À l'issue d'un débat constructif et sans langue de bois qui a duré plusieurs heures, des recommandations et pistes d'amélioration ont émergé pour remédier aux dysfonctionnements dont souffre la région. Tour d'horizon. Désenclaver la région Création du nouveau découpage territorial, Drâa-Tafilalet souffre d'un enclavement handicapant. La mise en place d'une politique d'accessibilité routière et aérienne est donc une priorité pour lier la région aux autres centres urbains. Plusieurs opérateurs, touristiques en particulier, ont exigé l'extension des aéroports d'Errachidia et de Ouarzazate pour accompagner le développement de la région. Les liaisons aériennes sont également jugées insuffisantes. Sur ce registre, le conseil régional, le ministère de l'Equipement et Royal air Maroc (RAM) travaillent sur une convention pour la liaison des trois aéroports de la région (Errachidia, Ouarzazate et Zagora) avec Marrakech. Un coup de pouce pour améliorer l'attractivité de la région. Gérer le foncier avec transparence La mobilisation du foncier est un enjeu capital pour Drâa-Tafilalet. «C'est un préalable pour la mise en place de toute stratégie de développement», indique un des intervenants. Plusieurs investisseurs ont dénoncé la gestion opaque de ce dossier, pointant du doigt des lobbies qui veulent mettre la main sur le foncier de la région. «Ce dossier est très compliqué et nécessite l'implication de plusieurs administrations, chacune selon son champ d'intervention», indique Abdallah Sghiri, vice-président du conseil régional. Créer des zones industrielles C'est une infrastructure qui manque cruellement à la région. Et ce sont les investisseurs qui en font les frais. «Notre projet de 5 MDH a fait faillite parce que nous n'avions pas les équipements et les conditions de conditionnement nécessaires à nos produits. Malheureusement, les conditions de l'investissement ne sont pas encore réunies», témoigne avec amertume Moulay Elhassan Belfquih, un jeune investisseur. Le vice-président de la CGEM régionale, Hassani Rachidi, est revenu à la charge dans son allocution, insistant sur la nécessité de mettre en place des infrastructures industrielles. Une fiscalité adaptée à la région «La région a besoin d'attirer des investisseurs. Mais quels sont les avantages que nous leur offrons ?», s'interroge le président du conseil provincial de la région. Pour lui, on ne peut mettre les investisseurs de Casablanca et Drâa-Tafilalet sur un pied d'égalité et leur appliquer les mêmes barèmes d'impôt. «Il faut leur accorder des avantages fiscaux aux opérateurs régionaux. C'est une condition sine qua non pour attirer des investisseurs», poursuit-il. Impliquer davantage le FEC et les banques Pour Abdallah Sghiri, il faut revoir le rôle du Fonds d'équipement communal (FEC) et élargir ses missions. «Le fonds octroie des prêts aux communes pour la réalisation des infrastructures de base. Il faut qu'il soit aussi un prêteur pour des investissements auxquels participent les conseils territoriaux», estime le vice-président du conseil régional. Cette réflexion a tendu la perche aux investisseurs locaux pour évoquer la question du financement. Plusieurs intervenants estiment en effet que les établissements bancaires doivent s'impliquer davantage dans l'accompagnement des investisseurs. Plus de promotion touristique Désert, dunes, oasis... Draâ-Tafilalet dispose d'un potentiel touristique énorme. Mais la destination souffre d'un déficit de marketing et de promotion qui la pénalise. Certes, il y a la question des liaisons aériennes et le prix des vols qui se pose avec acuité. Mais Driss Aït Taleb, secrétaire général du Conseil provincial du tourisme à Errachidia, est catégorique: «Avec un peu plus de promotion, la région peut facilement doubler le nombre de ses visiteurs. Les sites touristiques ne manquent pas, la capacité d'accueil s'est beaucoup améliorée, il suffit donc de vendre la destination, aussi bien en interne qu'à l'étranger». Adapter la formation aux besoins de la région Les secteurs phares de l'économie de Drâa-Tafilalet sont connus : agriculture, énergie, mines, artisanat... Et pourtant, les opérateurs économiques trouvent beaucoup de difficultés à trouver la main-d'œuvre qualifiée dans ces domaines. Pour remédier à cette situation, le représentant de la Chambre de commerce, d'industrie et des services a appelé les pouvoirs publics (ministère, ANAPEC, instituts de formation) à prendre en compte les spécificités économiques de la région. Cela est de nature à faciliter la tâche des recruteurs et à résorber le chômage au niveau de la région. Promouvoir l'industrie culturelle Les intervenants se sont arrêtés sur un paradoxe : comment une ville comme Ouarzazate, destination de choix des productions cinématographiques étrangères, ne dispose pas d'un festival de cinéma ? Une aberration qui en dit long sur la négligence de cette niche qui peut constituer une vitrine pour toute la région et promouvoir ses potentialités, notamment touristiques. L'industrie culturelle demeure le parent pauvre, dans la région.