Les Startups sont un marché qui se développe rapidement au Maroc. Tel est, en tout cas, le constat d'Oxford Business Group, un cabinet d'intelligence économique basé à Londres, livré dans une note d'information intitulée : « Startups au Maroc : une industrie en pleine évolution ». En 2015, cinq fois plus de startups ont été créées au Maroc comparé à 2012. Le pays compte également quatre nouveaux incubateurs et accélérateurs ciblant tout un éventail de marchés spécialisés, selon OBG. Parmi eux, figure NUMA, un accélérateur français qui s'est associé à l'incubateur marocain Eiréné4Impact,en janvier 2016, pour apporter au pays tout un réseau de mentors internationaux et encourager la collaboration et l'innovation. Parmi les programmes lancés l'année dernière figurent l'incubateur Dare Inc, fondé par le Centre Marocain pour l'Innovation et l'Entrepreneuriat social (MCISE), l'Espace Bidaya (un incubateur développé par l'acteur français Le Comptoir de l'Innovation) et le Cluster Solaire, spécialiste des technologies vertes. D'autres pourraient également voir le jour. L'accélérateur Flat6Labs, basé au Caire et spécialiste du financement et de l'accompagnement de startups dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, chercherait en effet à s'implanter au Maroc. « Le Maroc offre un grand potentiel en tant que prochain puissant centre pour les startups dans la région », a déclaré en septembre dernier Ramez Mohamed, PDG de Flat6Labs, lors d'une conférence dédiée aux startups. Pour que ce marché réalise son plein potentiel, a-t-il relevé, les secteurs public et privé devront travailler ensemble à l'identification des meilleures startups ainsi qu'au financement, au soutien et à l'exposition dont elles ont besoin. Mehdi Alaoui, cité lui-aussi par OBG, a fondé ScreenDy, une entreprise informatique marocaine qui propose une plate-forme cloud de développement d'applications mobiles sur plusieurs plate-formes. Pour lui, le développement des applications affiche un grand potentiel de croissance, car il n'exige pas beaucoup de capital. « On compte dans le monde 35 millions de développeurs, mais seulement 3 millions font des applications, a-t-il déclaré à OBG. La demande est actuellement cinq fois supérieure à l'offre. Alors que le marché mondial des applications devrait selon les estimations passer de 100 milliards de dollars aujourd'hui à 500 milliards de dollars d'ici à 2020, le développement d'applications constitue l'un des segments les plus porteurs du secteur informatique. » MNF, seul investisseur de capital-risque En dépit de cette performance que connait cette industrie, des défis restent encore à relever, dont l'accès au financement qui demeure un point d'achoppement pour les jeunes entreprises. Le Maroc Numeric Fund (MNF), créé par la Caisse de Dépôt et de Gestion en coopération avec trois des plus grandes banques du pays – la Banque Centrale Populaire, la Banque Marocaine du Commerce Extérieur et l'Attijariwafa Bank – est actuellement le seul investisseur de capital-risque présent sur le marché marocain des startups. Et seule une poignée d'entités, parmi lesquelles Réseau Entreprendre Maroc (REM) et Eiréné4Impact, offre des financements d'amorçage, affirme OGB. Créé en 2009 avec une valorisation s'élevant à 100 millions de dirhams (9,2 millions d'euros), le MNF investit entre 1 million (108 000 euros) et 4 millions de dirhams (435 000 euros) dans les startups informatiques, avec la possibilité d'une enveloppe supplémentaire en échange de prises de positions dans l'actionnariat des sociétés bénéficiaires. De 2010 à juin 2015, le MNF a investi dans 13 startups locales, mais tel que l'explique Omar El Hyani, directeur de l'investissement au MNF, ces investissements sont dans une grande mesure restés tributaires des ventes enregistrées par les startups. De son côté, leRéseau Entreprendre Maroc octroie des « prêts d'honneur » à hauteur de 10 000 dollars, assortis de conditions avantageuses de remboursement et de taux d'intérêt faibles, voire à 0 %. Quant à Eiréné4Impact, il offre des financements d'amorçage allant jusqu'à 150 000 dollars, selon les médias locaux. Fondé en 2012, le MCISE (organisme à but non-lucratif) fournit, lui-ausii, financement et accompagnement aux jeunes entreprises, notamment dans l'informatique. Il offre à la fois prêts et subventions. Les entreprises en phase initiale peuvent ainsi bénéficier de prêts à taux zéro qui couvrent entre 50 et 90 % de leurs dépenses, et allant jusqu'à 4 millions de dirhams (365 570 euros). Parallèlement, la branche entrepreneuriat de l'Office Chérifien des Phosphates (OCP), organisme public parmi les plus dynamiques du pays dans la promotion des startups, œuvre à séduire le secteur privé via son réseau OCP Entrepreneurship Network, fondé fin 2013. Ce réseau accompagne les entrepreneurs et les met en contact avec des chefs d'entreprise. Selon son rapport annuel de 2015, il a aidé à la création de quelque 600 emplois au cours de ses deux premières années d'existence, en soutenant 577 entreprises et en formant près de 9 660 entrepreneurs. Selon M. Alaoui, le soutien financier apporté par l'Etat a été un véritable catalyseur pour l'industrie des startups locales. Mais pour véritablement stimuler l'investissement privé et encourager les jeunes entrepreneurs, il estime qu'il faudra plus d'incitations financières. « Nous avons besoin d'incitations fiscales visant à stimuler l'investissement des particuliers dans les startups au Maroc », a-t-il déclaré à OBG. « En dépit de la croissance des associations, il y a 250 startups au Maroc, contre 2 500 en France et 14 500 aux Etats-Unis » a-t-il ajouté. La définition qu'on donne souvent au startup, c'est qu'il est un mot anglais d'origine américaine, ellipse de startup company. Il est composé de start (commencer, en anglais) et d'up, notion de hauteur, d'élévation. Il s'agit donc littéralement d'une « société qui démarre ». La startup (ou jeune pousse) est une jeune entreprise innovante à fort potentiel de croissance qui fait souvent l'objet de levées de fonds. On parle également de startup pour une entreprise en construction qui n'est pas encore lancée sur le marché commercial (ou seulement à titre expérimental). Elle est en phase plus ou moins longue de développement d'un produit, de test d'une idée, de validation d'une technologie ou d'un modèle économique. Le risque d'échec est supérieur à celui des entreprises traditionnelles du fait des petites tailles et du manque de visibilité de ces structures.