En plus d'avoir perdu sa place de première économie du continent en termes de PIB, l'Afrique du Sud est à nouveau menacée de récession. La mauvaise forme du secteur minier et la sécheresse en sont les principaux facteurs. En 2016 aussi, la croissance sud-africaine va poursuivre sa tendance baissière. Désormais, les dernières prévisions économiques tablent même sur une probable récession. En effet, lors du premier trimestre, le PIB a enregistré un recul de -1,2%, faisant craindre des «perspectives sombres» pour le reste de l'année. Globalement, la production industrielle devrait demeurer handicapée par les problèmes persistants d'approvisionnement en énergie et les prix bas des produits miniers. L'agriculture, très touchée par la sécheresse en 2015, pourrait à nouveau souffrir des conséquences d'El Niño en 2016. L'activité des services (finance, commerce) plus porteuse que celle des autres secteurs ne suffira pas à soutenir la croissance. Manque de dynamisme La consommation des ménages devrait être freinée par l'endettement, l'inflation élevée ainsi que la quasi-stagnation des salaires et des dépenses sociales. L'investissement privé devrait rester faible, contraint par le niveau des taux d'intérêt (relevé à 6,25 % en novembre 2015), le manque de dynamisme de la demande (interne et externe) et des marges réduites, notamment par le renchérissement des intrants lié à la dépréciation du rand. En revanche, le gouvernement devrait poursuivre ses projets d'infrastructures. Enfin, les exportations devraient être peu soutenues compte tenu de la faiblesse de la demande, limitant leur contribution à la croissance. Dépréciation du rand L'inflation, relativement modérée en 2015 pourrait accélérer en 2016. La hausse des tarifs de l'électricité, des prix des biens alimentaires (conséquence de la sécheresse) comme de différents produits taxés plus lourdement (boissons, carburants, tabac...) mais aussi la dépréciation persistante du rand face au dollar devraient, malgré les bas prix du pétrole, accentuer les pressions inflationnistes. La modération de la demande interne et une politique monétaire stricte pourraient cependant éviter le dépassement du plafond fixé par la Banque centrale (6%). Le gouvernement sud-africain souhaite maîtriser son déficit budgétaire et stabiliser son endettement afin d'éviter une nouvelle dégradation de sa notation par les agences, qui pourrait le priver de son «investment grade». Le défi est de taille compte tenu de la faiblesse de l'activité qui pèse sur les recettes fiscales. De nouvelles hausses d'impôts, après celle de 2015 (sur les revenus) sont prévues dans le projet de budget annoncé en février 2016. Des économies pourraient provenir du gel des salaires de la fonction publique. Privatisation Toutefois, les engagements de dépenses d'infrastructure pourront difficilement être revus, en raison des immenses besoins du pays (production d'électricité) et la charge de remboursement de la dette s'accroît. Le soutien de certaines entreprises publiques, dont la situation financière est fragile (Eskom) pourrait également peser sur les finances publiques, même si une partie des dépenses devrait être financée par la vente de participations de l'Etat (dans Vodacom par exemple). La dette de ces compagnies alourdira la dette publique déjà élevée, dont la structure (essentiellement locale et à long terme) atténue toutefois le risque de surendettement. Fiche pays Afrique du Sud Taille 54 millions d'habitants Monnaie Rand PIB/Hbt 6.483 dollars Croissance 1,3% (2015p.), 0,6% (2016p.) Région économique SADC Note Coface B Doing business 2015 73e/189 Environnement des affaires dégradé Malgré une victoire confortable de l'ANC aux élections de mai 2014, des incertitudes continuent à peser sur l'évolution politique et sociale du pays. L'autorité du président Jacob Zuma semble de plus en plus contestée, après les accusations de détournement de fonds publics ainsi que le limogeage du ministre des Finances et les hésitations pour son remplacement fin 2015. L'absence persistante de réponse aux attentes de la population en matière de lutte contre le chômage, la pauvreté et la corruption, demeure une source d'instabilité sociale. Les grèves et les manifestations, qui concernaient surtout le secteur industriel (mines, métallurgie...), s'étendent (étudiants en octobre 2015) témoignant d'une généralisation du mécontentement. L'Afrique du Sud dispose de systèmes juridique et financier modernes et son classement selon certains indicateurs de la Banque mondiale en matière de gouvernance (respect des lois, liberté politique) tend à s'améliorer. Le manque de qualification de la main-d'œuvre, la criminalité et la corruption handicapent toutefois l'environnement des affaires.