Issue du nouveau découpage territorial, Drâa-Tafilalet est une région où tout reste à faire. Infrastructures, routes, liaisons aériennes...Un coup d'accélérateur est nécessaire pour mettre cette région sur les rails du développement. Le nouveau découpage territorial a donné naissance à une nouvelle région : Drâa-Tafilalet. Un nouveau conglomérat puisque Drâa appartenait dans l'ancienne organisation administrative à la région Souss-Massa, tandis que Tafilalet relevait précédemment de la région de Meknès. Pour la Commission consultative de la régionalisation, «les associations précédentes dans un même ensemble entre des zones trop inégales n'ont pas été génératrices d'avantages tangibles (à l'image du Tafilalet, vu comme une annexe lointaine du Saiss et des régions du Dra'a qui n'ont pas de raison d'être rattachées au Souss)». L'idée donc est de créer une nouvelle région avec des composantes qui ont les mêmes atouts et font face aux mêmes difficultés pour enclencher une dynamique de développement. Le résultat est une région de taille moyenne qui s'étale sur 132.167 km2, abrite 1.392.501 habitants et regroupe les villes de Ouarzazate, Midelt, Tinghir, Zagora avec Errachidia comme chef-lieu. Déjà les défis sont nombreux, la région faisant face à de nombreux défis. Désenclavement «La région Drâa-Tafilalet est en effet une région nouvellement créée, ce qui veut dire que sur le terrain, nous n'avons hérité de rien, ni même sur le plan administratif ou encore logistique», expliquait Lahbib Choubani, président du Conseil de la région le 28 février dernier (cf.www.leseco.ma). Pour lui, il faut d'abord désenclaver la région à travers la mise en place d'une politique d'accessibilité routière et aérienne. Sur le plan routier, plusieurs projets sont attendus pour améliorer la connectivité de cette région. Il en est ainsi de la double voie reliant Meknès à Errachidia et Zagora, des routes reliant Ouarzazate à Demnate et Tinghir à Beni Mellal. Certes, ce sont des programmes coûteux sur le plan budgétaire, mais incontournables pour rendre ladite région plus viable. L'exemple le plus édifiant est celui du réaménagement de la «route 9» reliant Ouarzazate à Marrakech. Avec un coût d'1,7 MMDH, la mise à niveau de cette route de 175 km comprend notamment un dédoublement à la sortie de Marrakech et à l'entrée de Ouarzazate, une troisième voie pour les poids lourds sur les sections à fortes pentes et la construction de 18 ouvrages d'art. À terme, ce projet devrait réduire sensiblement les accidents mortels, surtout au niveau du col de Tichka, puis jeter les ponts entre deux pôles touristiques, en l'occurrence Marrakech et Ouarzazate. Sur le plan des liaisons aériennes, le tableau n'a rien de reluisant. Les fréquences aériennes sont en effet jugées insuffisantes par les opérateurs touristiques qui pointent aussi du doigt la cherté des prix, ce qui réduit l'attractivité de la région. Selon Lahbib Choubani, la question fait partie des priorités de son conseil et une solution ne tardera pas à voir le jour. «Nous avons travaillé avec le ministre de l'Equipement et du transport ainsi qu'avec Royal Air Maroc pour la signature d'une nouvelle convention. Elle prévoit la liaison des trois aéroports (Errachidia, Ouarzazate et Zagora) avec Marrakech. Par cette convention, les vols vont couvrir toute la semaine pour Errachidia et Ouarzazate, tandis que pour Zagora, le nombre de vols sera porté à 4. Côté prix, le prix du billet sera de 500 DH au lieu de 600 DH. C'est la région qui va supporter cette différence (100 DH par billet)», a ajouté le président de la région. Investissement L'autre défi que ce dossier inscrit en tête des priorités du Conseil régional est l'investissement. La région regorge d'opportunités d'investissements dans plusieurs secteurs d'activités. Tous les acteurs de la région s'accordent en effet à dire que celle-ci dispose d'une plateforme économique à même de permettre d'enclencher une dynamique de développement et de création de richesses. Tourisme, agriculture oasienne, produits du terroir, mines, cinéma, artisanat...Plusieurs secteurs d'activité peuvent prendre de l'ampleur dans l'économie de la région à condition de les inscrire dans une vision globale qui prenne en considération les spécificités et contraintes de chaque composante. Ainsi, s'agissant de l'agriculture, les opérateurs économiques exigent une valorisation des produits locaux, en particulier ceux du terroir. Erfoud, qui abrite chaque année le Salon international des dattes, peut constituer une plateforme importante à ce niveau. Les ksours et kasbahs de la région, sa richesse culturelle, ses oasis sont d'autres atouts à mettre en avant pour «vendre» la destination aussi bien à l'étranger que sur le plan national. Ceci passe par des pré-requis de base : augmenter la capacité d'accueil de la région, améliorer sa connectivité, investir dans la formation professionnelle pour mettre à sa disposition une main-d'œuvre qualifiée...Autre atout de cette région, le 7e art ! Plusieurs villes de ladite région, Ouarzazate en tête, sont devenues les sites de tournages pour de grandes productions étrangères, favorisant l'émergence d'une industrie qui est en plein essor. L'industrie minière n'est pas en reste et demeure un potentiel sous-exploité. Imider, Imini, Bouaâzer, Bleida...Plusieurs mines de la région regorge de richesses (manganèse, cobalt, argent, nickel, plomb...) peuvent se traduire par des retombées économiques et sociales non négligeables sur la région si elles sont mieux exploiter. Dans tous ces secteurs, le potentiel et les opportunités sont là : il suffit de les valoriser pour attirer les investisseurs.