Hatim Bensalha : Un rappeur au cinéma Rappeur engagé, animateur invétéré, acteur épuré et artiste dans l'âme tout court, Hatim Bensalha, que tout le monde connaît sous le nom de Hatim H-Kayne est un véritable caméléon. Doté d'une énergie débordante, ce musicien solaire enchaîne les projets et les aventures. Il ne recule devant rien surtout quand il s'agit de l'art. Chronique d'un passionné. «Tu ne m'as pas vu venir, moi, j'arrive sans prévenir, appelez-moi l'avenir», aurait pu être tout à fait «normal», comme résumé de vie pour Hatim Bensalha, alias Hatim d'un des groupes qui a marqué la nouvelle scène marocaine : H- Kayne. Mais non ! Lui, son avenir, il l'a vraiment vu venir, il l'a senti, il l'a voulu, il l'a rêvé. Artiste dans l'âme depuis toujours, le natif de Meknès a puisé dans l'amour inconditionnel du cinéma de son père et s'est essayé dessinateur, poète, artiste de cirque avant de tomber en amour pour la musique, pour le rap. «J'ai toujours voulu être sur scène. J'ai commencé avec la magie. Je préparais des tours de magie que je présentais à ma famille. Je devais avoir 11 ou 12 ans. J'adorais les applaudissements. Alors que je suis assez introverti, je me sentais bien sur scène. Mes premiers souvenirs avec la musique, c'est un ancien vinyle de mon père: des classiques français et des 33 tours de Tagada, Lamchaheb et Nass El Ghiwane», confie l'artiste qui avoue que la chanson du groupe marocain Tagada «Ahc Kayne, I3lam Allah ach Kayne» a donné naissance au nom du groupe qui changera sa vie. «Ma première rencontre avec la chanson, c'est avec le rap français, les premiers albums d'IAM et de NTM. Je n'avais pas une voix de chanteur, mais avec le rap, je pouvais, en apprenant les paroles, suivre et refaire la même chose. J'aimais les mots et les rimes», continue le rappeur qui se distingue par sa voix justement. On le reconnaît entre mille. Doté d'une forte personnalité qui se ressent à travers les mots et les «maux» qu'il choisit pour écrire ses chansons, Hatim Bensalha a le rythme, le groove, le flow, et une fluidité déconcertante. Ce n'est pas pour rien qu'il fait partie d'un groupe devenu mythique pour toute une génération. En 1996, il crée H-Kayne avec ses amis d'enfance : Adil, Azeddine et Otmane et continue à écrire l'histoire de la nouvelle scène marocaine. «J'ai rêvé de tout ça, je l'ai imaginé. Content et très fier d'être toujours réunis, de créer même si chacun fait sa vie et construit son chemin. Je n'ai jamais imaginé qu'on aurait un tel impact. J'avais imaginé le début du film oui, mais la suite m'a échappé et continue de me surprendre...», confie celui qui se faisait appeler HB2 et qui foule, pour la première fois, le sol de la scène avec son groupe en 1996. Après 4 ans de représentations, un album naît : «1 Son 2 Bled'Art». C'est en 2003, que H-Kayne est révélé comme le meilleur groupe de rap-hip hop au Boulevard des jeunes musiciens de Casablanca. L'aventure commence et des titres emblématiques comme Issawa Style, deviennent contagieux. Les opus HK 1426 en 2005 et H-Kaynology en 2009 suivent, le groupe continue à évoluer ensemble et séparément. Hatim sort d'ailleurs plusieurs singles qui se démarquent comme «Ça c'est normal» et «Lune de miel», entre autres. D'aventure en aventure, celui qui est toujours partant pour une nouvelle aventure, écrit les premières pages d'un nouveau chapitre de sa vie. Il vient de tourner dans un court-métrage, où il a le rôle principal. Il joue dans «Proje-T» de Khalid Douach, un projet engagé. «Je n'ai pas hésité une seconde. J'ai confiance en Khalid Douache, avec qui j'ai déjà tourné plusieurs clips. C'est un gars très créatif ! Il avait pensé à quelqu'un d'autre pour ce rôle et à la dernière minute l'acteur l'a lâché. Il a alors pensé à moi. C'était un rêve d'enfant ! J'ai toujours eu envie de voir ma tête au cinéma au moins une fois dans ma vie. C'est mon père qui m'a transmis cet amour pour le cinéma. C'est une façon de lui rendre hommage et de lui dire que j'ai réalisé un rêve à tous les deux, quelque part», confie Hatim qui montre une facette que l'on n'attendait pas de lui. En effet, le rôle n'est pas facile, il passe par une palette d'émotions assez complète et le rappeur s'en sort aisément, il est comme un poisson dans l'eau ! «C'est différent de la musique, du clip, c'est à plus grande échelle ! Quand on tourne un clip, l'équipe est plus réduite et il n'y a pas autant de changements de décors, de mouvements, de discipline. Lorsque l'on tourne un clip, il y a un côté détente, divertissement. Alors que là, on sent la pression derrière. C'est un rythme militaire. Les machinistes et l'équipe ont l'habitude de travailler avec de grands acteurs, j'avais cette pression sur les épaules d'être au niveau sinon mieux. Je ne voulais pas décevoir». Et il ne déçoit pas. Toujours juste et précis, il livre une prestation intéressante et très sincère. «La musique m'a servi. Tout part de l'émotion, du ressenti. Ça s'est passé tellement naturellement. Je me suis concentré sur le personnage, sur sa personnalité. Et être confronté à 80.000 personnes sur scène, te rend forcément plus à l'aise avec cet environnement. L'idée, c'est d'être concentré, de rester dans sa bulle et de donner».