepreneurship Network, fondé fin 2013. Ce réseau accompagne les entrepreneurs et les met en contact avec des chefs d'entreprise. Selon son rapport annuel de 2015, il a aidé à la création de quelque 600 emplois au cours de ses deux premières années d'existence, en soutenant 577 entreprises et en formant près de 9.660 entrepreneurs. Selon Mehdi Alaoui, le soutien financier apporté par l'Etat a été un véritable catalyseur pour l'industrie des startups locales. Mais pour véritablement stimuler l'investissement privé et encourager les jeunes entrepreneurs, il estime qu'il faudra plus d'incitations financières. «Nous avons besoin d'incitations fiscales visant à stimuler l'investissement des particuliers dans les startups au Maroc», a-t-il déclaré à OBG. «En dépit de la croissance des associations, il y a 250 startups au Maroc, contre 2 500 en France et 14.500 aux Etats-Unis» a-t-il ajouté, soulignant ainsi le potentiel de croissance de cette industrie. Par Oxford business * Cette mise à jour économique portant sur le Maroc a été rédigée par Oxford Business.